Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome II.djvu/1048

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
2017
2018
ÉTHIOPIENNE (LANGUE)

Nous verrons cependant plus loin que, pour les noms, l’arabe, comme l’éthiopien, possède la désinence dite casuelle.

PRONOMS SUFFIXES
Après
SINGULIER le nom   le verbe
3e  personne

masculin ሁ ፡
féminin ሃ ፡

hu, de lui, lui.
, d’elle, elle.
2e  personne

masculin ከ ፡
féminin ኪ ፡

ka, de toi, toi.
, de toi, toi.
1re  personne

ajouté au verbe : ኒ ፡ ni,   moi.
ajouté au nom የ ፡ya,   de moi.

Après
PLURIEL le nom   le verbe
3e  personne

masculin ሆሙ ፡
féminin ሆን ፡

hômû, d’eux, eux.
hôn, d’elles, elles.
2e  personne

masculin ክሙ ፡
féminin ክን ፡

kemû, de vous, vous.
ken, de vous, vous.
1re  personne commune : ነ ፡ na,   de nous, nous.

Encore ici, c’est avec les suffixes arabes que les suffixes éthiopiens ont la plus profonde ressemblance. Dans les deux langues aussi les pronoms suffixes ont ceci de particulier que, sauf à la première personne du singulier, ils conservent à peu près constamment la même forme, qu’on les ajoute au verbe ou au nom tant singulier que pluriel.

2o  Le Verbe. — Chez les Sémites, la racine verbale primitive, composée d’ordinaire de trois lettres, peut revêtir, au moyen du redoublement d’une ou de deux consonnes, ou bien par l’adjonction de lettres préfixes, un certain nombre de formes exprimant les variations du sens fondamental. Dans les langues grecque et latine, les voix dites active et passive peuvent donner une idée de cette diversité de forme et de sens que peut prendre un même mot ; mais le nombre de ces formes est beaucoup plus considérable chez les Sémites, et particulièrement en assyrien, en arabe et en éthiopien. — On a coutume, dans l’étude de la conjugaison, de partir de la 3e pers. sing. masc. du parfait, qui nous présente le verbe à son état le plus simple. Les formes les plus ordinaires du verbe éthiopien sont les suivantes ; nous les adaptons à la racine qatal, « il a tué, » qui sert si souvent d’exemple dans les grammaires.

I. Formes simples
1. Fondamentale : ቀተለ ፡ qatala
2. Intensive : ቀተለ ፡ qattala.
3. Affective : ቃተለ ፡ qâtala.
II. Formes causatives
1. Simple : አቅተለ ፡ ’aqetala
2. Intensive : አቀተለ ፡ ’aqattala
3. Affective : አቃተለ ፡ ’aqâtala.
III. Formes réflexives
1. Simple : ተቀትለ ፡ taqatela.
2. Intensive : ተቀተለ ፡ taqattala.
3. Affective : ተቃተለ ፡ taqâtala.
IV. Formes réflexives-causatives
1. Simple : አስተቅተለ ፡ ’asetaqetala.
2. Intensive : አስተቀተለ ፡ ’asetaqettala.
3. Affective : አስተቃተለ ፡ ’asetaqâtala..

Il ne reste plus ensuite qu’à conjuguer chacune de ces formes dans ses différents temps, qui sont le parfait et l’imparfait pour l’indicatif, suivis d’un subjonctif et d’un impératif. — Si de nouveau l’on compare nos formes verbales avec les formes analogues des autres langues sémitiques, on constatera une fois de plus que l’éthiopien se rapproche plus particulièrement de l’arabe.

3o  Le Nom. — 1. Du genre. — Les noms en éthiopien sont du genre masculin ou féminin. Il n’y a pas de forme spéciale pour le neutre. Les noms féminins, substantifs ou adjectifs, sont généralement terminés en , précédé ou non de la voyelle a, donc : at ou t.

2. Du nombre. — Pratiquement il n’en existe que deux, le singulier et le pluriel. Comme chez les Arabes, le pluriel est de deux sortes : pluriel interne ou brisé et pluriel externe. Le pluriel interne s’obtient par une modification que l’on fait subir au mot, à peu près de la même manière qu’on a vu plus haut pour les diverses formes verbales. Le même mot peut avoir un nombre considérable de pluriels brisés ; c’est ici pour la langue, non pas une richesse , — la diversité des formes ne modifiant pas le sens du mot, — mais un encombrement. Le pluriel externe se forme par l’adjonction d’une finale, ân pour le pluriel masculin, ât pour le pluriel féminin , par exemple : አብድ ፡ ’abed (insensé), donne au pluriel masculin : አብዳን ፡ ’abedân ; au pluriel féminin : አብዳት ፡ ’abedât. Ce dernier genre de pluriel se trouve dans toutes les langues sémitiques.

3. Désinences casuelles. — L’hébreu, le chaldéen et le syriaque n’ont pas de désinences casuelles ; l’assyrien et l’arabe en possèdent trois, qui correspondent au nominatif, au génitif et à l’accusatif. L’éthiopien n’en a que deux : le nominatif, qui est la forme ordinaire du mot, et l’accusatif qui est en a, sauf dans les mots terminés en ê, ô, â, qui restent invariables, et dans les mots terminés en î, dont l’accusatif est en ê.

4. État construit. — Quand un nom est mis en rapport d’annexion avec un autre nom, comme dans l’exemple classique : liber Petri, les Sémites font subir une modification, non pas au second mot, nomen rectum, comme le font les Latins et les Grecs, mais au premier, nomen regens. L’état de ce mot ainsi modifié est appelé « état construit », par opposition à l’état ordinaire, qui est dit « état absolu ». Les modifications à introduire dans un nom par suite de l’état construit sont déterminées par des lois assez complexes dans quelques-unes des langues sémitiques, notamment en hébreu. En éthiopien, au contraire, comme en arabe, la modification introduite par l’état construit est assez simple ; il suffit de donner au mot la désinence même de l’accusatif, dont nous avons plus haut indiqué les lois.

5. Adjonction des suffixes au nom et au verbe. — Nous avons fait connaître ci-dessus les pronoms personnels dits suffixes. Ils sont ainsi nommés parce qu’ils se soudent au mot qu’ils accompagnent, nom ou verbe. Joint au nom,