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2013
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ÉTHIOPIE — ÉTHIOPIENNE (LANGUE)

E. Schrader, Inschrift Asarhaddon’s, dans Ausgrabungen in Sendschirli (Mittheilungen aus den Orientalischen Sammlungen), Heft, xi, in-f°, 1893, p. 41. Cf. La Bible et les découvertes modernes, 6° édit., t. iv, p. 67-70. Asarhaddon accomplit ainsi complètement les prophéties d’Isaïe, xix, 2-23, contre l’Egypte et l’Ethiopie. — Tharaca essaya bien de reconquérir l’Egypte ; il y réussit même d’abord, mais le fils et successeur d’Asarhaddon, Assurbanipal, battit les Éthiopiens à Kar-Banit. L’infatigable Tharaca reprit l’offensive, lorsque Assurbanipal fut retourné à Ninive. Il était parvenu à s’emparer de Thèbes et de Memphis, quand il fut, dit— on, arrêté par un songe dans sa marche victorieuse, et il revint sur ses pas pour aller mourir en Éthiopie (666 avant J.-C), ibid., p. 79, après un règne de vingt-six ans sur l’Egypte et de près de cinquante sur l’Ethiopie. Voir Tharaca. — La lutte ne cessa pas avec sa mort. Son beaufils, Urdaman, fut proclamé roi à Thèbes et réunit ainsi le sceptre de l’Egypte et de l’Ethiopie. Ce fut pour peu de temps. Assurbanipal, après l’avoir défait dans le Delta, le poursuivit jusqu’à Thèbes, s’empara de cette ville et la saccagea sans pitié. Le prophète Nahum, iii, 8-10, fait allusion à ce désastre et à l’impuissance des forces de Kûs pour l’empêcher. Urdaman s’enfuit jusqu’à Kipkip en Ethiopie (665), et avec lui finit la domination éthiopienne en Egypte. L’empire d’Assurbanipal s’étendit ainsi jusqu’aux frontières de l’Ethiopie. Cf. Judith, i, 9. — Sous la XXVe dynastie, Psammétique I er et Psammétique II firent des incursions en Ethiopie, comme les anciens pharaons. Du temps d’Éphrée (voir ce mot), Nabuchodonosor envahit l’Egypte, à l’exemple des rois d’Assyrie dont il avait conquis l’héritage, et il poussa sa campagne jusqu’aux frontières de l’Ethiopie. Cf. Jer., xlvi, 9 ; Ezech., xxix, 10 ; xxxiv, 5-9 ; Soph., ii, 12 ; Hab., iii, 7. — Après la prise de Babylone par Cyrus, les rois de Perse voulurent à leur tour s’emparer de l’Egypte. Lorsque Cambyse, fils de Cyrus, fit la conquête de ce pays, il conduisit son armée jusqu’à Méroé et, d’après les historiens grecs, lui donna ce nom en mémoire de sa mère (Diodore de Sicile, i, 33), de sa femme ou de sa sœur (Strabon, XVII, i, 5 ; cf. Is. xmi, 3) ; mais la domination perse n’y fut pas durable. Le livre d’Esther, i, 1 ; viii, 9 ; xiii, 1 ; xvi, 1, fait allusion aux conquêtes des Perses, qui s’étendirent jusqu’à l’Ethiopie. — Dans la prophétie de Daniel, xi, 43, les Éthiopiens figurent, comme mercenaires sans doute, ou soldats auxiliaires, de même que II Par., xii, 3 ; Ezech., xxxviii, 5, dans les troupes du roi d’Egypte, que devait vaincre Antiochus IV Épiphane. — Ce pays n’est plus nommé dans l’Écriture qu’à l’occasion de la reine Candace, Act., viii, 27, dont l’eunuque fut converti par saint Philippe, réalisant ainsi la prophétie du Psalmiste, lxvii (lxviii), 32 : « L’Ethiopie (Kûs) s’empresse de tendre ses mains vers Dieu. » Voir aussi Is., xi, 11 ; xliii, 3 ; xlv, 14 ; Soph., iii, 10 ; Ps. lxxi (lxxii), 9 ; lxxxvi (lxxxvii), 4.

F. Vigouroux. ÉTHIOPIEN (hébreu : Kûsi ; Septante : Aieîo^ ; Vulgate : jEthiops), habitant de l’Ethiopie ou originaire de ce pays. Voir Ethiopie. L’Écriture mentionne spécialement la femme éthiopienne de Moïse, Xum., xii, 1 ; voir Éthiopienne ; le roi éthiopien Zara, II Par., xiv, 9 ; l’esclave éthiopien Abdémélech, Jer, , xxxviii, 7 ; et l’eunuque éthiopien de la reine Candace. Act., viii, 17. Voir Zara, Abdémélech, Candace et Eunuque.

    1. ÉTHIOPIENNE##

ÉTHIOPIENNE (FEMME) de Moïse. Il est raconté dans les Nombres, xii, 1, que Marie et Aaroa murmurèrent contre leur frère Moïse à cause de la femme éthiopienne (kûsit) qu’il avait prise. Divers exégètes ont supposé que cette femme n’était pas différente de Séphora, mais comme celle-ci était Madianite, Exod., ii, 16, il est plus vraisemblable que Moïse avait réellement épousé une Éthiopienne. D’après une légende juive, rapportée par Josèphe, Ant. jud., X, ii, 1-2, Moïse aurait fait, pendant qu’il était en Egypte, une campagne contre les Éthiopiens, et se serait marié avec une princesse du pays ; mais le texte hébreu signifie plutôt, Num., xii, 1, que le mariage de Moïse avec une Éthiopienne eut lieu dans le désert et non avant la sortie d’Égypte.

ÉTHIOPIENNE (LANGUE). La langue éthiopienne ou ghe‘ez est aujourd’hui langue morte ; elle a disparu lentement de l’usage à partir du xive siècle, laissant la place à ses deux dérivés : le tigré et le tigriña et aussi à l’amharique. Elle est restée néanmoins la langue sacrée et savante des Abyssins : la Bible est étudiée dans le vieux texte ghe’ez, et toute la liturgie se célèbre dans la même langue. Le nom de « langue éthiopienne » ou de « langue ghe‘ez » lui est donné par les Abyssins, parce qu’eux-mêmes aiment à s’appeler Éthiopiens ou encore ‘Aghe‘âzeyân (pluriel de ’aghe‘âzî, équivalent de ghe‘ez).

Le ghe‘ez appartient incontestablement à la famille des langues dites sémitiques ; il en a tous les caractères essentiels, lexicographiques, morphologiques et syntaxiques. Comparé aux autres langues sémitiques, c’est avec l’arabe qu’il a les rapports les plus intimes.

I. Écriture ghe’ez. — Comme toutes les écritures sémitiques, l’écriture ghe’ez n’eut d’abord que des consonnes, laissant au lecteur le soin de trouver les voyelles. L’alphabet éthiopien compte vingt-six lettres, dont voici la forme, l’ordre et la valeur comparée avec l’arabe et avec notre prononciation française.

Hôy ه h.
Lau ل l.
Ḥauet ح (aspiration forte).
Mây م m.
Sauet س (originai&shy ; rement ش) s (originairement š, qui se prononçait comme ch dans cheval).
Re’es ر r.
Sât س s.
Qâf ق q.
Bêt ب b.
Tau ت t.
Ḥarem خ (aspiration gutturale)
Nahâs ب n.
’Alef ا (esprit doux).
Kâf ك k.
Uauê و u.
‘Ayen ء (esprit rude).
Zay ز z.
Yaman ى y.
Dant د d.
Gamel -(غ) g (dur) ou gh.
Ṭayet ط ṭ.
Payet p.
Ṣaday ص (s emphatique)
Ṣapâ ض (prononcez ts).
’Af ف f.
Pesâ p.