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ÉTIIER — ETHIOPIE


Athach ? On trouve, en effet, parmi les villes auxquelles David envoya des présents après sa victoire sur les Amalécites, une localité mentionnée seulement I Reg., xxx, 30, et appelée Athach (hébreu : ’Atâk). Comme elle est précédée d’Asan, qui est généralement accompagnée d’Éther, Jos., xv, 42 ; xix, 7, on suppose qu’il y a eu changement dans la dernière lettre, et qu’au lieu de’Atâk, il faut lire’Étér ou’Atâr. Mais on peut aussi justement supposer que’Atâk est la vraie leçon. Les versions anciennes, I Reg., xxx, 30, sont, en effet, en faveur du caph final : Codex Alexandrinus, ’A6ây ; paraphrase chaldaïque, ’Afak ; version syriaque, Ta’nak. Le texte des Paralipomènes, avec Tôken, se rapproche davantage de cette forme. Les versions syriaque et arabe mettent même ici’Atken et Adkûn. C’est au moins une conjecture qu’il est permis de signaler.

A. Legendre.

ÉTHI (hébreu : ’Attây ; Septante : ’Efjoî ; Codex Alexandrinus : ’E68et), le sixième des vaillants guerriers gadites, qui se joignirent à David pendant son séjour au delà du Jourdain. I Par., xii, 11.

    1. ETHIOPIE##

ETHIOPIE (hébreu : Kûs ; Septante : À : 9to7tîa ; Vulgate : jEthiopia). Sur le nom hébreu de Kûs, voir Chus, col. 743-745.

I. Géographie. — La Bible hébraïque, les Septante et’la Vulgate emploient, la première le mot géographique Kûs, les deux autres le mot Ethiopie, tantôt dans un sens large, tantôt dans un sens strict. — 1° Dans le sens le plus large, KùsEthiopie désigne la partie de l’Asie où habitèrent d’abord les descendants de Chus le Chamite. Gen., ii, 13. Le chapitre x de la Genèse énumère, y. 7-10, les diverses contrées de l’Asie où s’établirent les Couschites. Les Éthiopiens dont il est question II Par., xxi, 16, et qui étaient voisins des Arabes, sont des Couschites asiatiques, d’après les uns, et, d’après les autres, les Couschites africains qui habitaient à l’ouest du golfe Persique, vis-à-vis de l’Arabie. — Dans tous les autres passages de l’Écriture qui nous parlent de Kùs-Éthiopie, les auteurs sacrés entendent toujours une région de l’Afrique, située au sud de l’Egypte ; mais, même alors, ils donnent à cette expression géographique une acception plus ou moins étendue. — 2° Tantôt ils comprennent dans ce mot, comme le font les monuments égyptiens sous le nom de Kes ou Kas (II. Brugsch, Geographische Inschriften altâgyptisclier Denkmàler, t. ii, 1858, p. 4), les pays que nous appelons aujourd’hui la Nubie, le Sennaar, le Kordofan et l’Abyssinie septentrionale ; mais ils en déterminent avec précision la frontière du nord, qu’ils placent à Syène (Assouan). Ezech., xxix, 10. — L’Ethiopie a été mal connue dans l’antiquité, même des Grecs et des Romains. Cf. Pline, H. N., v, 8, 43 ; Vivien de SaintMartin, Le nord de l’Afrique dans l’antiquité grecque et romaine, in-4°, Paris, 18(53, p. 171. Au delà de l’Ethiopie, dont on ignorait les limites, on supposait qu’il n’y avait plus que des monstres. Vivien de Saint-Martin, ïbid., p. 188-191. — 3° Tantôt et le plus souvent le nom de Kùs-Éthiopie s’applique particulièrement au royaume de Méroé, c’est-à-dire à la région comprise entre l’Astaboras (VAlbara actuel) à l’est, l’Astapus ou Nil Bleu (Balir el-Asrek) au sud-ouest et le Nil à l’ouest, depuis la jonction du Nil Blanc et du Nil Bleu jusqu’à son confluent avec VAlbara. Comme cette région était ainsi entourée de rivières, les anciens l’appelaient une île. Pline, H. N., vi, 35, etc. — Les prophètes font allusion aux cours d’eau qui arrosaient l’Ethiopie, Is., xviii, 1 ; Soph., iii, 10, et la Vulgate, Ps. lxxiii, 14, aux crocodiles qu’on y rencontre ; mais l’hébreu ne nomme pas l’Ethiopie dans ce dernier passage. — La ville de Beroua, appelée par les Grecs Méroé, qui donna son nom au pays, s’élevait sur la rive droite du Nil, non loin de la frontière septentrionale du royaume. On admet assez communément aujourd’hui que c’est le

royaume de Méroé qui est désigné dans les prophètes sous le nom de Sebâ’, Saba, Is., xliii, 3 ; xlv, 14 (Sebâ’im) ; Ps. lxxi (lxxii), 10. Cf. Josèphe, Ant. jud., II, x, 2 ; Strabon, XVI, iv, 8, 10, C’est en confondant le Sebâ’d’Arabie avec le Sebâ’d’Ethiopie, quoique l’orthographe soit différente en hébreu, qu’on a fait de la reine de Saba (Sebâ’), qui visita Salomon, I (III) Reg., x, 1, une reine d’Ethiopie. Cette confusion se trouve déjà dans Josèphe, Ant. jud., VIII, vi, 5. — La reine d’Ethiopie, Candace, dont on lit le nom dans les Actes, vin, 27, était une reine de Méroé. Voir Candace, col. 129-131. — L’ancien royaume de Méroé était célèbre par sa fertilité. Héliodore, /Elhiop., x, 5. Il abondait en pierres précieuses, Job, xxviii, 19 ; en mines d’or, de cuivre, de fer et de sel. Diodore de Sicile, i, 33 ; Strabon, XVII, ii, 2. Il produisait une grande quantité de dattes. On en exportait l’ivoire et l’ébène. Ezech., xxvii, 15. Sa

018. — Captif éthiopien. xx « dynastie. Médinet-Abou. D’après Lepsius, Denkmàler, Abth. III, Bl. 209.

capitale, renommée pour son oracle de Jupiter Ammon, Hérodote, ix, 29, était surtout importante par son commerce. Elle servait d’entrepôt aux caravanes qui y affluaient de toutes parts, de la Libye, de l’Egypte et des ports de la mer Rouge. H. Brugsch, Geographische Inschriften, t. ii, 1858, p. 4. Voir, sur ses ruines, Frd. Cailliaud, Voyage à Méroé, 4 in-8°, Paris, 1826-1827, t. ii, p. 142-175.

La ville de Méroé avait supplanté l’ancienne ville de Napata, qui avait eu ses jours de gloire, principalement à l’époque de la XXVe dynastie égyptienne, et à partir de la XXIIe. Napata, en égyptien Nap, Napi, Napit, était bâtie au pied d’une colline, là où l’on voit aujourd’hui les ruines de Djebel Barkal, sur les bords du Nil, entre la troisième et la quatrième cataractes. Elle existait déjà du temps des Amenhotep et était le cheflieu d’un des nomes de la province égyptienne d’Ethiopie. Lorsqu’elle fut devenue capitale, ses souverains cherchèrent à en faire comme une autre Thèbes, et elle devait plus tard donner des pharaons à l’Egypte elte - même. Un des généraux d’Auguste, Petronius, la ruina pour toujours en la livrant aux flammes. D’après quelques égyptologues, la ville de Napata est nommée dans Isaïe, xix, 13, sous la forme Kôf (Vulgate : Memphis). H. Brugsch, Die Géographie des allen Aegypt, t. i, p. 290 ; Id., Dictionnaire géographique de l’ancienne Egypte, in-f°, 1879-1830, p. 336.

— Les prophètes, qui nous parlent assez souvent des Ethiopiens (fig.618), les décrivent comme des hommes de haute stature, Is., xlv, 14, viri sublimes, etfort redoutables. Is., xvin, 2 ; Jer., xlvi, 9. Hérodote, iii, 2, 114, dit aussi qu’ils « sont les plus grands et les plus beaux des hommes ». Cf. Scylax, Peripl., 112, dans les Geographi grœci minores,