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1996
ÈTAM — ÉTÉ


mêmes œuvres, lorsqu’il dit, dans l’Ecclésiaste, II, 4-6 : « Je me suis fait des choses magnifiques… Je me suis créé des jardins et des vergers, que j’ai remplis de toutes sortes d’arbres ; je me suis construit des réservoirs d’eau pour arroser mes bosquets et mes plantations. » Cette opinion, en tant qu’elle attribue à Salomon l’établissement de jardins à Étam, aujourd’hui’Ourtàs, est du moins d’une très grande probabilité, parce qu’elle s’appuie sur un passage de Josèphe qui peut être considéré comme l’expression de l’antique tradition du peuple juif : « Escorté de ses gardes armés et munis d’arcs, dit cet historien, le roi, monté lui-même sur un char et revêtu d’un manteau blanc, avait coutume, à l’aube naissante, de sortir de Jérusalem. Or il y avait un endroit éloigné de deux schènes de la ville et appelé Étam. Grâce à ses jardins et à l’abondance de ses eaux courantes, ce lieu était à la fois plein de charme et de fertilité. C’est là que Salomon se faisait transporter. » Ant. jud., "VIII, vii, 3. Le Talmud fait déjà remonter la création des œuvres hydrauliques d’Étam au temps de l’établissement du premier Temple. Yoma, 31 b ; Zebahim, 54 b. La nécessité d’y amener des eaux abondantes a dû, en effet, se faire sentir dès le principe, et l’on ne comprendrait pas que Salomon, avec les moyens dont il disposait, n’y eût pas pourvu. Les autres rois de Juda ont pu développer son œuvre ; mais il paraît difficile de faire descendre l’origine de ces travaux jusqu’après la captivité de Babylone. — Roboam, fils et successeur de Salomon, pour se prémunir contre les tentatives du roi d’Israël, fit fortifier en Juda un grand nombre de localités ; Étam fut du nombre. II Par., xi, 6.

— Quelques écrivains ont cru pouvoir attribuer à Ponce Pilate les travaux d"Urtâs. Josèphe raconte, en effet, que ce procurateur provoqua de grands troubles, en s’emparant des fonds du trésor sacré, appelé qorbân, pour conduire des eaux à la ville. Il les avait fait venir d’une distance de quatre cents stades. Ant. jud., XVIII, iii, 2 ; Bell, jud., II, ix, 4. L’historien désigne, selon toute vraisemblance, l’aqueduc de’Arrûb, dont le parcours jusqu’à Jérusalem est de près de soixante kilomètres ou trois cent vingt stades ; mais il peut parler d’une simple restauration. La création de ce canal aurait-elle été l’œuvre de Pilate, il n’en résulterait pas que les piscines et les autres canaux, dont les ruines indiquent une grande différence de structure, fussent de lui. — Les piscines et les aqueducs ont souvent été restaurés dans la suite des temps. Il est difficile de déterminer quelles parties sont de l’œuvre primitive et quelles parties appartiennent aux diverses restaurations. Le canal, qui, il y a quelques années, avait cessé d’amener les eaux d’Ourtâs au jffarâtn es-Ëérif, a été restauré en 1898 et les y conduit de nouveau.

— Voir V. Guérin, La Judée, Paris, 1869, t. iii, p. 104-119 ; Survey of Western Palestine, Memoirs, in-4°, Londres, 1883, p. 43 et 83. L. Heidet.

2. ÉTAM (hébreu : ’Etâm ; Septante : A’/rdtv), village (hébreu : hâsér ; ce qui correspond au douar des Arabes d’Afrique) de la tribu de Siméon (probablement aussijM, ou père = fondateur). 1 Par., iv, 32. Il n’est pas contenu dans la liste parallèle de Josué, xix, 7. Aussi quelques auteurs ontils cru qu’il était mis pour Athar (hébreu : ’Étér ; Septante : ’Iibïo), le troisième nom de cette dernière. Mais dans ce cas il devrait occuper la même place, au lieu de se trouver en tête de la liste : Athar ou Éther, en effet, est, dans Josué, xv, 43 ; xix, 7, placé prés d’Asan. Cf. Keil, Chronik, Leipzig, 1870, p. 70. On l’a aussi à tort confondu avec Étam de Juda, Jos., xv, 60 ( texte grec) ; II Par., xi, 6, qui, cité avec Bethléhem, Coulon, Thécué, etc., était plus haut, dans le district montagneux. Voir Étam 1. Le village de Siméon fait partie d’un groupe qui est déterminé principalement par Remmon, qu’on identifie généralement avec Khirbet Oumm er-Roumàmim, au nord de Bersabée. C’est donc dans ces parages qu’il faudrait le chercher. Voir Aïs 2, t. i, col. 315 ; Asan,

t. i, col. 1055. Conder a proposé de le reconnaître dans Khirbet’Aïtoun, au sud de Beit Djibrin. Cf. Survey of Western Palestine, Memoirs, Londres, 1881-1883, t. iii, p. 261 ; G. Armstrong, W. Wilson et Conder, Names and places in the Old and New Testament, Londres, 1889, p. 62. Il n’est pas sûr que la tribu de Siméon remontât jusque-là. A. Legen’dre.

3. ÉTAM (ROCHER D’) (hébreu : Séla’'Ëtâm ; Septante : IIÉTpa’Htat* ; Vulgate : Silex Etam), rocher situé près d’Etam, dans lequel se trouvait une caverne où Samson s’était réfugié après avoir battu les Philistins. Jud., xv, 8, 11. Ramathléchi était dans le voisinage, probablement au-dessous, au bas de la montagne, non loin de Bethléhem, dans la tribu de Juda. Jud., xv, 8-17. Voir Étam 1, col. 1994.

ÉTANG. La Vulgate rend par le mot stagnum, « étang, » l’hébreu’âgâm, Ps. ovi (hébreu, ovn), 35 ; cxm (cxiv), 8 ; Is., xxxv, 7 ; xli, 18 ; xlii, 15, et le grec litivi), II Mach., xii, 16 ; Luc, v, 1, 2 ; viii, 22, 23, 33 ; Apoc, xix, 20 ; xx, 9, 14, 15 ; xxi, 8. Dans d’autres passages cependant elle a traduit le même terme par paludes, « marais, » Exod., vii, 19 ; viii, 5 (hébreu, 1) ; Is., xiv, 23 ; Jer., li, 32. On trouve dans les Septante les pluriels Xiirm, Ps. ovi, 35 ; cxiii, 8 ; Ht, , Exod., vii, 19 ; viii, 5 ; Is., xxxv, 7 ; xli, 18 ; xlii, 15, et rrjozrni.xza., Jer., li, 32. L’expression hébraïque indique donc d’une façon générale des eaux « stagnantes », où croissent les roseaux, par opposition aux eaux courantes du « torrent », nahal, ou de la « rivière », nâhâr. Elle désigne des bassins naturels, distincts par là même des réservoirs artificiels creusés dans le sol et entourés de murs, comme la « piscine », berêkâh, le birket arabe. L’Écriture du reste, parlant des eaux de l’Egypte, Exod., vii, 19 ; viii, 5, a bien soin de distinguer les’âgammim, « étangs, » des naharôt ou bras du Nil, des ye’ôrim, canaux, et des amas d’eaux laissées par le fleuve, kol rniqvêh mayim, mares et bourbiers. — Dans le Nouveau Testament, la Vulgate a traduit par stagnum le grec)i|x-/r, , « lac, » appliqué justement par saint Luc, v, 1, 2 ; viii, 22, 23, 33, au lac de Tibériade. Voir Vigouroux, Le Nouveau Testament et les découvertes archéologiques, 2e édit., p. 54 ; Id., Les Livres Saints et la critique rationaliste, 4= édit., t. i, p. 182. Nous lisons aussi stagnum Apoc, xix, 20 ; xx, 9, 14, 15 ; xxi, 8, et de là est venue l’habitude de traduire ces passages de saint Jean par « étangs de feu » ; mais « lacs de feu » serait plus exact. — Pour la signification précise et la distinction des termes hébreux qui concernent les eaux, on peut voir Stanley, Sinai and Palestine, Londres, 1866, p. 509-516. — Sur les étangs artificiels et entourés de maçonnerie, destinés à conserver .l’eau des sources, voir Piscine. — Sur les étangs ou vasques de Salomon, voir t. i, col. 798, 799.

A. Legendre.

ETE (qayis, de qûs, « couper, » le temps où l’on coupe la moisson ; Septante : 6spo ;  ; Vulgate : œstas), la saison la plus chaude de l’année dans notre hémisphère boréal. Pour nous elle commence en juin, au solstice, et se termine à l’équinoxe de septembre ; chez les Hébreux cette saison n’était point délimitée avec précision, et le mot qayis désigne en général la saison chaude, celle où l’on coupe les moissons déjà mûries. En Palestine, la température de l’été varie suivant l’altitude. À Jérusalem et dans les régions montagneuses du pays, la moyenne de la température se maintient, du commencement de mai à la fin d’octobre, entre 22° et 26°, avec maximum en juillet. Dans les pays de plaine, la chaleur est beaucoup plus forte et les moissons se font un mois plus tôt qu’à Jérusalem. La vallée du Jourdain a des températures encore plus élevées, à cause de la dépression et de l’encaissement du sol. La moyenne de l’été est de 28° pendant le jour dans la plaine de Génézarelh ; elle va en