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1989
1990
ÉTABLE — ÉTAIN


enferme les troupeaux. C’est le terme dont se sert Homère en parlant de la bergerie des Cyclopes ; la description qu’il en fait convient parfaitement aux bergeries de la Palestine. Odys., ix, 181-185. Les bergers qui gardaient leurs troupeaux la nuit, dans les environs de Bethléhem, Luc, ii, 8, lors de la naissance du Sauveur, devaient les tenir enfermés dans ces sortes de parcs. La description qui va être donnée de ces bergeries orientales fera comprendre les détails de la parabole du bon Pasteur en saint Jean, x, ainsi que ce qui en est dit dans les autres passages des Écritures.

III. Description d’une bergerie en Orient. — La bergerie orientale consiste essentiellement dans un espace enclos, comme l’indiquent la plupart des noms qui lui sont donnés. Ces parcs sont souvent placés près des cavernes, qui abondent en Palestine. Cf. I Reg., xxiv, 14. M. Thomson dit à ce sujet : « J’en ai vu un grand nombre à l’entrée des cavernes ; et, en vérité, il n’y a pas dans le pays une grotte habitable où l’on ne remarque, en avant, un parc ou bercail, enclos en entassant, les unes sur les autres, des pierres détachées de manière à former un mur circulaire, qu’on recouvre d’épines pour garantir davantage le troupeau contre les voleurs et les bétes fauves. Pendant les orages et durant la nuit, les troupeaux s’abritent dans la caverne ; le reste du temps, ils demeurent dans ce bercail fermé. » W. M. Thomson, The Land and the Book. Southern Palestine, in-8°, Londres, 1881, p. 313. Les pares des troupeaux sont en effet toujours clos par des murs ou par des palissades d’épines, par crainte des bêtes féroces et des voleurs. Quand ils ne sont ; pas placés près d’une caverne, il y a dans les bergeries actuelles, en Syrie, au fond du parc en plein air, une. étable grossièrement bâtie, basse, à toit plat (fig. 611), qu’on appelle mârâh, et où l’on enferme le troupeau quand les nuits sont froides, depuis le mois de novembre jusque vers Pâques. Lightfoot, Horx hebraicss, sur Joa., x, 1, dans ses Works, 2 in-f°, Londres, 1684, t. ii, p. 575 ; B. Winer, Biblisches Realwôiterbuclt, 3e édit., 1848,

t. ii, p. 661. Lorsque le temps est beau, chèvres et. brebis restent eh plein air. On pénètre dans la clôture par la porte qu’on voit sur la figure 611. Les voleurs cherchent à y pénétrer par un autre endroit que par la porte, Joa., x, 1, afin d’échapper à la vigilance de celui qui la garde et que l’évangéliste appelle ostiarius, 6upwpô ; . Joa., x, 3. — D’après le Talmud, Becoroth, ꝟ. 386, pour payer la dime des brebis, on les enfermait dans leur parc, et l’on y ouvrait une petite porte où elles ne pouvaient passer que l’une après l’autre ; on les faisait alors sortir par cette porte, en comptant depuis un jusqu’à dix ; chaque dixième était marquée d’une marque rouge, et l’on disait : « Voici la dîme. »

IV. L’étable de Bethléhem. — Saint Luc, ii, 17, raconte que Notre -Seigneur, après sa naissance, fut placé dans une crèche (tpcmv, ; Vulgate : prsesepium). Il était donc né dans une étable. Voir t. i, fig. 146, col. 573. L’évangéliste nous explique que Jésus naquit en ce lieu, Luc, n, 17, parce que Marie et Joseph n’avaient point trouvé de place dans le caravansérail de Bethléhem (y.a.xilifi.oi ; Vulgate : diversorium. Voir col. 254). Le caravansérail ou khan dont il est question ici est probablement celui qui avait été élevé par Chamaam. Voir col. 516. La tradition nous apprend que la sainte famille, ne pouvant s’installer dans le khan, se réfugia dans une grotte naturelle, aKr, xwv, disent saint Justin, Dial. cum Tryph., 70, t. vi, col. 657, et Origène, Cont. Cels., i, 51, t.xi, col. 756 ; ômpov, dit Eusèbe, De Vit. Constant., iii, 41, t. xx, col. 1101 ; specus, dit saint Jérôme, Epitaph. Paulse, Epist. crin, 10 ; Êpist. lviii ad Paulin., t. xxii, col, 884, 581 ; elle servait d’étable, suivant un usage assez commun j dans le pays. Voir Bethléhem. 1. 1, col. 1692-1693 ; Mislin, I Les Saints Lieux, édit. de 1858, t. iii, p. 486-500. Les ! nombreux changements qui ont étC faits à cette grotte, j enfermée aujourd’hui dans l’église de la Nativité, ne |

permettent pas de dire ce qu’elle a été autrefois. Voir V. Guérin, La Judée, t. i, p. 143-159.

V. Le stabclum du bon Samaritain. — La Vulgate, dans la parabole du bon Samaritain, dit qu’il conduisit le blessé qu’il avait rencontré sur la route de Jérusalem à Jéricho in stabulum (7cav80-/EÏov), et qu’il en confia le soin au stabularius (™ 7cav80^eî). Luc, x, 34-35. Le stabulum n’est pas autre chose dans ce passage que le caravansérail, et le stabularius est le gardien du caravansérail. Stabulum en latin ne signifie pas seulement « étable », mais aussi un lieu où on loge hommes et bêtes, et le stabularius est celui qui loge. La Vulgate se sert de ces deux mots, parce que le caravansérail, qui n’avait pas de nom spécial en latin, sert effectivement de logement pour les bêtes en même temps qu’il abrite les voyageurs. Voir Caravansérail, col. 251, 255. F. Vigouroux.

    1. ÉTAIN##

ÉTAIN (hébreu : bedil ; Septante : xonrof-repoç ; Vulgate : stannum), métal grisâtre, plus léger mais plus dur que le plomb, qui ne se présente dans la nature qu’à l’état de combinaison avec l’oxygène ou avec le soufre.

— Le bedil est bien l’étain : c’est ce qui ressort de la simple énumération de métaux de Num., xxxi, 22, et de Ezech., xxii, 18, 20 ; xxvii, 12, où il faut remarquer de plus la place du bedil à côté du plomb. C’est du reste la traduction des Septante, xaacmepo ; , et de la Vulgate, stannum, pour les endroits où ce mot se rencontre. Le nom même, bedil, paraît d’ailleurs dérivé du nom sanscrit de l’étain, pâtira, comme aussi son nom grec, xotsafiepoç, vient du sanscrit kastîra. A. Pictet, Les origines indo-européennes, 2e édit. (sans date), in-8°, Paris, t. i, p. 210-213. — Quant au lieu de provenance de l’étain, on ne connaissait anciennement que l’Hindou-Kousch et les monts Altaï à l’orient, et l’Espagne avec l’Armorique et la Grande-Bretagne à l’extrémité de l’occident. G. Bapst, L’étain dans l’antiquité, dans la Revue des questions scientifiques, avril 1888, p. 355-356. C’est probablement de caravanes venues de l’extrême Orient que les Madianites avaient acheté l’étain que les Israélites, à l’époque de Moïse, trouvèrent parmi leurs dépouilles. Num., xxxi, 22. Voir Bronze, t. i, col. 1949. — Plus tard, les Hébreux purent le recevoir des Phéniciens ; car il venait de Tharsis sur les marchés de Tyr. Ezech., xxvii, 12. Tharsis, pour les Hébreux, était l’Espagne et l’extrémité de l’Occident. Même en identifiant Tharsis avec l’Espagne, on n’en devrait pas conclure que tout l’étain apporté à Tyr venait de ce seul pays ; les Phéniciens pouvaient aller le chercher sur les côtes de Bretagne et dans le pays de Cornouailles et les îles appelées pour cela Çassitérides. Pline, H. N., xxxiv, 47 ; Diodore de Sicile, v, 38 ; Strabon, III, ii, 9. Au retour, il fallait passer par l’Espagne ; de sorte que tout l’étain paraissait provenir de ce pays. G. Bapst, L’étain dans l’antiquité, p. 364-365, et t. i, col. 1949. — L’étain devait arriver ordinairement déjà travaillé, et c’est ainsi que les Hébreux pouvaient surtout le connaître. Cependant ils avaient remarqué que divers métaux sont unis au minerai d’argent et que la fusion sépare l’argent d’avec les scories d’étain, comme aussi de cuivre, de fer et de plomb. Ezech., xxii, 18. Aussi est-il dit dans une comparaison : « Israël, qui était autrefois un métal précieux, n’est plus maintenant que scories d’étain, de plomb, restées dans le creuset. » Ezech., xxii, 18, 20. — KaaatTepoç, comme stannum, outre le sens particulier d’étain, désigne encore le plumbum nigrum mêlé avec l’argent, comme une impureté dans le minerai. Pline, H. N., xxxiv, 47. Il en est ainsi de bedîlîm, le pluriel de bedil. « J’ôterai toutes les impuretés (bedilîm) qui sont en toi, » est-il dit, Is., i, 25, comme parallèle à : « Je te purifierai de toutes les scories (sîgîm). » Les Septante n’ont pas rendu l’image, mais seulement le sens de la phrase, en mettant ivôu.ouç, « les prévaricateurs. » Le terme bedil n’a pas non plus la signification spéciale d’étain, mais paraît désigner le plomb,