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ESTHÉMO — ESTHER

d’une colline oblongue, qui, élevée sur un haut plateau, domine au loin la contrée. Sur le point culminant on remarque les restes d’une forteresse, dont une partie existe encore. Construite avec des pierres très régulières, elle date probablement de l’antiquité ; mais elle paraît avoir été réparée à différentes époques. Parmi les débris d’anciennes maisons, on distingue les arasements et même les assises inférieures de plusieurs édifices publics, qui ont été construits avec des blocs gigantesques complètement aplanis ou relevés en bossage. L’un d’eux principalement a été, d’un côté, creusé dans le roc, et, de l’autre, bâti avec des blocs immenses, très régulièrement taillés et comparables par leurs dimensions à ceux du Haram esch-Schérif de Jérusalem. Plusieurs portes ont des pieds-droits surmontés de linteaux élégamment sculptés, avec de gracieuses arabesques, ou des grappes de raisin, ou des vases à fleurs séparés par des espèces de rosaces, ou d’autres moulures d’un bon travail. Une trentaine d’arceaux encore debout et de forme cintrée supportaient jadis des voûtes, maintenant écroulées ; d’autres, avec la forme ogivale, accusent une époque moins ancienne. Chaque édifice public, chaque maison même renfermait un magasin souterrain creusé dans le roc. La ville était alimentée d’eau par des citernes et par des puits pratiqués de même dans le roc, et dont l’orifice était fermé avec une énorme pierre ronde, perforée à son centre. Le village actuel, qui possède des ruines si considérables, ne compte plus maintenant que deux cents habitants qui y séjournent constamment. Le reste de la population, qui peut être évalué à huit cents individus, vit sous la tente à la manière des Bédouins, ou dans des cavernes plus ou moins éloignées, afin de jouir d’une plus grande indépendance et d’échapper plus facilement à l’impôt et au recrutement militaire. Cf. V. Guérin, Judée, t. iii, p. 173, 174. A cinq minutes au sud-ouest, sur une montagne rocheuse jadis exploitée comme carrière, on voit les restes d’un petit monument aux trois quarts détruit et appelé par les Arabes El-Beniyéh, « la Construction. » De forme carrée, il mesurait cinq pas de chaque côté. La façade occidentale et une partie de la façade méridionale sont seules debout. Il s’élevait sur un soubassement formé de plusieurs gradins et était flanqué sur chaque face de trois pilastres couronnés de chapiteaux fort simples. La chambre intérieure était voûtée. C’est peut-être un ancien mausolée de l’époque romaine. Cf. Survey of Western Palestine, Memoirs, t. iii, p. 412, plan, p. 413 ; Robinson, Biblical Researches in Palestine, t. ii, p. 204-205. A. Legendre.

1. ESTHER (hébreu : ’Ésṭêr, du perse stâra, « astre, étoile ; » Septante : Ἐσθήρ), reine de Perse, femme d’Assuérus.

1° Elle était d’origine juive, de la tribu de Benjamin. Son nom hébreu était Édissa (Hăḑassâh), « myrte. » Sa famille (voir Cis 5, col. 781) avait été déportée de Jérusalem en Babylonie du temps de Jéchonias (599 avant J.-C.) Elle naquit dans la terre de la captivité. De bonne heure orpheline de père et de mère, elle fut élevée dans la ville de Suse, par Mardochée, son cousin (son oncle, selon la Vulgate). Esth., ii, 5-7. Voir Mardochée et Suse. La jeune Juive était d’une beauté remarquable. Assuérus, c’est-à-dire Xerxès Ier, fils de Darius Ier (voir Assuérus 1, t. i, col. 1141), ayant répudié la reine Vasthi (voir Vasthi), qui avait refusé de lui obéir, Esth., i, 9-19, Esther devint reine ou épouse favorite (479 avant J.-C.) en sa place, mais sans que le roi connût son origine et sa parenté. Esth., ii, 8-18.

Quelque temps après, Aman l’Agagite (voir t. i, col. 433 et 260), devenu favori du roi et son premier ministre, conçut une haine violente contre Mardochée, qui refusait de lui rendre les honneurs auxquels il prétendait, et contre la nation juive tout entière. Il résolut de satisfaire sa rancune en exterminant tous les Juifs et confisquant leurs biens, et il obtint d’Assuérus plein pouvoir à cet effet. Suivant une coutume perse, le jour du massacre fut déterminé par le sort (pûrpûr ; Vulgate : phur) et fixé au treizième jour du mois d’Adar ou douzième mois. Esth., iii, 7, 12-13.


606. — Une reine perse.
D’après de Clercq et Menant, Collection de Clercq, Catalogue raisonné, t. i, in-f°, 1888, pl. xxxiv, fig. 385.

Mardochée, consterné du malheur qui menaçait son peuple, fit demander à Esther d’intercéder pour le salut de ses frères. Se présenter devant le roi de Perse sans être mandé, c’était, même pour la reine, s’exposer à la mort.


607. Plan de l’Acropole de Suse. D’après M. Dieulafoy.

Au premier moment, Esther, effrayée du danger qu’elle allait courir, hésita à se charger de cette mission. Mais sur de nouvelles instances de son père adoptif, après avoir fait faire un jeûne de trois jours à tous les