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ESPAGNOLES (VERSIONS) DELA BIBLE


de Ptolémée et de divers autres anciens. Il donna également des ordres pour une traduction littérale de la Bible d’après le texte latin de saint Jérôme. Mariana l’affirmait explicitement au XVIe siècle, sans distinguer entre l’Ancien et le Nouveau Testament (Historia de Espana, xiv, 7) ; Rodriguez de Castro l’affirma de nouveau à la fin du XVIIIe siècle, en ajoutant que cette version se conservait à l’Escurial, en original ou en copie. Biblioteca espaHola, t. i, p. 411 ; t. ii, p. 674. Cette Bible était répartie en cinq divisions, d’après un ordre chronologique plus ou moins exact, et l’histoire profane, représentée par Hérodote, Tite Live et les autres classiques de l’antiquité, y faisait en quelque sorte corps avec l’histoire biblique elle-même ; mais tous nos livres sacrés de l’Ancien et du Nouveau Testament y étaient traduits intégralement (dit Rodriguez de Castro déjà cité). Voici d’après cet auteur et d’après les renseignements fournis par le bibliothécaire actuel de l’Escurial, le R. P. Bénigne Fernandez, augustin, comment était disposée la Bible alphonsine. La première division contenait la traduction intégrale du Pentateuque. On en possède encore actuellement deux exemplaires à l’Escurial. L’un, du xme siècle, n’est qu’en papier ; mais néanmoins il pourrait bien être le manuscrit original. Il se compose de 385 feuillets grand in-f° et porte le n° 1 parmi les manuscrits bibliques. Le second, en vélin et plus orné, n’est qu’une copie du XVe siècle. Il occupe le n° 6 parmi les mêmes manuscrits de l’Escurial. — La seconde partie s’étendait de la mort de Moïse à celle de David, et renfermait la traduction intégrale des livres de Josué, des Juges, de Ruth et les deux premiers des Rois. La Bibliothèque de l’Escurial en a trois exemplaires, tous copies du XVe siècle (n os 2, 13 et 22 des manuscrits). — La troisième division embrassait le Psautier (auquel s’adjoignaient les cantiques du Bréviaire), puis le Cantique des cantiques, la Sagesse, l’Ecclésiaste, Joël et enfin Isaïe. (R. de Castro, Biblwteca, 1. 1, p. 421-425.) On n’en connaît plus qu’une copie du XVe siècle. Elle se compose de 235 feuillets (n° 8 à l’Escurial). — La quatrième partie est aujourd’hui perdue, paraît-il ; elle s’étendait, d’après R. de Castro, t. i, p. 425, depuis le roi Ptolémée Philopator jusqu’à Antiochus le Grand. Par malheur ces deux monarques ont été contemporains : ce qui rend l’assertion sujette à caution. En outre le savant espagnol oublie de signaler quels étaient les livres correspondants de la Bible. C’étaient probablement les troisième et quatrième livres des Rois, les deux livres des Paralipomènes et le prophète Osée. — Nous sommes un peu mieux renseignés relativement à la cinquième partie. Elle est représentée par un manuscrit de 249 feuillets, copie du xve siècle, dont Rodriguez de Castro nous a laissé une description, t. i, p. 426-431. Voici la liste des livres qui y sont traduits : Daniel, Jérémie, Baruch, Habacuc, Judith, Esdras, Néhémie, Aggée, Zacharie, Malachie, Ecclésiastique, les deux livres des Machabées, les quatre Évangiles, les Épîtres de saint Paul et les sept Épîtres canoniques. Le manuscrit paraît intact. Mais le copiste en a pris à son aise pour le choix des livres qu’il admettait, comme pour l’ordre dans lequel il les plaçait. Un nommé Bæna, que Rodriguez de Castro regarde comme un des traducteurs d’Alphonse X, nous avertit, dans une note du folio 95, qu’il y a de fréquentes lacunes dans ce manuscrit, et renvoie pour les combler à un autre manuscrit. C’est peut-être un codex de l’Escurial, qui a 249 feuillets et date de la fin du xme siècle ou environ. Il passe pour faire partie de la Bible d’Alphonse X. On y trouve traduit en espagnol Daniel, Abdias, Sophonie, Jérémie, Baruch, Habacuc, Judith, Esdras, Esther, l’Ecclésiastique, les Machabées, les Évangiles et le Prologue des Actes des Apôtres. Comme il se termine par un prologue, il est évidemment incomplet.

II. Versions datant des xiv et xv « siècles. — Pendant le cours des xiv « et xv « siècles, divers auteurs,


presque tous anonymes, traduisirent diverses parties des Livres Saints. Aucun d’eux ne paraît avoir laissé de version complète de l’Ancien et du Nouveau Testament. Ces versions sont faites tantôt sur les textes originaux hébreu et grec, tantôt sur le latin de saint Jérôme.

I. FESSlOyS ABTÉRIEURES AU XVI’SIÈCLE FAITES SUS

L’Bébreu. — Il est impossible d’assigner à ces versions une date précise ; on ne peut donc les classer chronologiquement. — 1° Signalons en premier lieu, un peu au hasard, une version anonyme, qui porte actuellement le n° 4 parmi les manuscrits bibliques de l’Escurial. On croit que cette version remonte au xive siècle, mais la chose reste cependant un peu indécise. Le codex comprend 530 feuillets grand in-f°, avec quelques enluminures, lettres ornées ou gravures. 1.1 embrasse tout l’Ancien Testament, tel qu’il figurait dans le canon des Juifs de Palestine. L’ordre dans lequel les livres sont placés est aussi celui des Juifs, non celui de la Vulgate. On y remarque même certaines particularités qui seraient propres aux Juifs d’Espagne, d’après Bleek, Enleitung in das A. T., Berlin, 1860, p. 36. De même les noms qu’on donne à certains livres sont différents des noms usités parmi nous. Les voici selon l’ordre qu’ils occupent : Genèse, Exode, Lévitique, Nombres, Deutéronome, Josué, les Juges, Samuel, les Rois, Isaïe, Jérémie, Ézéchiel, les douze petits Prophètes ( ordre de la Vulgate), la Chronique des Rois, c’est-à-dire les Paralipomènes, les Psaumes de David, Job et ses trois amis, les Exemples (Proverbes) de Saloinon, le Cantique des cantiques, Ruth, les Lamentations de Jérémie, le Vanitas vanitatum (ou Ecclésiaste) de Salomon, le roi Assuérus et la reine Esther, Daniel le prophète du Seigneur, Esdras et enfin les Machabées. Ce dernier écrit n’a jamais appartenu au canon des Juifs de Palestine, bien que des deux livres dont il se compose le premier ait été écrit en langue hébraïque. Sa présence ici a donc lieu de surprendre et amènerait presque à supposer que la version dont il s’agit était faite sur le latin de saint Jérôme. Mais, d’autre part, l’absence des deutérocanoniques, Tobie et Judith, Sagesse et Ecclésiastique, comme aussi la place assignée aux différents livres, le nom qu’on donne à plusieurs d’entre eux et divers autres indices paraissent de sûrs garants que le traducteur a dû faire son travail principalement sur l’hébreu et devait être du nombre de ces Juifs qui embrassèrent le christianisme sans renoncer réellement à certaines opinions qu’ils tenaient de leurs pères. Tel est le sentiment de R. de Castro, Biblioteca, t. i, p. 431-433. On peut établir d’ailleurs par le témoignage d’un auteur du IXe siècle, Alvare de Cordoue, qui vivait au milieu des musulmans, qu’à cette date les Espagnols catholiques admettaient les mêmes livres sacrés que nous, mais les plaçaient de lait dans un ordre assez différent du nôtre. Voir Espana sagrada, t. xi, p. 281-284. Le fait a lieu de surprendre, puisque saint Isidore suivait l’ordre de la Vulgate, Etymolog., vi, 1, t. xxxii, col. 229 ; mais il n’en est pas moins indiscutable.

2° Eguren mentionne une seconde version espagnole de l’Ancien Testament, qu’il dit faite <c en partie sur l’hébreu », et dont on ne connaît non plus qu’un seul exemplaire, encore bien incomplet, puisqu’il ne commence qu’aux grands Prophètes. Les deux livres des Machabées y sont compris et en font la conclusion. Cette version, d’après le même auteur, est l’œuvre d’un Juif converti, le rabbin Salomon. Le manuscrit, en beau vélin, appartient à la Bibliothèque de l’Académie royale d’histoire de Madrid. Il est à deux colonnes : la première contient le texte latin, la seconde le texte espagnol. Les chapitres xm et xiv de Daniel, qui manquent dans le texte hébreu, ne sont représentés ici que par le texte latin : ce qui donne réellement à penser qu’Eguren est dans le vrai lorsqu’il affirme que le traducteur espagnol ne s’occupe que du texte hébreu. Les Lamentations de. Jérémie y font également défaut, quoiqu’elles fassent partie

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