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ESDRELON


niques se mêlent à l’humus, sont d’une grande fertilité. Là, ce sont d’interminables champs de blé dont les épis atteignent une hauteur extraordinaire. Ailleurs ce sont de vastes espaces recouverts de grandes herbes et de chardons géants (Notobasis syriaca), qui portent de belles fleurs, d’un bleu violacé, semblables à celles des artichauts et des cardons. Dans les jachères, d’immenses étendues sont entièrement recouvertes des ombelles blanches de la carotte sauvage (Oaucus carota), au milieu desquelles on aperçoit les innombrables fleurs bleues des orobanches [Orobanche pruinosa), qui vivent en parasites sur les racines des autres plantes. De tous les côtés partent, à certains moments de l’année, des nuées

qui mène de Jérusalem à Tibériade et à Damas. Une autre voie commerciale la traverse d’un bout à l’autre, de l’ouest à l’est, pour aller des ports de Khaïfa et de Saint -Jean-d’Acre au Jourdain et dans le Hauran, en passant par Zer’in et Béisân. Une troisième, débouchant des montagnes de Samarie, près de l’ancienne Mageddo, la traverse en diagonale pour rejoindre la première, coupant celle qui longe le pied des hauteurs, de Djénin au Carmel. C’est donc bien un carrefour où se croisent toutes les directions. De là son importance historique.

III. Histoire. — Jacob, sans nommer cette magnifique plaine, en chante cependant la beauté et les richesses, quand il représente Issachar, à qui elle devait

coi. — Vue de la plaine d’Esdrelon, prise du pied des monta de Galilée, avec le Carmel comme arrière-fond.

D’après une photographie.

de cailles, qui se réunissent en troupes nombreuses avant de traverser la Méditerranée pour venir en Europe. Au milieu des herbes courent dès lièvres, des chacals et des gazelles, tandis que planent dans les airs de grands aigles, des vautours et une myriade d’oiseaux de proie. Le terrain noirâtre est formé d’une argile fine, sans cailloux, qui se crevasse profondément sous l’influence des rayons solaires, mais qui se détrempe aussi d’une manière effroyable, sous l’action des pluies, de manière à rendre les bas-fonds impraticables.

Aucune ville importante n’est située dans la plaine, à cause de l’impossibilité de s’y défendre contre les incursions ennemies. S’il y a quelques villages épars au milieu, les autres sont surtout rangés le long de ses bords. Les arbres y sont rares, excepté autour des hameaux et près des sources abondantes, dont plusieurs groupes sont remarquables. Les routes y forment un réseau qui s’ajoute à la fertilité pour faire de cette vallée une des contrées prédominantes de la Palestine. L’une de ces voies, qui va de Djénin à Nazareth, continue le chemin séculaire

échoir en partage, comme « un âne robuste, couché dans son étable, voyant que le repos est doux et le pays agréable ». Gen., xlix, 14, 15. Elle portait donc bien son nom de Jezraël, c’est-à-dire « semence de Dieu », et l’on comprend la fascination qu’elle exerça de tout temps sur les enfants du désert ou les Bédouins. Voilà pourquoi nous voyons, à l’époque de Gédéon, les Madianites, les Amalécites et les fils de l’Orient ou Arabes nomades, après avoir passé le Jourdain, venir dresser leurs tentes noires au milieu des champs d’Israël, et couvrir la plaine comme des nuées de sauterelles, ravageant sans merci toutes les récoltes. Jud., vi, 33 ; vii, 12.

Mais ce qu’elle fut surtout, c’est un champ de bataille. Elle ressemble bien, en effet, à un immense amphithéâtre créé tout exprès pour la rencontre des peuples divers. Là, nous venons de le voir, se croisent les routes qui reliaient autrefois les empires de l’Orient, de Memphis à Damas, à Babylone et à Ninive, d’Antioche et d’Émath à Jérusalem. Les sommets qui la dominent à l’est, le Thabor, le Petit Hermon, le Gelboé, constituent