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    1. ESDRAS##

ESDRAS (PREMIER LIVRE D’)

iras

VI, 18, rédigé en chaldéen, n’est pas la simple reproduction de lettres ou décrets, comme vii, 12-20 ; c’est une narration particulière de la reconstruction du Temple de Jérusalem. De plus, le récit de la célébration solennelle de la Pàque, vi, 19-22, est peut-être ajouté par une autre main, parce qu’au y.’22 Darius est désigné sous le nom de roi d’Assyrie. La seconde partie du livre, qui rapporte les faits survenus la septième année du règne d’Artaxerxès LongueMain, quoiqu’elle forme un tout, n’est pas d’une seule main. Le morceau, vii, 27-IX, 15, où Esdras parle à la première personne, est manifestement de lui, el il faut y rattacher le document chaldéen, vii, 12-20. Le chap. x, où il est question d’Esdras à la troisième personne, ressemble certainement aux précédents, et peut être attribué soit à lui-même, soit à l’un de ses compagnons de retour. Les yv. 1-Il du chap. vu ont été plus tard mis en tête de l’écrit d’Esdras par un des admirateurs du célèbre scribe. Tous ces morceaux ont vraisemblablement été réunis à une date postérieure encore, et peut-être la compilation est-elle l’œuvre de l’auteur de vt, 19-22. Ces conclusions ont été adoptées avec des modifications plus ou moins grandes par tous les critiques rationalistes. Les voici dans leur dernier état, telles qu’elles sont proposées par ïîenan, Histoire du peuple dlsracl, t. iv, Paris, 1893, p. 2, note 3, et p. 97 et 119. Les six premiers chapitres d’Esdras sont composés de deux documents : l’un (A), de vraie valeur historique, s’étend de il, 1 à iv, 5, puis de vi, li à vi, 22 ; l’autre (B), plein de pièces apocryphes, comprend le chap. i, puis iv, 6-vi, 13. Les quatre derniers ont été composés, ainsi que les chap. vin -X de Néhémie, d’après de prétendus Mémoires d’Esdras, où ce scribe était censé parler à la première personne. C’est le chroniste qui les a placés dans l’ordre actuel, en combinant à son point de vue les documents antérieurs. Cf. Kosters, Jîet Jlerstel van Israël in Jiet perzische tijdvak, Leyde, ISO’t, p. 28. Parmi les exégétes catholiques, les uns se sont bornés à reconnaître qu’Esdras reproduisait dans son récit les documents officiels qui s’y rapportaient. J.-IJ. Glaire, Introduction à l’Écriture Suinte, 2° étlit., Paris, 181, ’! , t. iii, p. 238 ; Lamy, lntroductio in Sac. Script., 2e édit., Malines, 1873, t. ii, p. 81 ; Eillion, La Sainte Bible, t. iii, Paris, 1891, p. 210. D’autres ont admis en outre qu’Esdras, ayant trouvé le fragment IV, 8-vi, 18, rédigé en chaldéen par un témoin oculaire, l’avait inséré dans son œuvre, parce qu’il entrait da « is son (dan. Vigoureux, Manuel biblique, 10e édit., Paris, 1898, t. II, p. 100 ; Clair, Esdras et Nëliémias, Paris, 1882, p. v ; Trochon et Lesétre, Introduction à l’étude de l’Ecriture Suinte, Paris, 1890, t. ii, p. 290. Cf. van IloonacUer, Nouvelles études sur la restauration juive après l’exil de Babulone, Louvain, 1890, p. 18-27. D’autres enfin estiment que ce fragment provenait lui-même de dein mains différentes. Le même écrivain, qui raconte comme témoin la construction et la dédicace du Temple, iv, 20-vi, 18, sous Darius 1°, n’a pu vraisemblablement assister aux oppositions que les ennemis des Juifs tirent sous Xerxès et Arlaxerxés ! ’r au rétablissement des murailles de la ville. Ce récit, iv, 8-23, n’est pas à sa place ; il est l’o-nvre d’un autre rédacteur, et il faut le considérer dans le texte actuel comme une parenthèse. Enfin la narration hébraïque de la célébration de la Pique, VI, 19-22, doit être attribuée à un auteur différent. Kaulen, Eiuleitunij in die hciluje Schrift, i- é-lil., Fribourg-en-IJrisgau, 1890. p. 211) : Cornely, lntroiUictio in utriust/ue TcsUvmenti libes, Paris, 1887, t. ii, 1° pars, p. 301-302. Nous puuvons dune conclure que le premier livre d’Esdras n’est pas un écrit que l’auteur a tiré’complètement de son fond, mais une sorte de compilation. formée de documents entiers ou d’extraits de documents, qui sont juxtaposés et reliés les uns aux autres par de courtes réflexions. Cette variété’des sources n’empêche pas cependant l’unité de la composition. Le compilateur ou le dernier rédacteur qui a mis en œuvre les docu ments antérieurs a disposé les pièces et les récits dans leur ordre chronologique, sauf peut-être IV, 8-23, el les a réunis et rattachés à la trame de sa narration. Celle ordonnance et cette disposition îles parties donnent à l’ensemble une unité qui répond d’ailleurs parfaitement au but poursuivi.

V. Auteur DU livre. — Puisque le premier livre d’Esdras est un, il faut attribuer sa rédaction dernière à un auteur unique, qui s’est servi île documents préexistants. Le rédacteur définitif du livre est le scribe Esdras. La tradition juive a toujours affirmé celle attribution. Le Baba Bathra (voir col. 110) dit explicitement : « Esdras écrivit son livre et continua les généalogies des Parahpomènes jusqu’à son temps. >> Ce témoignage ne se rapporte qu’au premier livre d’Esdras ; car, au même endroit, les rabbins attribuent assez clairement la lin de l’écrit d’Esdras, c’est-à-dire le second livre qui porte son nom, à Néhémie, fils d’Ileleias. AYogue, Histoire delà Udjle et de l’e.cëgcse biblique, Paris, 1X81. p. 80-82 ; Loisy, Histoire du canon de l’Ancien Testament, Paris, 1890, p. 20. Le contenu du livre justifie pleinement la tradition juive. La seconde partie, en ell’el, esf manifestement de la main d’Esdras. Tout le passage, vii, 27-IX, 15, où il parle à la première personne, est sou u’iivre, et les rationalistes eux-mêmes y reconnaissent mi extrait de ses Mémoires. Or le début du chap. vii, 1-20, s’y rattache étroitement et en forme l’introduction historique. Si Esdras y parle de luimême à la troisième personne, c’est qu’en commençant le récit de sa carrière publique, il devait se faire connaître, dire son nom, tracer sa généalogie et justifier ses litres, en reproduisant le lirman royal qui le chargeait officiellement de pourvoir aux affaires civiles et religieuses de son peuple en Palestine. Un a objecté les louanges qu’il se donne, vii, et 10 ; mais Néhémie, dans les passages de ses Mémoires qu’on lui attribue sans conteste, est plus personnel encore. D’ailleurs les mots : « scribe habile dans la loi de Moïse, » sont plutôt un titre qu’un éloge ; et les qualifications du y. 10 ne sont pas de celles que la modestie doive absolument s’interdire. Le chap. X, dans lequel l’auteur revient à l’emploi de la troisième personne, après s’être longtemps servi de la première, ne doit pas pour cette seule raison être refusé à Esdras et attribué à un écrivain plus réeenf, qui aurait complété les Mémoires d’Esdras ou les aurait insérés dans la Chronique. Ce changement de’personnes dans les récits était un usage des Juifs, que 1 on constate dans des œuvres certainement originales. Cꝟ. 1s.. vii, 3, et viii, I ; .1er., xx, 1-0, et xxviii, 1, 5 ; Dan., i, 1-vn, 2, et vii, 3-ix, 27 ; x, 1, et x. 2-.MI, 13. Thucydide use du mémo procédé, Hist., i, 1 ; I, 20 ; iv, 104 ; v, 20. Le lieu entre les deux derniers chapitres du livre d’Esdras est tellement (’droit, qu’on ne peut les séparer ; la suite des faits exige leur liaison et par conséquent leur attribution à un seul auteur, qui est Esdras lui-même. Le commencement du livre, I, 1 -IV. 7, peut légitimement être attribué au même écrivain que la seconde partie. La ressemblance du stvle autoi ise cette attribution, car nu icmarqur dans ces premiers chapitres (les expressions qui sont particulières à Esdras. Ainsi kcfùc, « coupe, » ne se lit que 1 Esdr., I. 10 ; viii, 27. et I Par., xxviii, 17 : iiisteràn. « lettre. » I [ ; - le., iv, 7, (d vii, 11. Les autres paities sont ou des documents officiels ou des n’vits anterii urs. qu’Esdras a insérés dans sa propre narration Il est donc l’auteur de la majeure portion du livre et le rédacteur de l’ensemble. Les critiques rationalistes continuent a leur façon cette conclusion. quand ils rapportent la rédætiou définitive des ParalipomeUéS. d’Esdras et de Xehemie au (duelliste dé Jérusalem. Les commentateurs catholiques tiennent, en etlet. Esdias pour l’auteur des Par.dipomenes. La i, ssemblance des deux écrits pr.aive la communauté d’origine. Si les rationalistes rabaissent la date de la composition des Paralipùinènes et d’Esdras, c’est pour la faire concorder avec leur hypothèse de l’oii-ine taidive du