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BOSOR


dans le texte primitif : tJ|v Bosôp h ty ÈpTituj », tï]v Mktu (Codex Alexandrinus : t^ Mt<r<ip) ; Bosor in salitudine, Misor et Jaser. C’est bien, croyons-nous, malgré l’opinion contraire de certains auteurs, la ville de Moab dont parle Jérémie, xlviii, 24, sous le nom de Bosra (hébreu : Bosrâh ; Septante : Bosôp). En effet, les autres cités qui la précèdent dans le passage prophétique déterminent nettement sa position : Cariathaïm (hébreu : Qiryâtalm), aujourd’hui Qoureiyat ; Bethgamul (hébreu : Bel Gâmûl), Djémaïl ; Bethmaon (hébreu : Bêf Me’ôn), Ma’tra. Voir Ruben (tribu et carte). Eusèbe et saint Jérôme, Onomastica sacra, Gœttingue, 1870, p. 102, 232, la mentionnent bien « dans le désert, au delà du Jourdain, dans la tribu de Ruben, à l’orient de Jéricho » ; mais ils la croient à tort, comme nous le verrons, identique à « Bostra, métropole de l’Arabie ». C’est cette Bésér ou Bosor, isa, que Mésa, roi de Moab, dans sa stèle, ligne 27, se vante d’avoir bâtie. Cf. Héron de Villefosse, Notice des monuments provenant de la Palestine et conservés au musée du Louvre, Paris, 1879, p. 2, 4 ; F. Vigouroux, La Bible et les découvertes modernes, 5e édit., Paris, 1889, t. iv, p. 62. Plusieurs auteurs lïdentitient avec Kesour el-Bescheir, site ruiné au sud-ouest de Dhibân (Dibon), dont la position répond bien aux données scripturaires. Cf. G. Armstrong, Wibon et Conder, Narnes and places in the Old and New Testament, Londres, 1889, p. 37. J. L. Porter, Five years in Damascus, Londres, 1855, t. ii, p. 160-162, assimile, comme Eusèbe et saint Jérôme, Bosra de Moab à Bosra du Hauran, l’ancienne Bostra des Grecs et des Romains. Mais il est certain que cette ville, eût-elle existé à cette époque reculée, ce qui n’est pas sûr, ne pouvait appartenir à la tribu de Ruben, dont la limite septentrionale ne dépassait guère la pointe de la mer Morte. D’un autre côté, on ne voit nulle part que le pays de Moab se soit étendu jusque-là. Avec l’idée de trouver à Bostra un représentant parmi les cités bibliques, ce qui a fait illusion, c’est la présence dans ces parages de certains noms qui semblaient rappeler des villes moabites, comme Cariathaïm et Bethgamul. Mais ces villes se retrouvent parfaitement et bien plus exactement dans le territoire de Ruben, à l’orient de la mer Morte. Voir Bethgamul. Nous ajouterons enfin une remarque très juste de M. "Waddington, Inscriptions grecques et latines de la Syrie, in-4°, Paris, 1870, p. 459 : « Maintenant, si on considère la position des trois villes de refuge, désignées par Josué à l’est du Jourdain, on voit qu’il y en avait une au midi, Bétzer (Bosor), dans la tribu de Ruben ; une plus au nord, Ramoth Galaad, dans la tribu de Gad, et enfin une tout à fait au nord des possessions Israélites, Golan (Gaulon), maintenant Djolân, dans la tribu de Manassé ; et ces trois villes correspondent aux trois autres villes de refuge cis-jordaniques, situées en face d’elles sur une ligne du sud au nord, à savoir : Hébron, dans le territoire de Juda ; Sichem, dans celui d’Éphraïm, et Kadesch (Cédés), dans celui de Nephthali. Jos., xx, 7, 8. » — Bosor est également distincte de la ville de même nom mentionnée I Mach., v, 26, 36. Voir Bosor2.

A. Legendre.

2. BOSOR (Boaâp ; Codex Alexandrinus : Bo<j<j6p), ville forte, à l’est du Jourdain, dans le pays de Galaad, mentionnée avec Barasa, Alimes et d’autres, où étaient renfermés des Juifs, qui, prisonniers ou retranchés dans leurs quartiers, réclamaient le secours de Judas Machabée. I Mach., v, 26, 36. Le même nom se trouve répété trois fois dans le même chapitre et dans le même récit. ꝟ. 26, 28, 36. Faut-il n’y reconnaître qu’une seule localité ou y voir des villes différentes ? Il y, a lieu, croyons-nous, de distinguer ici deux cités de Bosor. Celle du ꝟ. 28, prise, saccagée et incendiée par Judas, ne peut être la même que celle du ꝟ. 36, qui tomba quelques jours plus tard au pouvoir du héros asmonéen. Cette dernière parait identique à celle du ꝟ. 26, et c’est elle qui fait l’objet de cet article. Malgré les difficultés que présente la cam-DICT. DE LA BIBLE.

pagne de Judas Machabée, on peut placer cette ville de Bosor à Bousr el"Hanri, à la pointe sud du Ledjah. Nous expliquons plus loin la manière dont on peut comprendre la marche de l’expédition. Voir Bosor 3.

D’après Keil, Josua, Leipzig, 1874, p. 103, cette Bosor serait la même que la précédente ou Bésér, ville de refuge et lévitique. Deut., iv, 43 ; Jos., xx, 8 ; xxi, 36. Tel est aussi le sentiment de Mûhlau dans Riehm’s Handwôrterbuch des biblischen Altertums, Leipzig, 1884, t. i, p. 198. Nous ne saurions partager cet avis. La ville dont nous parlons se trouvait « en Galaad », I Mach., v, 25, et, bien que ce mot ait ici un sens assez étendu, il est certain que les cités qui accompagnent Bosor la portent tout à fait au nord : Barasa (Bécroops), peut-être l’ancienne Bostra, actuellement Bosra, au pied du Djebel Hauran ; Alimes, Kefr el-Mâ, à l’est du lac de Tibériade, sur le sommet de collines qui dominent la rive droite du Nahr er-Rouqqâd, ou, suivant quelques auteurs, ’lima, dans la plaine du Hauran, entre Der’dt (Edraï), au sud-ouest, et Bousr el-Hariri au nord-est ; Casphor ou Casbon, Khisfîn, à une faible distance au nord de Kefr el-Mà ; Carnaïm, peut-être la même qu’Astaroth Carnaïm. D’un autre côté, nous ne voyons dans l’ensemble du récit sacré aucune raison qui nous force de placer cette ville à l’est dé la mer Morte, dans la tribu de Ruben.

A. Legendre.

3. BOSOR (Bocrôp), ville de Galaad, prise et détruite par Judas Machabée. I Mach., v, 28. Elle est distincte de celle qui est mentionnée dans le même chapitre, ꝟ. 26, 36 ; l’auteur sacré ne pouvait signaler, ꝟ. 36, la prise d’une ville dont il venait dé raconter, "ꝟ. 28, le complet anéantissement. Patrizzi, De consensu utriusque libri Machabseorum, in-4°, Rome, 1856, p. 276, l’identifie avec Bosor de Ruben. L’expression employée ici, sîç tt]v £pr)[iov, « dans le désert, » ne suffit pas pour justifier une opinion que le contexte est loin d’imposer. Nous la croyons plus volontiers identique à Barasa, et nous préférons la reconnaître dans la Bosra du Hauran, l’ancienne Bostra des Grecs et des Romains, il est dit, ꝟ. 28, que Judas « se détourna de son chemin », àné<rrpE^ev ôSiv. On a justement fait remarquer qu’il ne s’agit pas là d’un « retour en arrière » ; c’est cependant ce qu’eût fait le héros asmonéen, s’il était venu assiéger Bosor de Moab. Voici, en effet, comment nous comprenons la marche de l’expédition racontée I Mach., v, 24-36. Judas et Jonathas passent le Jourdain par le gué qui se trouve vis-à-vis de Jéricho. Se dirigeant vers le nord-est, à travers le pays de Galaad, où les Juifs sont bloqués, ils prennent la route qui conduit aujourd’hui à Es-Salt et à Djérasch. Au bout de trois jours, ils rencontrent les Nabathéens, et apprennent que leurs frères sont enfermés dans des villes qui forment toute une ligne s’étendant de l’extrémité du Djebel Hauran au lac de Tibériade, Barasa (Bosra), Bosor (Bousr el-Hariri), Alimes (’lima ou Kefr el-Mâ), Casphor (Khisfîn), Mageth (inconnue) et Carnaïm (Astaroth-Carnaim). Au lieu de continuer leur marche directement vers le nord, ils « se détournent » vers l’est, et, surprenant Bosor ou Bos ra, l’assiègent, la pillent et la brûlent. Ils viennent ensuite à la forteresse de Dathéman, où l’armée de Timothée est battue ; puis, après avoir renversé Maspha de fond en comble, ils s’avancent vers Casbon, Mageth, Bosor (Bousr el-Hariri ; voir Bosor 2), et les autres villes de Galaad, qu’ils soumettent à leur pouvoir. Assurément nous sommes ici dans les hypothèses, en raison de l’obscurité que présente l’identification de plusieurs des villes. Cependant cette route nous semble assez naturelle pour exclure complètement Bosor de Ruben, séparée par une grande distance des cités mentionnées ; et l’on se demande pour quel motif Judas se serait tant écarté de son chemin pour venir l’assiéger. Quoique l’antiquité de Bosra soit contestée, son importance à cette époque n’a rien qui puisse éktnne^. Pour la description, voir Bosra 2. À ; Legendre.

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