Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome I.djvu/990

Cette page n’a pas encore été corrigée
1839
1840
BOIS — BOISSEAU


nirait, à tour de rôle, le bois nécessaire pour les sacrifices et l’entretien du feu perpétuel. II Esdr., x, 34 ; xiii, 31. Ce fut probablement l’origine de la fête annuelle appelée n>syn pTp, qorban hâ’êsîm, a offrande du bois, » |vXo ?6pea, Josèphe, Bell, jud., II, xvii, 6, qui se célébra, après la captivité, le 15 du mois d’Ab (août), jour auquel tout le peuple, sans distinction, portait du bois au temple pour les sacrifices. Voir Kitto, Cyclopœdia of Biblical Literature, 1866, au mot Wood-Carrying, t. iii, p. 1128. Il y avait un minimum au-dessous duquel on ne pouvait rien offrir. Ce bois était gardé dans une chambre située à l’angle sud-est de la cour des femmes et nommée chambre du Bois. Les prêtres inspectaient ce bois afin de s’assurer s’il était digne d’être employé pour les sacrifices : car le bois piqué de vers ne pouvait servir à l’autel.. De plus, un des treize troncs placés devant les portes du temple portait, écrit en hébreu : ’Êslm, « bois ; » les fidèles y déposaient les offrandes destinées à acheter du bois pour l’autel. Tr. Schekalim, VI, i, 5 ; Middoth, Xii, 5. — Pour les bois de construction, voir Charpentier.

F. Vigouroux.

2. BOIS, BOYS John, théologien anglican, né à Neltlestead, dans le comté de Suffolk, le 3 janvier 1561, mort à Ély le 14 janvier 1644. En 1596, il obtint la cure de Boxworth, et, en 1616, une prébende lui fut accordée à Ély. Il travailla à la traduction de la Bible ordonnée par Jacques I « r, et qui parut à Londres, en 1612 ; il traduisit les livres deutérocanoniques, et fut l’un des six théologiens chargés de revoir tout le travail. Il collabora également à la publication des œuvres de saint Jean Chrysostome faite par sir H. Savile, en 1613. Après sa mort fut publié l’ouvrage suivant : Veleris interpretis cum Beza aliisque recentioribus collatio in quatuor Evangeliis et Apostolorum Actis, in qua annon seepius absque justa satis causa hi ab illo discesserint disquiritur, in-8°, Londres, 1655. Dans ce travail, Bois défend victorieusement la Vulgate contre Th. de Bèze et Érasme. Une autobiographie de Bois a été publiée par Fr. Peck, dans ses Desiderata curiosa, 2 in-f°, Londres, 1779, t. ii,

p. 323.

B. Heurtebize.

3. BOIS SACRÉ. On appelait ainsi, chez les anciens, des bouquets d’arbres ou des bosquets qui entouraient les lieux et les objets du culte idolâtrique, temples, statues, stèles, etc. Les bois sacrés ont existé dès la plus haute antiquité. On peut même dire qu’ils ont été les premiers temples idolâtriques. Ils constituaient comme le domaine privé de la divinité qu’on y honorait, et les seuls initiés avaient droit d’y pénétrer. Dans l’exposition de sa tragédie d’Œdipe à Colone, Sophocle décrit ainsi le lieu dan£ lequel s’est arrêté le malheureux Œdipe : « Le lieu où nous sommes est sacré, car il est parsemé de lauriers, d’oliviers, de vignes abondantes, et de nombreux rossignols font entendre sous le feuillage leurs chants

5 mélodieux… Il n’est pas permis de l’approcher ni de l’habiter. Il est en effet consacré aux terribles déesses. » Et quand le chœur prend la parole, c’est pour dire : « Ce vieillard est sans doute quelque étranger errant ; autrement eût-il osé pénétrer dans le bois inviolable des inexorables déesses ? » v, 16, 39, 124. Ces bois abritaient souvent les plus ahominables mystères, aussi bien dans le monde asiatique que dans le monde grec. Il y en avait de particulièrement célèbres. Ceux de Daphné, à Antioche, étaient consacrés à Apollon (voir col. 680), et on s’y livrait à toute sorte de dissolutions. Zeus avait un bois sacré en Crète, Platon, Lois, I, 2 ; Artémis Sateria possédait le sien en Achaïe. Pausanias, vii, 27. Cf. iii, 4, 1. On connaît ceux d’Eleusis et de Colone. Dans l’Attique, des bois d’oliviers sacrés étaient confiés à la garde de l’Aréopage. Le Latium en comptait plusieurs. Chez les Gaulois et chez les Germains, on honorait les dieux nationaux dans des bois sacrés. Tacite, De Mor. German., IX. Bien n’était donc plus général dans le monde païen que

cette coutume de consacrer dos bois à l’exercice du culte idolâtrique.

Les Hébreux idolâtres durent l’emprunter à leurs voisins de Phénicie et de Syrie, et surtout à leurs prédécesseurs dans la terre de Chanaan. Cependant il n’y a pas de terme spécial en hébreu pour désigner les bois sacrés. Les mots aX « To « et lueus, employés trente-sept fois par la version grecque et par la Vulgate, ont bien ce sens ; mais ils traduisent l’hébreu’âsêrâh, qui est le nom de la déesse Astarté et aussi du pieu de bois qui lui servait d’emblème. Voir Aschéra. Néanmoins, si le nom manque, la chose n’en est pas moins nettement indiquée dans la Sainte Écriture. Les prédécesseurs des Hébreux dans la terre de Chanaan avaient des arbres sacrés abritant leurs idoles ; aussi Moïse ordonne-t-il aux futurs conquérants de détruire les rendez-vous idolâtriques des nations « sous les arbres touffus ». Deut., xii, 2. À l’époque des rois, des idoles sont installées et adorées « sous tout arbre feuillu ». Roboam le premier, puis Achaz et d’autres autorisent ce scandale et y prennent part eux-mêmes. III Reg., xiv, 23 ; IV Reg., xvi, 4 ; II Par., xxviii, 4. Le culte idolâtrique dans les bois sacrés est un des crimes châtiés par la captivité. IV Reg., xvii, 10. Les prophètes font plusieurs fois mention de ces bois et les maudissent. Isaïe, i, 29 ; lvii, 5, dit à ses contemporains : « On aura honte des térébinthes sous lesquels vous vous plaisiez, et vous rougirez des jardins qui faisaient vos délices… Vous vous enflammez vous-mêmes sous les térébinthes et sous tout arbre verdoyant. » Jérémie, ii, 20 ; iii, 6, 13, reproche aux Juifs leurs, pratiques idolâtriques « sous tout arbre feuillu », et il parle d’'àsêrim établis « auprès des arbres verts ». Jer., xvii, 2. Ézéchier, ’vi, 13, et Osée, iv, 13, mentionnent également les arbres

idolâtriques.

H. Lesêtre.

BOISSEAU. Mesure romaine dont le nom latin modius fut grécisé sous la forme ^ôSioç, qu’on lit trois fois dans le Nouveau, Testament grec. Matth., v, 15 ; Marc, iv, 21 ; Luc, xi, 33. La Vulgate, dans ces trois passages, rend naturellement le mot grec par le latin modius. — Le boisseau (modius) était une des principales mesures de capacité pour les solides, contenant seize sextarii romains ou le tiers d’une amphora et équivalant à un sixième du médium attique, c’est-à-dire à 8 litres 631. Cicéron, Zn. Verr., iii, 42, 49, édit. Lemaire, Orat., t. ii, p. 78, 88 ; Corn. Nepos, AU., 2, édit. Lemaire, p. 260, texte et note. Les Hébreux, dans le système métrique qui leur était propre, n’avaient pas de mesure exactement correspondante au modius. Cela n’a pas empêché saint Jérôme de se servir de ce mot dans sa traduction de l’Ancien Testament, le plus souvent d’une façon impropre, pour rendre la mesure hébraïque appelée’êfâh, dont la contenance était de 38 litres 88. Dans Lev., xix, 36, et Deut., xxv, 14, 15, . le texte original porte que 1’'êfâh doit être « juste », c’est-à-dire une mesure exacte, non frauduleuse ; le traducteur, sans que le sens de la phrase ait eu rien à. souffrir, a substitué à la mesure hébraïque le « modius », celle qui était la plus usitée chez les Latins ; mais dans Jud., VI, 19, « un êfâh » de farine est traduit par « un modius » ; et dans I Reg., i, 24, « un’êfâh » de farine l’est par « trois modii », ce qui ne rend exactement, dans aucun des deux cas, la valeur de la mesure hébraïque. Le prophète Isaïe, v, 10, prédisant la stérilité dont Dieu, frappera la Terre Sainte, dit, d’après le texte original, qu’un hômér de semence (338 litres 80 = 10’cfâh) ne produira qu’  « un êfâh » ; notre version latine porte : « trente modii de semence produiront trois modii » : c’est la valeur latine équivalente que saint Jérôme attribuait au hômér et à 1’'êfâh. Il a traduit aussi en effet frômér, Lev., xxvii, 16, par « trente modii » (d’orge) et expliqué par une glose, Ruth, ii, 17, ephi (’êfâh) par « trois modii ». Il s’est servi du même nom de mesure, IV Reg., vii, 1, 16, 18, pour exprimer le se’dh hébreu : « Un se’dh de farine se vendra un sicle, at deux se’dh