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BLASPHÈME — BLAYNEY


Si Moise avait impose le précepte de ne pas blasphémer les dieux étrangers, il faut reconnaître que ni lui ni les autres écrivains inspirés ne l’auraient guère observé ; car les écrits de la Bible, surtout les psaumes et les livres prophétiques, sont tout remplis des vérités les plus dures et même d’imprécations contre les faux dieux. Voir, en particulier, dans le Pentateuque, Deut., vii, 25-26 ; xxvii, 15 ; xxrx, 16-18 ; xxxii, 16-17- Ce qui a pu inspirer à Philon et à Josèphe cette interprétation nouvelle, ce sont des vues politiques : à cette époque, les Juifs avaient perdu leur indépendance, ou même vivaient en grand nombre au milieu de nations étrangères ; il eût été à eux très inopportun et très imprudent de blasphémer les dieux des nations dont ils étaient les sujets ou les hôtes. Du reste, les Juifs contemporains de Philon et de Josèphe ne paraissent guère avoir remarqué ni surtout suivi les avertissements de leurs doctes compatriotes ; car, vers ce même temps, Pline signale leur race comme « célèbre par son mépris pour les divinités », gens contumélia numinum insignis. Pline, H. N., xiii, 9, édit. Lemaire, Paris, 1829, t. v, p. 171. Donc, par le mot’èlôhîm il faut entendre, dans le texte cité, les juges ou magistrats d’Israël ; si Moïse leur a donné ce nom, c’est afin d’inspirer un plus grand respect pour leur personne, et aussi pour se conformer à l’usage égyptien, d’après lequel on donnait aux juges le nom de dieux. Michælis, Mosaisches Recht, § 3a, t. i, p. 217-218. Moïse donne manifestement aux juges le nom de dieux, ’èlôhîm, en plusieurs autres endroits de l’Exode, xxi, 6 ; xxii, 8, 9 (hébreu, 7, 8). Cf. Michælis, Supplementa ad lex. hab., Gcettingue, 1792, p. 87-89 ; Rosenmûller, In Exod., xxi, 6, Leipzig, 1822, p. 358. Au témoignage d’Origène, cet usage s’était conservé parmi les Juifs. Cont. Cels., iv, 31, t. xi, p. 1076.

II. Blasphème sous la loi nouvelle. — Le blasphème étant si clairement défendu par la loi naturelle, il n’était pas nécessaire que Jésus-Christ ni les Apôtres le défendissent par un précepte spécial. Le blasphème, sous la loi nouvelle, est toujours supposé comme un des plus grands péchés ; c’est un de ceux qui, d’après NotreSeigneur, sortent du cœur et souillent l’homme, Matth., xv, 19 ; Marc, vii, 21-23 ; il est présenté comme un des caractères des faux prophètes, II Petr., II, 10, 12 ; des hérétiques, Jud., 8, 10 ; des impies des derniers temps, II Tim., iii, 2 ; de la bête, dont parle l’Apocalypse, qui ne cesse de proférer des blasphèmes contre Dieu et contre les saints, Apoc., xra, 5, 6, et dont la tête est toute couverte de noms de blasphèmes, Apoc, xiii, 1 ; xvii, 3.

Que faut-il entendre par le « blasphème contre le Saint-Esprit », dont il est question Matth., xii, 31 ; Marc, iii, 29 ; Luc, XII, 10, et dont il est dit qu’il ne sera remis ni dans ce monde ni dans l’autre ? C’est par le contexte que nous pouvons nous rendre compte de la nature de ce péché. Jésus-Christ venait de faire des miracles manifestement divins, par exemple, l’expulsion subite des démons, laquelle, ne pouvant être attribuée au chef des démons, « tait évidemment l’œuvre du Saint-Esprit. Les Pharisiens, attribuant ce miracle au chef des démons, blasphémaient donc contre le Saint-Esprit. De plus, Jésus-Christ, dans les textes cités, distingue le blasphème contre le Fils de l’homme et le blasphème contre le Saint-Esprit ; blasphémer contre le Fils de l’homme, à cette époque où sa divinité n’était pas encore clairement révélée pour tous, c’était, suivant la pensée de saint Athanase et de saint Jérôme, cités ci-dessous, lui reprocher, comme faisaient quelques-uns, certaines faiblesses apparentes, certaines manières d’agir, certaines condescendances, qui ne s’accordaient pas avec les idées peu exactes qu’on avait alors du Messie ; or ce péché contre le Fils de l’homme était plus facilement excusable, à cause de l’ignorance ou de la faiblesse qui en étaient le principe. Il n’en est pas de même du blasphème contre le Saint-Esprit ; comme les œuvres de ce divin Esprit c’est-à-dire les miracles spéciaux dont il est question dans

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les textes cités, étaient manifestes et éclatants, l’attribution de ces œuvres au chef des démons était un blasphème qui ne pouvait venir de l’ignorance ou de la faiblesse, mais seulement de la malice et de l’obstination. C’est pourquoi ce péché est dit « irrémissible », non pas du côté de Dieu, dont la grâce est assez forte pour le remettre ; mais du côté du pécheur, dont la malice opiniâtre est un obstacle à cette grâce. De même, suivant la pensée de saint Thomas ; II a D>, q. xiv, art. 3, qu’une maladie est dite incurable, non seulement quand aucun remède ne peut la guérir, mais encore quand cette maladie, par sa nature même, repousse et exclut le remède qui pourrait la guérir ; ainsi le péché dont il s’agit est dit « irrémissible », parce que la nature même de ce péché consiste à repousser toutes les avances que Dieu voudrait faire pour le remettre. Ce péché n’est donc pas irrémissible « absolument>>, mais<< relativement » ; ou, en d’autres termes, la rémission de ce péché est non pas « impossible », mais « très difficile » ; de même qu’il faudrait un miracle dans l’ordre physique pour guérir la maladie incurable dont nous parlons, ainsi il faudrait une grâce exceptionnelle, un miracle de grâce pour remettre le péché dont il s’agit. Tel est le fond des explications des Pères et des saints Docteurs. S. Athanase, Epistola iv ad Serapionem, n. 15-16, t. xxvi, col. 657-661 ; S. Jean Chrysostome, Homilia xli in Matth., 3, t. lvii, col. 449 ; S. Ambroise, De Spirilu Sancto, I, iii, 53-54, t. xvi, col. 716-717, et In Lucam, vii, 121, t. xv, col. 1729-1730 ; S. Augustin, Sermo lxxi, 6-24, t. xxxviii, col. 448-458, et In Epist. ad Romanos, 14-22, t. xxxv, col. 2097-2104 ; S. Fulgénce, De remissione peccatorum, i, 24, t. lxv, col. 547 ; Pacianus, Epist. m ad Sympronianum, 15, t.xm, col. 1073-1074 ; S. Thomas, II », II*, q. xiv, a. 3 ; S. Bonaventure, Breviloquium, part. III, c. xi, Venise, 1754, t. v, p. 42-43. À cette explication revient aussi celle du P. Knabenbauer, d’après lequel Jésus-Christ dit du blasphème en question, non pas précisément qu’il est irrémissible, mais que, de fait, il ne sera pas remis, par un juste décret de Dieu, refusant au blasphémateur la grâce de la pénitence. Cf. Knabenbauer, Comment, in Evang. S. Matth., in-8°, Paris, 1892-1893, t. t, p. 487-495.

S. Many.

    1. BLASTE##

BLASTE, BLASTUS (BÀiatoç), chambellan ou camérier, i èitl toû xoiràvoç, qui erat super cubiculum régis, du roi Hérode Agrippa I er. Act., xil, 20. Sa position correspondait à celle des prœpositi sacro cubiculo de Rome. Ces personnages étaient généralement des eunuques. Blastus jouissait d’une certaine influence auprès de son maître. À la demande des Tyriens et des Sidoniens, il obtint pour eux une audience du roi, à qui ils venaient demander la paix.

    1. BLAYNEY Benjamin##

BLAYNEY Benjamin, pasteur anglican et hébraïsant célèbre, mort le 20 septembre 1801. Il enseigna la Jangue hébraïque à Oxford, et fut chanoine de l’église du Christ. Il mourut recteur de Polshot. Ses travaux ont une réelle importance pour l’étude des Saintes Écritures. Ses principaux ouvrages sont : The Holy Bible, with marginal références, in-4°, Oxford, 1769 ; À dissertation by way of inquiry into the import and application of the vision, related Daniel, ix, 30, to the end, usually called, Daniel’s prophecy of seventy weehs, in-4°, Oxford, 1775 ; Jeremiah and Lamentations. À new translation, with notes, critical, philological, and eocplanatory, in-8°, Oxfovd, 1784 ( une édition de ce travail fut publiée, in-8°, Londres, 1836) ; Pentateuchus hebrseo-samaritanus charactere hebrxo-chaldaico, in-8°, Oxford, 1790 ; Zechariah. À new translation with notes and an appendice in reply to D’Eveleigh’s sermon on Zach., ii, 8-11. To which is added a dissertation on Daniel, ix, 20-27, in-4°, Oxford, 1797. En outre, sont conservés dans la bibliothèque de Lambeth des travaux manuscrits de Blayney sur les Psaumes, les petits prophètes, le cantique de Moïse.

B. Heurtebize.