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BITHYNIE — BITUME


entre 440 et 430 avant J.-G., portèrent pour la plupart le nom de Nicodème, comme les rois grecs d’Egypte celui de Ptolémée. Strabon, xii, 4, 1. ilithridate II Eupator s’empara de la partie de la Bithynie qui s’étendait depuis le royaume du Pont jusqu’à Héraclée. Le reste du pays resta sous le gouvernement des rois bithyniens.

Quand les Romains s’emparèrent du royaume de Mithridate, ils gardèrent les mêmes limites ; l’Héracléotide fit partie du Pont, le reste appartint à la Bithynie. Strabon, xii, 3, 2. Par testament, le dernier roi de Bithynie, Nicodème III Philopator, laissa la Bithynie aux Romains, en l’an 74 avant J.-G. Appien, Bell, cïv., 1, 111 ; Tite Live, Epît., xciii. Cf. Lebas-Waddington, Voyage archéologique, t. iii, p. 173.

En 65, la partie occidentale du royaume du Pont, conquis sur Mithridate, fut jointe par Pompée à la Bithynie, et forma avec elle une province qui porta le nom de Bithynia et Pontus ou de Bithynia-Pontus. Corp. Insr. latin., xi, ii, 1183 ; Corp. Inscr. grœc, 1720, etc. Le Pont annexé à la Bithynie formait le littoral de la Paphlagonie depuis Héraclée jusqu’au Halys. Plutarque, Pompée, 38 ; Tite Live, Epit., en ; Strabon, xiii, 3, 1, 2, 7. Voir Pont. En 33, la ville d’Amisus (Sampûn) fut annexée à la province par Antoine. — La province de Bithynie et de Pont fut gouvernée d’abord par un propréteur. Appien, ilfithrid. , cxxi. En l’an 27 avant J.-G., lors du partage des provinces entre le sénat et l’empereur, la province de Bithynie et de Pont fut attribuée au sénat et gouvernée par un proconsul. Dion Cassius, Lin, 12. Cf. Eckhel, Doctrin. Num., t. H, p. 400-403. En l’an 20 avant J.-G., Auguste se rendit en Bithynie, pour mettre l’ordre dans l’administration. Dion Cassius, uv, 7. Cf. Pline le Jeune, Ad Trajan. Epist., lxxix, lxxx, lxxxiv. Trajan y envoya Pline le Jeune, avec des pouvoirs extraordinaires et le titre de legatus pro prsetore provincise Ponti et Bithynise consulari poteslate. Corp. Insc. latin., /, 2, 5262. Cf. Pline le Jeune, Ad Trajan. Epist., xxxii (xli), cxvii (cxviii). C’est pendant le cours de cette mission que Pline écrivit à Trajan la fameuse lettre dans laquelle il lui demandait la conduite à tenir à l’égard des chrétiens, et reçut la réponse qui servit de loi à ce sujet pendant de longues années. Pline le Jeune, Ad Trajan. Epist., xevi (xcvn), xcvii (xcvm).

La province de Bithynie renfermait peu de troupes ; au contraire, le service financier y était très considérable. Les nombreux pâturages de la partie occidentale étaient affermés, sous la république, à une Societas bithynica publicanorum, ainsi que les biens royaux devenus ager publiais. Cicéron, Ad famil., xiii, 9 et 65 ; De leg. agrar., Il, 19, 50. Ces biens furent administrés, à l’époque impériale, par un procurator, Dion Cassius, lx, 33 ; Corpus Inscr. grœc., 3743.

La Bithynie et le Pont avaient chacune une certaine autonomie. La métropole de la Bithynie était Nicomédie. Mionnet, Suppl., t. v, p. 170, n° 983. Elle lutta contre Nicée pour obtenir ce titre. Strabon, xii, 4, 7. À Nicomédie s’élevait un temple consacré à l’empereur, où se tenait le xotvôv B161m’  « ; , assemblée des xoivéëouXot, ou délégués des cités, pour la célébration du culte impérial. Le président de l’assemblée s’appelait piOtwâpxii ;  ; ses fonctions étaient les mêmes que celles de l’asiarque en Asie. Corp. Inscr. grsec, 1720, 3428 ; Lebas -’Waddington, Voyage archéologique, t. iii, 1142, 1176, 1178 ; O. Hirschfeld, Sitzungsberichte der kônigl. Pr. Akad., 1888, p.888, note 61 ; E. Beurlier, Le culte impérial, p. 122. Voir Asiarque.

La Bithynie était divisée en circonscriptions ou diocèses, dont les monnaies nous font connaître les capitales. C’étaient Nicomédie, Nicée, Curs ou Pnisias sur la mer, Apamée, Tius, Prusias au pied de l’Hypius, Chalcédoine, Bithynium ou Claudiopolis, Cratia, Juliopolis et peut-être Dascylium. Amisus et Chalcédoine étaient villes libres ; Apamée et Sinope, colonies romaines fondées par César.

La partie méridionale et orientale est couverte de mon tagnes. La chaîne de l’Olympe, près de Prusa, est couverte de neige pendant l’hiver. Les chaînes de l’Orminium et de l’Olgassys sont également très hautes. Ces montagnes vont généralement de l’ouest à l’est, parallèlement à la côte et en inclinant légèrement vers le nord-est. Elles sont coupées de larges vallées, dirigées vers le nord, comme celles du Sangarios et du Halys. À l’ouest du Sangarios il y a plusieurs lacs considérables, Pline le Jeune, Ad Trajanum Epist., xli (l), xm (li), lxi (lxix), lxii (lxx). Cette région occidentale était aussi couverte de belles forêts. Voir A. Schoenemann, De Bithynia et Ponto provincia romana, in-4°, Gœttingue, 1855 ; G. Perrot, Exploration archéologique de la Galatie et de la Bithynie, 2 in-f », Paris, 1862-1872 ; B. Schwarz, Quer durch Bitkynien, in-8°, Berlin, 1889 ; T. Mommsen et J. Marquait, Manuel d’antiquités romaines, 1892, trad. franc., t. xi, p. 263 ; T. Mommsen, Histoire romaine, trad. franc., Paris, 1889, t. x, p. 93 ; H. Kiepert, Manuel de géographie ancienne, trad. franc., in-8°, Paris, 1887, p. 60.

E. Jacquier.

BITUME. Hébreu : hêmâr, de fyâmar, « bouillonner, écumer, » cf. Gen., xiv, 10 ; Strabon, XVI, 11, 45. Septante : S<yipaXTo « ; Vulgate : bitumen.

I. Description. — Les bitumes sont des matières minérales, résultant du mélange naturel de divers carbures d’hydrogène avec des composés oxydés. Ils sont très fréquents dans les régions volcaniques et doivent être attribués à d’abondants épanchements d’hydrocarbures, se rattachant à la phase solfatarienne des volcans. Ils se présentent sous trois aspects : solides, mous, liquides. Les solides comprennent les asphaltes ; les mous, les malthes ou pissasphaltes ; les liquides enfin, les pétroles et les naphtes. L’asphalte (affçaXTo ; ), le véritable bitume de Judée, solide, est noir ou brun, amorphe, d’un éclat vitreux et résineux ; sa cassure est conchoïdale ; il s’électrise négativement par le frottement, fond au-dessous de 100°, et brûle avec flamme et fumée, en dégageant une odeur suffocante. Très peu soluble dans l’alcool, il se dissout en partie dans l’essence de térébenthine et dans le naphte. C’est très probablement cette dernière combinaison naturelle qui donne naissance aux bitumes mous.

Les bitumes se rencontrent aujourd’hui dans toutes les parties du monde, changeant de nom suivant les contrées où on les découvre. Dans l’ancien continent, la Judée est une des contrées les plus riches en bitumes ; la mer Morte doit même son nom de lac Asphaltite au bitume qui monte parfois sous forme d’écume à sa surface, et que le vent pousse sur ses bords en masses qui se solidifient et deviennent plus dures que la poix. La Susiane et la Babylonie avaient également du bitume. À Hit, en particulier, sur le moyen Euphrate, on en trouve des sources très abondantes. C’est de là, dit Hérodote, i, 179, qu’on tira le bitume nécessaire à la construction des murs de Babylone.

Comme les bitumes proviennent soit de sources, soit de gangues, ils sont recueillis de différentes manières ; mais les systèmes scientifiques modernes ont en grande partie remplacé le procédé primitif des anciens, qui consistait à faire bouillir simplement les gangues bitumeuses dans l’eau. Le bitume montait à la surface, et les résidus terreux se déposaient au fond des récipients.

Le bitume, à cause de ses propriétés dessicatives, était employé par les. Égyptiens dans l’embaumement des momies, mais dans les embaumements moins soignés et moins coûteux ; car pour les plus luxueux on préférait en général la résine de cèdre. La grande pureté de ce bitume le fit rechercher au moyen âge pour les remèdes : les Arabes l’extrayaient des tombeaux et le vendaient sous le nom de Moumia.

Aux environs des sources de bitume on rencontre une terre imprégnée de matières bitumineuses que Strabon, vu, 5, 8, désigne sous le nom d’Ampélite. Elle servait à combattre les vers qui rongeaient les pieds de vigne.