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Chez les Égyptiens, le goût extrême de la parure, dont nous retrouvons les traces dans le Pentateuque, Exod., xii, 35 ; xxxii, 2 ; Num., xxxi, 50, est attesté par les peintures des monuments et par la quantité prodigieuse de bijoux trouvés dans les tombeaux. « Non contents de s’en parer à profusion pendant la vie, ils en chargeaient les bras, les doigts, le cou, les oreilles, le front, les chevilles de leurs morts. » G. Maspero, L’archéologie égyptienne, in-8°, Paris, 1887, p. 304-305. Dans le convoi funèbre qui accompagne le défunt à sa dernière demeure, avec le défilé des armes vient celui des bijoux (fig. 544). On voit également sur plusieurs monuments le joaillier en

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543. — Palmyrénienne parée de ses bijoux. Bas-relief du British Muséum. L’inscription, à droite, contenait le nom du personnage, mais il n’en existe plus que la fln.^On peut traduire ainsi cette inscription : « … ta, fille d’Ogehi Salmaui, femme de fiab’el-Yarûa. »

train de fabriquer diverses sortes de bijoux et les étalant sous les yeux des chalands. — En Chaldée et en Assyrie, les fouilles n’ont pas été si heureuses : on a trouvé peu de bijoux d’or et d’argent, bien que les inscriptions témoignent de l’emploi de ces métaux dans les objets de parure et de leur profusion. « Mais ce sont surtout les figures des bas-reliefs qui nous renseignent sur le goût de la parure chez les Assyriens et sur les œuvres des orfèvres de Ninive et de Babylone. » E. Babelon, Manuel d’archéologie orientale, in-8°, Paris, 1888, p. 153-154 ; Perrot et Chipiez, Histoire de l’art, t. ii, La Chaldée et l’Assyrie, p. 760-765. Cf. Ezech., xxiii, 42 ; Dan., v, 7, 16. On a retrouvé plusieurs moules dont se servaient les bijoutiers assyriens pour fabriquer leurs bijoux, moules semblables à ceux des bijoutiers arabes de nos jours (fig. 545). — On constate le même goût chez les Perses (cf. Esth., viii, 2, 15), qui du reste imitèrent les produits de l’industrie chaldéenne, tout en donnant un cachet original à leurs œuvres. — Plus encore que ces peuples, les Phéniciens étaient habiles dans la fabrication des bijoux : sans doute ils empruntaient l’idée soit à l’Egypte,

soit à l’Assyrie ; mais ils la rendaient avec une étonnante variété de formes, avec un art souvent exquis. Aussi faisaient-ils un grand commerce de bijoux ; ils les exportaient sur toutes les côtes de la Méditerranée et dans l’intérieur de l’Asie jusqu’en Mésopotamie. Perrot et Chipiez, Histoire de l’art, t. iii, Phénicie, p. 816-843. — Les petits peuples qui entouraient les Hébreux, les tribus nomades de l’Arabie, en particulier les Madianites, avaient un amour extrême pour les riches parures. Ils en attachaient jusqu’au cou de leurs chameaux. Jud., vni, 21, 24-26.

Les Hébreux ne font pas exception à la règle générale. A l’époque des patriarches, Gen., xxiv, 22 ; xxxv, 4 ; xxxviii, 18, à la sortie d’Egypte, Exod., iii, 22 ; xxxii, 2 ; xxxv, 22 ; Num., xxxi, 50, 52, on constate ce goût très prononcé pour les bijoux. Il en est ainsi à plus forte raison sous les rois, au temps de la plus haute prospérité des Hébreux. Is., lxi, 10 ; Jer., ii, 32 ; Ose., ii, 13, etc. Le Cantique des cantiques en particulier, en décrivant symboliquement la parure de l’épouse du Messie, mentionne les nombreux bijoux dont se paraient les femmes d’Israël. Cant., i, 10, 11 ; iv, 4, 9 ; v (hébr.), 14 ; vii, 1 ; viii, 6. Les Proverbes ne font pas moins d’allusions à ces ornements. Prov., i, 9 ; iv, 9 ; xi, 22 ; xx, 15 ; xxv, 12. Parfois même, par suite du relâchement des mœurs, ce luxe va si loin, que les prophètes s’élèvent avec force contre les excès. Ainsi, sous le règne prospère d’Ozias, les femmes juives en étaient venues au point de porter sur elles un véritable étalage de bijoux. Par l’accumulation minutieuse et ironique de tous les détails de leur toilette, Isaïe, iii, 16-26, se moque de cet abus, le flagelle et leur annonce le sort ignominieux qui les attend en retour.

Chez les Hébreux, comme partout en Orient du reste, les hommes se couvrent de bijoux comme les femmes, avec moins de profusion cependant. En cela les pauvres imitent les fiches, la seule différence est que la matière est moins précieuse. Aujourd’hui encore on voit en Palestine de pauvres femmes en haillons fieres de leurs anneaux, nézem, bracelets en fer ou en verre. On portait ces bijoux en tout temps ; mais les jours de fête, comme ceux des noces, on se paraît avec plus de richesse et de profusion. Is., lxi, 10 ; Jer., ii, 32. On les quittait en signe de deuil. Exod., xxxiii, 4-6. —Dans leNouveau Testament, la morale évangélique impose plus de réserve dans l’usage des parures. I Petr., iii, 4. Saint Paul, I Tim., il, 9, recommande aux femmes chrétiennes, surtout dans le lieu saint, la modestie qui exclut les vains ornements.

Les bijoux portés par les Hébreux ne sont pas parvenus jusqu’à nous comme ceux des Égyptiens ou des Phéniciens. Nous pouvons cependant nous faire une idée assez juste du style de leurs bijoux, en étudiant l’art des peuples avec lesquels ils furent en contact. En cette branche de l’art comme en architecture, ils ne furent pas originaux ; ils reçurent de l’étranger et les modèles et les articles eux-mêmes. Ainsi, en passant la mer Rouge, ils emportèrent des bijoux de fabrication égyptienne : c’est dire que s’ils fabriquèrent alors des bijoux, ce dut être dans le même style et d’après les mêmes procédés. — Dans les temps qui précédèrent la captivité, au contraire, les rapports furent plus fréquents et plus étroits avec Ninive et Babylone : l’influence de ces deux capitales dut se faire sentir successivement. Mais c’est aux Phéniciens surtout qu’ils devaient acheter leurs articles de parure : ce peuple marchand colportait ses bijoux sur toutes les côtes de la Méditerranée comme dans l’intérieur de l’Asie ; on y retrouve fréquemment les produits de leur industrie. G. Perrot, Histoire de l’art, t. iii, p. 885 ; t. iv, p. 448. Ezéchiel, xxvii, 17, parle des échanges qui se faisaient entre la Phénicie, Juda et Israël. Sous les rois, des Israélites durent se former à l’école des Phéniciens et fabriquer eux-mêmes d’après les modèles courants. Ils en bannirent seulement sans doute les symboles des divinités étrangères, quand ils furent fidèles à Jéhovah.

Voici la liste par ordre alphabétique des bijoux men-