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1779.

BIBLES EN IMAGES

1780

pose cet ouvrage en latin ont été dispersées dans différentes bibliothèques. La première partie, comprenant depuis la Genèse jusqu’à Job inclusivement, a 224 feuillets écrits d’un seul côté, et environ 1 780 petits tableaux où les personnages se détachent sur un fond or. Il est conservé à l’université d’Oxford : ms. 270 b, fonds Bodléien (n° 2937 du catalogue de Bernard ; arch. BodI. A. 154 ; auct. B. 4 6). La suite ou deuxième partie, contenant depuis la fin de Job jusqu’aux petits prophètes inclusivement, se compose de 222 feuillets avec 1800 tableaux sur fond or. Il est à la Bibliothèque nationale, à Paris : ms. latin 11560, provenant de l’abbaye de Saint-Germaindes-Prés. Une page (fol. 4) a été reproduite dans l’album paléographique de la Société de l’École des chartes (pi. 37). La troisième partie est représentée par un manuscrit du fonds harléien, au Musée Britannique. Il avait autrefois 184 feuillets ; il est coupé maintenant en deux tomes, classés sous les n° s 1526 et 1527, n’ayant plus, par suite de la perte de quelques pages, que 178 feuillets avec 1 424 tableaux. Ils comprennent les Machabées, dans le n° 1526, et les Évangiles, les Actes, les Épîtres de saint Paul et l’Apocalypse, dans le n° 1527. L’ouvrage complet devait donc comprendre 630 feuillets et 50Û0 tableaux environ. Les huit derniers feuillets qui restent d’un autre exemplaire absolument semblable au précédent, et appartenant à M. le vicomte de Hillerin, permettent de combler quelques-unes de ses lacunes, et surtout de penser que ce fut sous les auspices de saint Louis qu’une œuvre si considérable fut entreprise. Sur le dernier feuillet, occupé par une grande peinture à quatre compartiments, on vStt à droite un roi, à gauche une reine, et au, - dessous deux religieux, dont l’un dicte le texte d’un livre placé sur un pupitre, et l’autre écrit ou peint la Bible moràlisée. Cf. le tableau et la notice du manuscrit par M. l’abbé Auber, dans les Mémoires de la Société des antiquaires de l’Ouest, 1838, p. 157-168, et pi. vi et vu. Comme l’écriture et l’enluminure soit du manuscrit en trois parties, soit de ce fragment, conviennent parfaitement au temps de saint Louis, il est naturel de voir dans ce tableau une dédicace à ce saint roi et à sa mère Blanche de Castille ou à la reine Marguerite de Provence. En tout cas, c’est tien une œuvre française, comme le prouvent les indications en français destinées à diriger les artistes dans leur travail. Il a été fait plusieurs copies de la première rédaction. Nous venons de signaler un fragment d’une de ces copies. L’incendie de Londres, en 1666, en détruisit une autre, d’après Th. Hearne, Remarks and collections, i, 44. Une copie du xiv 8 siècle, à peu près achevée, ornée de 4 976 dessins au trait, se conserve au Musée Britannique, n° 18719 du fonds additionnel.

La seconde rédaction se fait remarquer par des développements, moins longs que dans la première pour un certain nombre de passages. Elle est représentée par le ms. n° 167 du fonds français de la bibliothèque Nationale. Dans ce manuscrit, le texte latin est accompagné d’une version française, dont le style paraît dénoter la deuxième moitié du xtv= siècle. « Il y a tout lieu de supposer, dit M. Léopold Delisle, que c’est la Bible en latin et en français que Philippe le Hardi, duc de Bourgogne, avait fait commencer vers l’année 1401, et dont il avait confié la décoration aux deux enlumineurs Polequin et Jannequin Manuel, Bible à laquelle Jean sans Peur faisait encore travailler en 1406, avec l’intention de l’offrir à Jean, duc de Berri. » On y compte environ 5100 petits tableaux en grisaille. — Un second exemplaire, qui paraît avoir été fait dans les premières années du x « siècle, présente la même disposition pour le texte et les peintures. C’est le ms. 166 du fonds français de la Bibliothèque nationale. Il suit pas à pas le ms. 167, mais il est inachevé ; il s’arrête au milieu du livre d’Isaïe. Le texte est le même, mais les sujets des tableaux présentent de notables différences. Le frontispice est superbe. Il a été gravé avec quelques petits tableaux par Saint -Aubin, dans Notices

et extraits des manuscrits, t. VI, après la p. 124. — La Bibliothèque impériale de Vienne possède aussi un manuscrit de la Bible moràlisée (aujourd’hui coté 1179) qui remonte au xm « siècle. Ce manuscrit de 246 feuillets a huit médaillons sur chaque page, sauf la première : ce qui donne un total d’environ 1 964 petits tableaux. Les différences notables du texte sembleraient d’abord indiquer une rédaction très distincte, mais une comparaison attentive montre la dépendance où il se trouve par rapport à la première rédaction, dont les trois volumes conservés à Oxford, à Paris et à Londres, nous offrent un spécimen.

II. Bible historiée toute figurée. — Cet ouvrage suit le même plan général que la Bible moràlisée ; mais on trouve de notables différences dans le choix des textes, et surtout dans les explications. Les trois corbeilles que le panetier de Pharaon voit en songe (Gen., XL, 16) sont ainsi expliquées dans la Bible moràlisée : « Ce panetier segnefie ceus qui pecchent par ces trois péchiez ci, avarice, orgueil, luxure, qui sont figuré par paste, par farine, par chars. » (Ms. fr. 167, fol. 13.) Dans la Bible historiée toute figurée, on lit cette explication plus développée : « Ce que li panetiers sonja qu’il portoit trois corbeilles de paste, de farine et de char : paste, qui est glueuse, senefie convoitise ; la farine, qui est chose vaine, senefie orgueil ; la char, luxure. Cil qui [portent] les trois corbeilles et les oisiauz qui bêchent la char senefient cels qui dorment en ces trois péchiez que nos avons devant dit, et deables les enchaoinent et traient en enfer. » (Ms. fr. 9561, fol. 28 v°.) La rédaction toute en français date de la fin du xm" siècle ou du commencement du xiv a. Aucun manuscrit complet n’a été signalé. Le manuscrit français 9561 de la Bibliothèque nationale contient depuis la Genèse jusqu’aux Juges inclusivement, et immédiate- 1 ment après donne la vie de Jésus-Christ. Pour l’Ancien Testament, les pages sont partagées par le milieu : la partie supérieure est réservée ordinairement aux types et aux figures, c’est-à-dire à l’Ancien Testament ; la partie inférieure à la réalisation, c’est-à-dire au Nouveau, ou bien à une allégorie mystique ou morale. On trouve d’abord deux sujets sur chaque page ; mais ensuite presque constamment trois sujets de l’Ancien Testament dans la moitié supérieure, et trois sujets correspondants dans le bas, soit six tableaux. Voici le texte du tableau de la création représentant l’œuvre du troisième jour : « Ici départ Dex la terre de la mer, et garaist la terre d’arbres et d’oisiaus, et la mer de poissons, de gros et de menus.

— La terre senefie sainte Église ; les oiseus senefient les diverses genz del munde qui acrochent sainte Église ; les granz poissons senefient les granz usuriers qui manjuent les petit, ce sunt la povre gent. » Les soixante-seize dernières pages peintes représentent la vie de Notre-Seigneur JésusChrist, dans des tableaux gui ne laissent que la place d’une courte légende, par exemple, fol. 133, verse- : « C’est l’histoire comment la vierge Marie enfanta Nostre Seigneur Ihesu Crist, et puis l’envoloupa en dras et le posa en la mangeoire, ensi que saint Luc le dist en son évangile, u secunt capitle. » Les premières pages sont des scènes de la vie de la sainte Vierge, empruntées aux évangiles apocryphes. — Un autre manuscrit du XIIIe ou XIVe siècle, conservé à Vienne, inscrit au n° 2554 de la Bibliothèque impériale, sous le titre de Bïblia historicoallegorico-iconologiea Veteris Testamenti, contient tout l’Ancien Testament. Chaque page a huit médaillons à fond d’or, et à droite et à gauche des peintures on a ménagé une bande assez étroite pour le texte explicatif. C’est le même texte que le manuscrit de Paris, sauf quelques légères modifications. — Des peintures du Pentateuque de la Bible historiée toute figurée, dérivant du manuscrit français 9561, se retrouvent sur les marges d’un livre d’heures, le manuscrit latin 9471 de la Bibliothèque nationale, qui a été exécuté pour un membre de la famille de Rohan. Les sujets et les légendes