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1773
1774
BÈZE — BIANCHINI


maître, imbu des nouvelles erreurs protestantes, fut obligé de quitter la France, Théodore de Bèzé revint à Orléans faire ses études de droit. En 1539, il était à Paris, et son oncle lui obtint une abbaye dans le Beaujolais et le prieuré de Longjumeau. Ce fut à ce moment qu’il publia, sous le titre de Juvenïlia, des poésies qui donnent une bien triste idée de ses mœurs. En 1548, il renonça à ses bénéfices, et, prenant ouvertement le parti de la réforme, alla habiter Genève. Peu après, il fut nommé professeur de grec à l’université de Lausanne, où il publia un traité De hxreticis a civili magistratu puniendis, in-8°>, Paris, 1554, pour justifier le supplice du malheureux Servet, brûlé en 1553. Trois ans plus tard, il publia sa version du Nouveau Testament, qui eut un grand succès près des calvinistes, ses coreligionnaires. Il fit plusieurs voyages près des princes luthériens d’Allemagne, afin de solliciter leur protection en faveur des protestants français. En 1559, il se fixa à Genève, où Calvin lui obtint le droit de bourgeoisie et le fit nommer professeur de théologie, puis recteur de l’université fondée en cette ville. Il assista au colloque de Poissy, en 1561, et, près du prince de Coudé, prit part aux guerres civiles et religieuses qui désolèrent la France. Chef des calvinistes après la mort de Calvin, il prit part en cette qualité à divers synodes ou colloques. Son œuvre principale est son édition du Nouveau Testament grec : Novum Testamentum, cujus grxco contextui respondent interprétation es duse, una vêtus (la Vtilgate), altéra Iheodori Beza}, in-f", 1565, 1576, 1582, 1598. On a porté sur cet ouvrage des jugements fort différents, mais on s’accorde généralement à reconnaître que c’est la première édition du texte grec qu’on puisse appeler critique, parce que Bèze se servit de dix-sept manuscrits, auxquels il ajouta, en 1582, dans la troisième édition, le Codex Cantabrigiensis et le Codex Claromontanus, la Peschito et la version arabe. Malheureusement, de l’aveu de tous, il fit de ces manuscrits un usage arbitraire ; il n’avait pas les qualités nécessaires à un critique, il se laissa influencer dans le choix des leçons beaucoup plus par des raisons dogmatiques que par des raisons de critique. On estime communément les notes qu’il joignit au Novum Testamentum, notes dont la meilleure édition est celle de Cambridge, in-f », 1642. Il travailla aussi à l’édition française dé la Bible corrigée sur l’hébreu et le grec par les pasteurs de l’Église de Genève, in-f », 1588. Nous citerons encore de cet hérétique célèbre : Traduction en vers français des psaumes omis par Marot, in-4°, Lyon, 1563 ; Responsio ad defensiones et reprehensiones Sebastiani Castalionis quibus suam Novi Testamenti interpretationem defendere et ejus versionem vieissim reprehendere conatus est, in-4°, Paris, 1563 ; Methodica apostolicarum epi-Molarum brevis explicatio, in-8°, Genève, 1565 ; Lex Dei moralis, ceremonialis et politica ex libris Mosis excerpta et in certas classes distributa, in-f°, Bâle, 1577 ; Jobus commentario et paraphrasi illustratus, in - 4°, Genève, 1583 ; Canticum canlicorum latinis versibus expressum, in-8°, Genève, 1584 ; Ecclesiastes Salomonis paraphrasi illustratus, in-4°, Genève, 1588 ; Adnotationes maj ores in Novum D. N. Jesu Christi Testamentum in duos distributse partes, in-8°, Paris, 1594. — Voir N. Taillepied, Vie de Théodore de Bèze, in-12, Paris, 1577 ; Douai, 1616 ; Fay, De Vita et obitu Th. Bezse Vezelii ecclesiastae et sacrarum litterarum professori ? Genevæ, in-4°, Genève, 1606 ; Solomeau (Pierre), Érief discours de la vie et de la mort de Th. de Bèze, avec le catalogue des livres qu’il a composés, in-8°, Genève, 1610 ; Schlosser, Leben des Theodor Beza und des P. M. Vermili, Heidelberg, 1809 ; J. W. Baum, T. Beza, nach handschriftlichen Quellen dargestellt, 2 in-8°, Leipzig, 1843-1851 ; Richard Simon, Mistoire critique du Nouveau Testament, in-4° (1693), p. 751 ; Id., Histoire critique des versions du Nouveau Testament, in-4°, 1690, p. 285 ; H. Heppe, Th. Beza, Xeben und ausgewâhlte Schriften, in-8°, Elberfeld,

1861.

B. Heurtebize.
    1. BÉZEC##

BÉZEC (hébreu : Bèzéq ; Septante : BeÇéx), nom mentionné deux fois dans l’Écriture, Jud., i, 4-5 ; I Reg., xi, 8, et indiquant deux villes distinctes suivant les uns, une seule suivant les autres.

1. BÉZEC, résidence du roi chananéen Adonibézec, où dix mille hommes furent battus par les forces réunies des tribus de Juda et de Siméon. Jud., i, 4. Le roi, attaqué dans sa capitale, fut fait prisonnier et subit le traitement qu’il avait fait endurer aux princes vaincus par lui. Jud., i, 5-7. On a émis la supposition que cette ville pourrait être la ruine actuelle de Bezkah, au sud-est de Lydda. G. Armstrong, Wilson et Conder, Names and places in the Old and New Testament, Londres, 1889, p. 37. Mais est-elle réellement distincte de la suivante ? Voir

Bézéc 2.

A. Legendre.

2. BÉZEC (on lit aussi Bézech dans certaines éditions de la Vulgate), endroit où Saùl fit le dénombrement des troupes d’Israël et de Juda avant de marcher au secours de Jabès-Galaad. I Reg., xi, 8. Cette dernière ville était située à l’est du Jourdain ; son nom s’est conservé, dans VOuadi Yabis, qui rejoint le fleuve au-dessous de Beisân (Bethsan-Scythopolis). D’après l’ensemble du récit, Bézec ne devait pas être à plus d’une journée de marche de Jabès, sur la rive opposée. Or Eusèbe et saint Jérôme, Onomastica sacra, Gcettingue, 1870, p. 105, 237, mentionnent, de leur temps, « deux villages du nom de Bézec, voisins l’un de l’autre, à dix-sept milles (vingt-cinq kilomètres) de Néapolis, quand on descend vers Scythopolis. » On trouve encore aujourd’hui, dans la même direction et à la même distance, sur la route de Naplouse à Beisân, un Khirbet

dont le nom, (jjiîWj, ’Ibzîq, répond exactement à celui

de pT3, Bézéq. On peut donc fort bien y reconnaître le

lieu du recensement opéré par Saûl. Cf. Survey of Western Palestine, Memoirs, Londres, 1882, t. ii, p. 231, 237. On y distingue quelques ruines, des citernes et des souterrains, marquant un ancien site. — Cette ville, que Josèphe, Ant. jud., VI, v, 3, appelle BaXà, est, suivant certains auteurs, identique à la précédente, capitale d’Adonibézec. Il semble pourtant, d’après le récit de Jud., i, 3-9, qu’elle appartenait, sinon à la tribu de Juda, ꝟ. 3, au moins au sud de la Terre Sainte plutôt qu’au nord. Mais, s’il est certain que l’expédition des deux tribus méridionales réunies se dirigea du nord au sud, nous ne connaissons pas leur point de départ ; nous ne savons pas non plus si elles furent attaquées les premières par les Chananéens sous la conduite d’Adonibézec, ou si elles crurent nécessaire de réduire ces ennemis avant de soumettre ceux qui habitaient leur propre territoire. Dans ces conditions, la question nous semble difficile à trancher. Cf. F. de Hummelauer, Comment, in libros Judicum et Ruth, Paris, 1888, p. 41 ; Keil, Josua, Richter und Ruth, Leipzig, 1874,

p. 201. *

A. Legendre.
    1. BIANCHINI Joseph##

BIANCHINI Joseph, savant italien et neveu du célèbre François Biauchini, naquit le 9 septembre 1704 et mourut le 13 octobre 1764. En 1725, il devint chanoine et bibliothécaire du chapitre de Vérone ; plus tard, résignant son canonicat, il entra, le 24 juillet 1732, à l’Oratoire de saint Philippe de Néri, à Rome, où il entreprit, par ordre de Clément XII et de Benoit XIV, des travaux considérables d’histoire ecclésiastique et de liturgie. La critique biblique, qui avait été le premier objet de ses études, eut une part dans ses vastes publications. Il édita dans le tome iv des Œuvres d’Anastase le bibliothécaire, in-f°, Rome, 1735, sous ce titre : Psalterium cum canticis juxta Vulgatam antiquam latinam et Italam versionem, p. lxxxv-cxcii, le psautier latin de l’Italique, qu’il avait découvert dans un manuscrit de Vérone du VIe siècle. Le texte est accompagné d’un grand appareil critique. Une seconde édition, insérée dans les Vindicise canonicarum Scripturarum -