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BEURRE ~ BEZJE (CODEX)

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t. i, p. 59. Souvent, au lieu de baratter le lait, si on ne désire pas une grande quantité de beurre, on se contente de recueillir la crème qui se forme toute seule à la surface du lait, et on la fait immédiatement fondre sur le feu pour en recueillir le beurre comme précédemment. Pendant que le beurre est sur le feu, les Arabes ont l’habitude d’y jeter des plantes odoriférantes, comme une espèce de thym très commune, afin de donner au beurre un goût parfumé. Burckhardt, Notes on the Bédouins, 1. 1, p. 240. Comme le beurre doit son état plus ou moins solide à la présence d’une certaine quantité d’oxygène, il en perd la plus grande partie en passant par le feu, et reste alors fluide comme l’huile quand la température est assez élevée. Les Arabes le conservent ainsi longtemps dans des outres ou de grandes jarres, pour leurs usages journaliers ou pour le porter fort loin sur les divers marchés et le vendre. Voici comment ils l’emploient : on verse ce beurre fondu, sémen, sur du pain partagé en morceaux dans un vase et on le sert ainsi. Mais le plus souvent il est réservé pour les assaisonnements et la préparation de plusieurs mets comme le riz et le blé concassé. Robinson, Biblical Researches, t. ii, p. 427 ; Burckhardt, Notes on the Bédouins, t. i, p. 591, 238, 241. — Le lait de vache à peu prés seul est utilisé pour faire le beurre. Le lait de brebis, ne contenant qu’une très petite quantité de beurre, est employé directement ou sert à la fabrication du fromage.

Dans son dernier cantique, Moïse parle des excellents pâturages de la Palestine, qui permettront à Israël de se nourrir du « hém’âh, des vaches, du lait des brebis, de la graisse des agneaux ». Deut., xxxii, 14. — Les expressions « torrents de hém’âh », Job, xx, 17 ; « se laver les pieds dans le hém’âh, » Job, xxix, 6, sont des hy perboles orientales marquant l’abondance des biens, la richesse en troupeaux. — On servait le hém’âh avec le lait dans les repas. « Abraham prit du hém’âh (beurre ou lében) et du hâlâb (lait) et le veau qu’il avait fait cuire, » pour les servir aux trois envoyés célestes. Gen., xviii, 8. La version arabe de ce passage rend hém’âh par sémen, « beurre fondu, » et halab par lében. Robinson raconte, Biblical Researches, t. ii, p. 427, qu’ayant été invité prés d’Hébron par un scheick, celui - ci lui servit à la fois du sémen versé sur du pain et le lében ou lait caillé. — On faisait des préparations au beurre ou à la crème, appelées hâmâ’ôf, qui avaient la douceur de l’huile. Ps. lv (hébreu), 22. Dans ce passage, au lieu de mahâmâ’ôf du texte actuel, qui du reste peut avoir le même sens de « douceurs ou préparations au beurre », il est préférable de lire, d’après le parallélisme, le chaldéen et la version de Syrnmaque, mèhâmâ’ôt, mot composé de la préposition rnë (min), « plus que ; » et hâmâ’ôf, pluriel de hém’âh. — Le prophète Isaïe, vii, 22, annonce qu’après la dévastation de la terre d’Israël, les champs maintenant si bien cultivés, qui produisent le blé, le vin et l’huile en abondance, ne seront plus que de vastes pâturages. Aussi le lait et le hém’âh suffiront largement au petit nombre d’habitants demeurés dans le pays. « À cause de l’abondance du lait, on mangera du hém’âh. » Nombre d’exégètes voient dans le hém’âh et le miel la nourriture des enfants. Is., vii, 15. D’autres pensent que le prophète veut plutôt dire, d’après l’explication qu’il donne lui-même plus loin, vii, 22, que le rejeton de David, Emmanuel, sera réduit à se nourrir de cette pauvre nourriture, à cause de la désolation où se trouvera la terre d’Israël et de l’état d’humiliation où se verra réduite la maison royale de Juda.J.Knabenbauer, Commentarius in Isaiam, in-8°, Paris, 1887, t. i, p. 185-190. E. Levesque.

1. BEYLEY Anselme. Voir Bailey.

2. BEYLEY Robert Slater. Voir Bayley.

BEZ>E (CODEX). Cet important manuscrit bilingue,

grec et latin, des Évangiles et des Actes, appartient à la Bibliothèque de l’université de Cambridge, où il est coté Nn. 3. 41. On le désigne dans l’appareil critique du Nouveau Testament par la lettre D. Il est écrit à pleine page, le grec sur la page gauche, le latin sur la page droite, eu regard l’un de l’autre. Le parchemin, de moyenne finesse, est partagé en quaternions ou cahiers de huit feuillets. Le manuscrit a 406 feuillets, après en avoir eu primitivement 534 ; chaque page compte 33 lignes ; la dimension de chaque feuillet est de 26 centimètres sur 21, 5. Tant dans le latin que dans le grec, le texte est divisé en stiques ou versets, et c’est même le plus ancien manuscrit du Nouveau Testament qui présente cette division stichométrique. Ce manuscrit a été exécuté au VIe siècle. L’écriture est onciale, sans séparation des mots (sauf dans les titres), sans autre ponctuation qu’un point à la, fin de chaque stique. L’initiale de chaque paragraphe ou stique est poussée dans la marge, mais n’est ni décorée ni agrandie. Seules les trois premières lignes de chaque livre sont écrites à l’encre rouge, ainsi que les souscriptions finales. L’indication des sections ammoniennes a été ajoutée de seconde main au IXe siècle ; une main plus récente a mis dans les marges quelques indications pour la coupure des leçons liturgiques. L’écriture grecque et l’écriture latine présentent assez de ressemblance pour pouvoir être l’œuvre d’un même scribe. Le texte a subi maintes corrections : on compte jusqu’à huit mains différentes et de diverses époques qui ont modifié le texte premier, jusqu’à le rendre par endroits illisible : la plus ancienne de ces mains est celle du scribe lui-même. Le fac-similé ci-joint (fig. 540) est reproduit du Recueil de la Palseographical Society, pi. 14 et 15, et contient Luc, vi, 1-9.

Le manuscrit renferme les quatre Évangiles et les Actes, mais il présente quelques lacunes accidentelles : Matth., i, 1-20 ; vi, 20-ix, 2 ; xxviii, 2-12 ; Joa.. i. 16-m, 26 ; Act., viii, 29-x, 14 ; xxi, 2-10, 15-18 ; xxii, 10-20, 29-31, pour le grec ; Matth., i, 1-11 ; vi, 8-vtn, 27 ; xxvi, 65xxvii, 1 ; Joa., i, 1-m, 16 ; Act., viii, 20-x, 4 ; xx, 31-xxi, 2 ; xxi, 7-10 ; xxii, 2-10 ; xxii, 20-xxviii, 31, pour le latin. Le manuscrit contenait autrefois les Épîtres catholiques ; il n’en reste plus qu’un fragment, 1Il Joa., 11-15, en latin. On calcule, d’après le nombre des feuillets perdus, que le manuscrit contenait quelques livres de plus que les épîtres catholiques. Dans quelques courts passages, le texte a été intégralement recopié ou suppléé par un scribe du IXe siècle environ-. Matth., iii, 7-16 ; Marc, xvi, 15-20, etc. L’ordre des Évangiles dans le manuscrit était : 1° saint Matthieu, 2° saint Jean, 3° saint Luc, 4° saint Marc : cet ordre, où l’on voit la préséance donnée aux Apôtres, se rencontre dans quelques manuscrits de la version latine pré - hiéronymienne de la Bible, comme le Vercellensis, le Veronensis, le Monacensis, et encore dans la version gothique des Évangiles.

Le Codex Bezm est un manuscrit à part dans la tradition textuelle du Nouveau Testament. D se singularise d’abord par des additions. Ainsi après Matth., xx, 28, il insère l’addition ûpieîç 8è Çt]T£ït£ Ix (itxpoC aùSo-at-’éorai soi to’jto xpiijmpiov, soixante mots environ, empruntés, sauf les onze premiers, à l’Évangile de saint Luc, xiv, $1-$20. Cette addition ne se trouve en grec que dans le Codex Beratinus, en syriaque que dans la version Cureton, en latin que dans quelques manuscrits de la Bible pré-hiéronymienne. Ainsi encore en saint Luc, VI, le Codex Bezse ajoute à la suite du ꝟ. 5 : Tij avreïj ^uipoc-toû vôjiou : « Le même jour, voyant quelqu’un travailler le jour du sabbat, [Jésus] lui dit : Homme, si tu sais ce que tu fais, tu es heureux ; si tu ne le sais pas, tu es un maudit et un transgresseur de la Loi, » addition qui ne se rencontre en aucun autre manuscrit. Ainsi encore en saint Jean, VI, ’à la suite du ꝟ. 56, notre manuscrit ajoute : Kadwç èv l|ioi-Çior|v èv a-JTw : « De même qu’en moi [est] le Père et que je [suis] dans le Père : amen, amen, vous dis-je,