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BÉTHULIE


Raymond de Tripoli à l’église du Mont-Thabor du Casai de Bethsan, cite une terre « du côté de Béthélion », et ajoute que la limite du Casai touche, « au sud, à la vieille route, près de Béthélion. » On remarque parmi les signataires Gocelin de Chalmont et Pierre Raymond de Balma. Sébast. Pauli, Codex diplomat., 1733, n° 18, 1. 1, p. 19. Ce Béthélion paraît avoir été dans le voisinage de Fokoua, aux monts de Gelboé. C’est dans cette région que Thietmar, en 1217, semble placer Béthulie : « Je vis aussi, ’dit-il, les monts Gelboé… ; de même là, dans le voisinage, est Béthulie, ville de Judith. » Peregrinatio, édit. Laurent, 1857, p. 7. M. Fahrngruber pense que ce Béthélion n’est autre que Beth - Ilfa, Nach Jérusalem, Wurzbourg, l re édit., p. 395, note. Nous en parlerons plus loin.

Le dominicain Burkard, en 1283, indique Tibériade à deux bonnes lieues de Béthulie, « entre l’orient et le midi. » Laurent, Quatuor peregrinat., p. 44 et 45. Marino Sanuto, en 1321, marque Béthulie sur une carte suivant cette indication. Voir Bongars, Gesta Bei per Francos, IIe partie, p. 247, 251 et carte. Adrichomius place Béthulie également en Galilée et dans la tribu de Zabulon, à deux lieues vers le nord-ouest. Theatrum Terres sanctse, 1613, p. 137, et carte de Zabulon et Issachar. Or, à deux lieues au nord-ouest de Tibériade, nous trouvons la montagne appelée Qoroûn-Ifatfîn, « les Cornes de Hattin, » du nom du village assis vers sa base au nord-ouest. Elle domine le Merdj-Ifattîn ou « Pré de Hattin », qui se développe vers l’est. C’est sous cette montagne que, en 1187, Saladin défit Guy de Lusignan et les croisés. De nos jours, M. l’abbé Raboisson, En Orient, Paris, in-f°, 1887, appendice C, p. 328-340, a repris l’identification de Hattin. Selon lui, le nom de Béthulie se retrouve dans celui de Khirbet el-Medinet-eth-Thaouiléh, que les habitants de la contrée donnent quelquefois aux ruines qui couronnent le sommet de la montagne. Les autres localités citées avec Béthulie se reconnaîtraient encore aux alentours : Hattin serait Dothaïn ; Loubiéh serait Belma ; l’Hermon, près du Thabor, serait Chelmon. Toutefois, selon les habitants de Hattin, le nom de Khirbet el-Medinet-et-Taouîléh, « ruines de la ville longue, » est un nom moderne, qu’ils ont attribué à ces ruines à cause de leur forme : elles s’étendent, en effet, sur une longueur de plus de quatre cents pas, tandis qu’elles en mesurent moins de cent en largeur. Du reste, quoi qu’il en soit de l’étymologie, les indications bibliques ne paraissent guère convenir à la montagne de Hattin, qui est à près de deux lieues plus au nord que Bessoum, séparée de Jezraël et de sa plaine par le Thabor et les montagnes de la Galilée inférieure, à près de dix lieues des défilés des montagnes judéo-samaritaines.

Au xviie siècle, les Juifs croyaient, s’il faut ajouter foi au P. Nau, jésuite, que Saphet était l’ancienne Béthulie, ce qui ne paraît pas tout à fait improbable à l’auteur du Nouveau Voyage de la Terre Sainte, Paris, 1679, p. 563 et suiv. Mais Saphet, plus au nord encore que Hattin et loin de toute plaine, peut bien moins que toutes les localités précédentes se trouver dans les conditions indiquées. Outre ces endroits, les anciens ont identifié Béthulie avec divers autres, mais sans plus de fondements. De nos jours, quatre localités se sont surtout partagé les opinions : Messiliéh, Tell-Kheibar, Sanour et Beth-Ilfa. (Voir la carte, n° 533.)

1° Messiliéh ou Messilia est un village à deux lieues au sud de Djénin et de la plaine de Jezraël, à une grande lieue au sud-est de Dothaïn et à deux kilomètres de la route qui mène de Galilée en Judée par la Samarie. Il est assis sur les pentes septentrionales des monts qui ferment au sud la belle et assez spacieuse vallée nommée Ouadi el-Milk, « la vallée du Domaine. » Ce nom, pris pour Ouâd’el - Malik, « la vallée du Roi, » celui de l’endroit, qui a quelque ressemblance avec celui de Béthulie, sa situation assez rapprochée de Dothaïn et du chemin de la Judée, ont paru au lieutenant Conder, chef

de la Société du Palestine Exploration Fund, des motifs suffisants pour proposer l’identification de -Messiliéh avec Béthulie. Tentwork in Palestine, Londres, 1879, t. i, p. 99.

2° Le D’Riess, Bïbelvtlas, 2e édit., 1887, et plusieurs autres opinent de préférence pour Tell-Kheibar. C’est, ainsi que l’indique ce nom, une colline se dressant d’environ

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533. — Carte des divers sites attribués à Béthulie..

200 mètres au-dessus du Merdj - el - Gharouq, vers l’extrémité sud de cette plaine, à une heure plus au midi que Messiliéh. Elle est tout entière couverte de ruines paraissant remonter au temps des Juifs. Un mur construit en gros blocs assez grossièrement taillés l’environne ; une seconde enceinte, formée également de gros blocs, mais dont on ne voit plus guère que les arasements, s’élevait aux deux tiers de sa hauteur. Une tour d’environ dix mètres de côté couronnait le sommet. Les intervalles sont couverts de débris d’habitations sous lesquels on retrouve d’antiques