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BETHUL — BETHULIE


Siméon. D’autres assimilent Béthul à la Bï|9eX ! a dont parle Sozomène, H. E., lib. v, 15, t. lxvii, col. 1260. C’était un bourg des environs de Gaza, très peuplé et possédant des temples vénérés tant pour leur antiquité que pour leur structure ; il y avait surtout un Panthéon, placé sur une colline artificielle et dominant toute la ville, qui avait reçu de là son nom de « demeure des dieux ». Cette Béthélie ne peut être que le village actuel de Beit Lâhia, au nord-est de Gaza, visité par M. V. Guérin, Judée,

t. ii, p. 176.

A. Legendre.
    1. BETHULIE##

BETHULIE (grec : BeiuXoiia ; syriaque : Beit-Palou ; arabe : Beif-Faloua’), patrie de Judith, la célèbre héroïne qui sauva son peuple en tranchant la tête d’Holopherne, général de l’armée assyrienne. À l’arrivée des troupes envahissantes, les habitants de cette ville, obéissant aux ordres du grand prêtre, se mirent en devoir de leur barrer le passage. Enfermés dans leurs murs et privés d’eau, ils étaient presque réduits au désespoir, quand la mort d’Holopherne vint les délivrer. — Les indications sur Béthulie doivent être demandées de préférence à la version grecque, parce qu’elle les donne plus complètes et plus précises que la Vulgate, dont la traduction, comme nous en avertit son auteur, saint Jérôme, se contente d’exprimer le sens du texte chaldaïque, sans s’attacher à rendre toutes les paroles. Prasf. in Judith, t. xxix, col. 39. Nous citons done d’après le grec, tout en indiquant les passages correspondants ou analogues de la Vulgate.

1° Béthulie était située sur une montagne : grec, vi, 7, Al. 12, 13 ;-vil, 1, 7, 10, 12, x, 10 ; Vulgate : i, 8 et 9 ; "vu, 8 ; x, 11. — 2° Une source sortait du pied de la montagne, dans la vallée, près de Béthulie : vii, 3, 12 ; xii, 7 ; Vulgate : vii, 6 ; xii, 7. D’après ce dernier passage de la Vulgate, un aqueduc venant du sud aurait amené les eaux de la source à la ville ; Holopherne l’aurait fait couper. Au passage correspondant, le grec, vii, 12, et les autres versions disent seulement que la source coulait du pied de la montagne, et que le général la fit garder pour empêcher les assiégés de venir y puiser de l’eau. La traduction latine est ici sans doute défectueuse ; car il est difficile d’expliquer comment les eaux d’une source, sortant du pied de la montagne sur laquelle la ville était bâtie, pouvaient être amenées à cette ville par un aqueduc. Plusieurs autres sources, moins importantes cependant que cette première, étaient aux alentours de la ville ; Holopherne les fit également garder : vi, 11 ; vii, 7 et 17 ; Vulgate : "vu, 7. — 3° Béthulie était en face de Jezraël ou Esdrelon, dominait la plaine qui est vers Dothaïn et commandait les défilés qui donnent accès vers la Judée : iv, 6-7. La version grecque semble n’indiquer cette situation que pour Béthomestaïm : « Le grand prêtre Joachim, dit-elle, écrivit aux habitants de Bétyloua et de Béthomestaïm, qui est devant Esdrelon et en face de la plaine, près de Dothaïn, leur disant d’occuper les passages des montagnes, parce que c’est par eux que l’on va en Judée ; et il était facile d’en empêcher l’abord, les passages étant étroits et pas plus de deux hommes ne pouvant y passer à la fois. » La version syriaque applique toutes ces conditions aux deux localités : « Le grand prêtre… écrivit aux habitants de Beth-Palou et de Beth-Mastim, qui sont sur la chaîne des montagnes qui est en face de Jezraël et de la grande plaine voisine de Dothàn. » La Vulgate fait de même en disant que le grand prêtre écrivit « à tous ceux qui étaient en face d’Esdrelon 11. Du reste, la mission commune confiée aux deux villes suppose le voisinage et la parité de situation. — 4° Béthulie était voisine de Dothaïn, Belma et Cyamon ou Chelmon, située entre Dothaïn et Belma d’une part, et Cyamon d’autre part. Cette position ressort manifestement de la description de l’investissement de la ville par les Assyriens : « Ils établirent leur camp, dit la version grecque, dans la vallée, près de Béthulie, près de la fontaine, et ils s’étendirent en largeur sur Dothaïn et jusqu’à Belthem (divers manus crits ont Belbaïm et Belmaïm ; la Vulgate a Belma), et en longueur depuis Bétyloua jusqu’à Cyamon, qui est en face d’Esdrelon. » vii, 3. D’après la version arménienne, les assiégeants campaient « du côté du midi, en largeur de Dothaïm à Pelpem » ; d’après le syriaque, « depuis Qadmon jusqu’en face de Jezraël. » La Vulgate dit, vii, 3 : « Ils vinrent par le bas de la montagne jusqu’au sommet qui regarde sur Dothaïn, depuis le lieu qui est appelé Belma jusqu’à Chelmon, qui est contre Esdrelon. » Le voisinage entre Béthulie, Dothaïn et Belma devait être immédiat ; car Manassé, mari de Judith, « étant mort à Béthulie, sa ville, fut enseveli dans la sépulture de ses pères, dans le champ qui est entre Dothaïn et Bélamon. » vm, 3. La coutume des Juifs était d’ensevelir leurs morts dans le territoire de leur ville ; aussi la Vulgate dit-elle simplement : « Il mourut à Béthulie, sa ville, et il y fut enseveli, » viii, 3 ; et plus loin, au sujet de Judith : « Elle mourut et fut ensevelie avec son mari à Béthulie. » xvi, 28. Le champ entre Dothaïn et Belma doit donc être considéré comme commun aussi à Béthulie.

La tradition locale a perdu depuis longtemps le souvenir de Béthulie. Eusèbe et saint Jérôme ne nous en disent rien. Si, après eux, de nombreux voyageurs en parlent, c’est pour nous en donner des identifications qui se contredisent les unes les autres, et le plus souvent semblent tenir très peu compte des conditions géographiques et topographiques dans lesquelles la place l’Écriture.

Théodosius, vers 530, nous montre « Béthulie, où Holopherne fut tué par Judith, à douze milles de Raphia », qui est elle-même « à vingt milles de Gaza ». De Terra Sancta, édit. de VOrient latin, Itin. latin., t. i, p. 70-71. C’est la Béthélia dont parle Sozomène, H. E., v, 15, t. lxvii, col. 1200, appelée Betulia par saint Jérôme, dans la Vie de saint Hilarkm, t. xxiii, ’col. 44, identique sans doute à l’antique Béthul ou Béthuel de la tribu de Siméon, nommée au livre de Josué, xix, 4, et au I er des Paralipomènes, iv, 30. Calmet, se basant sur la similitude des noms et sur ce qu’Ozias, l’un des chefs de Béthulie, était de la tribu de Siméon, et peut-être Judith elle-même (cf. Judith, vi, 15 [ Vulgate, 11], et ix, 2), veut que Béthulie soit Béthuel de Siméoii. Comment, sur Judith, 1756, p. 331, et Dictionnaire de la Bible, t. i, p. 154. Mais il n’est nullement établi que les gouverneurs des villes et des régions, — comme, par exemple, les chefs préposés par David et Salomon, I Par., xxvii, 16 et suiv., et III Reg., iv, 7 et suiv., — étaient nécessairement et sans aucune exception de la tribu dans laquelle ils exerçaient leurs pouvoirs ; il est bien moins prouvé encore qu’une ville ne pouvait être habitée par des gens étrangers à sa tribu : Nazareth, par exemple, ne doit pas être cherchée dans la tribu de Juda parce qu’elle fut la résidence de Joseph et de Marie, qui étaient de la tribu de Juda.

Les relations du temps de la domination franque en Terre Sainte signalent généralement Béthulie à quatre milles de Tibériade, sans doute vers le sud, où la plupart d’entre elles indiquent Dothaïn : ainsi l’anonyme cité par M. de Vogué, dans Les églises de la Terre Sainte, p. 423 ; ainsi Jean de Wurzbourg, Patr. lat., t. clv, col. 1071 ; Théodoric, édit. Tobler, 1865, p. 102 ; Hégésippe, Fretellus, Odoric de Fréjus, et plusieurs autres qui paraissent copier les précédents. À une heure et demie au sud-ouest de Tibériade, à une demi-heure au sudest de Damiéh, se trouve, sur une colline, une ruine nommée Bessoum ; peut-être est-ce l’endroit désigné par ces relations. Mais cette situation, à près de sept lieues au nord de Bethsan (Scythopolis), où campait Holopherne avant le siège de Béthulie (Judith, grec, iii, 10), nullement en face de Jezraël et de la plaine de ce nom, loin de la chaîne dont les montagnes s’unissent au massif des monts de la Judée, n’est certainement pas celle que désigne l’Écriture.

Une charte de 1139, acte de la donation faite par