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BETHSAN — BETHSETTA


des plantes épineuses, soit par des légumes. Quant à la scène et à ses dépendances, il n’en subsiste plus que des arasements et quelques magnifiques dalles encore en place. » V. Guérin, Samarie, 1. 1, p. 286. Au delà, quelques colonnes de marbre encore debout s’élèvent au milieu des blés ; leur circonférence mesure deux mètres vingt.

Au nord du théâtre, et à la distance d’environ huit cents mètres, se dresse une haute colline, appelée Tell el-Hosn ; c’est l’antique acropole (fig. 530). En la gravissant, on s’aperçoit qu’elle forme trois plateaux différents, deux plateaux inférieurs, à l’est et à l’ouest, et un plateau central supérieur, du sommet duquel l’œil embrasse un assez vaste horizon. Au nord, s’élèvent les montagnes de Galilée ; à l’ouest ; s’étend la plaine d’Esdrelon, dont les derniers prolongements contournent le Djebel Foqou’a en arc de cercle. Du côté de l’est, le regard se porte sur le Ghôr et sur le Jourdain ; le fleuve serpente au milieu d’un épais fourré de roseaux et de bouquets de tamaris. Une quantité de petits monticules se dressent dans la Vallée verdoyante. Le tell était entouré d’un mur d’enceinte mesurant deux mètres trente d’épaisseur et revêtu extérieurement d’un appareil de larges blocs, comme l’indiquent quelques pans intacts. À l’extrémité nord-ouest du plateau inférieur occidental, on remarque les restes d’une puissante porte voûtée, dont les assises inférieures seules paraissent antiques et datent sans doute de la fondation de la forteresse. Le Qala’at el-Hosn est bordé, au nord et à l’est, par le ravin profond de VOuadi el-Djâloud, qui le rend inaccessible de ces deux côtés.

Le Djisr el-Maqtou’a, au nord-est, était un pont de trois arches, dont les voûtes sont aujourd’hui détruites ; l’arche seule du milieu était à cheval sur le lit du torrent ; les deux autres reposaient sur les berges ; elles avaient été bâties avec des blocs réguliers de forme carrée, qui en constituaient le parement extérieur. Au delà de ce pont, on observe, sur les flancs d’une colline, plusieurs sarcophages mutilés et un certain nombre d’ouvertures, en partie bouchées, qui sont celles d’autant de tombeaux. Au-dessus est le réservoir d’etHammam. Enfin, en revenant vers l’ouest, on rencontre Tell el-Mastabah avec les ruines d’un fort ; puis le pont supérieur, dit Djisr el-Khân, à l’extrémité nord-ouest du territoire de Beisàn, . offre une belle vue, en bas, dans la vallée jonchée de quantité de colonnes et d’autres ruines. Cf. Robinson, Biblical Besearches, p. 326-329 ; Survey of Western Palestine, Memoirs, Londres, 1882, t. ii, p. 101-113 ; V. Guérin, Samafie, t. i, p. 285-288.

III. Histoire. — Bethsan occupait une position avantageuse sur la route qui allait de l’Egypte à Damas. Elle fut primitivement possédée par une population chananéenne, qui était valeureuse et se servait à la guerre de chariots armés de fer. Jos., xvii, 16. — La demi-tribu, de Manassé occidentale ne put en expulser les habitants, qui furent simplement, dans la suite, assujettis à un tribut. Jos., xvii, 12, 13 ; Jud., i, 27, 28. —Lorsque Saül eut succombé sur le mont Gelboé avec ses trois fils, les Philistins vainqueurs, dépouillant les morts dès le lendemain de leur triomphe, coupèrent la tête du roi, s’emparèrent de ses armes, qu’ils déposèrent en guise de trophée dans le temple d’Astaroth, et suspendirent son corps, avec celui de ses fils, à la muraille de Bethsan. I Reg., xxxi, 8-10. En apprenant cet indigne traitement, les habitants de Jabès Galaad, fidèles à la mémoire de Saûl, furent révoltés. Les plus vaillants d’entre eux, marchant toute la nuit, passèrent le Jourdain (la ville était située à l’est, à six milles de Pella), enlevèrent le corps du prince et Ceux de ses enfants, puis, revenus chez eux, les brûlèrent et en ensevelirent les ossements dans les bois de Jabès. I Reg., xxxi, 11-13 ; II Reg., xxi, 12. — Sous Salomon, Bethsan et tout le district qui en dépendait étaient administrés par un commissaire nommé Bana, fils d’Ahilud, un des douze préfets établis sur Israël et chargés de fournir aux dépenses de la table royale. III Reg., iv, 12. — Le

texte grec de Judith, iii, 10, nous montre Holopherne passant par la plaine d’Esdrelon et campant pendant un mois entre Gæbae (ratëai) et ScythQpolis. — Judas Machabée, après son expédition dans le pays de Galaad, l’an 163 avant J.-C, retraversa le Jourdain vis-à-vis de Bethsan. I Mach., v, 52. Il se rendit ensuite à la ville ; les Juifs qui l’habitaient accoururent au-devant de leurs frères et leur dirent qu’ils avaient toujours été traités avec bienveillance par les Scythopolitains, même au plus fort des calamités qui avaient pesé sur leur nation. Judas adressa donc de vife remerciements à la population, et l’exhorta à persévérer dans ces bons sentiments à l’égard de son peuple. II Mach., xii, 29-31. Vingt ans plus tard, Tryphon, qui avait formé le projet de supplanter le jeune Antiochus, et qui craignait que Jonathas ne s’opposât à sa trahison, vint en Palestine avec une armée et s’établit à Bethsan. Jonathas vint l’y rencontrer avec quarante mille hommes. Mais le général syrien endormit la défiance de son adversaire par de belles promesses, et l’attira perfidement à Ptolémaïde, où il s’empara de sa personne pour bientôt le faire mourir. I Mach., xii, 39-48.

L’histoire, en particulier celle des Juifs à l’époque machabéenne, et les vestiges de plusieurs temples épars au milieu des ruines de Beisàn, montrent que cette ville, d’où les anciens Israélites n’avaient pu Chasser les Chananéens, resta toujours une cité en partie païenne. Josèphe la mentionne sur les confins de la Galilée vers le sud. Bell, jud., III, iii, 1. C’était, de son temps, la plus grande ville de la Décapole, district auquel elle appartenait, bien que située sur la rive occidentale du Jourdain. Bell, jud., III, ix, 7. Épicrate, général d’Antiochus de Cyzique, l’an 109 avant J.-C, la vendit à Hyrcan par trahison, avec les autres villes des environs occupées par les Syriens. Ant. jud., XIII, x, 3. Huit ans plus tard, Cléopâtre, mère de Ptolémée Lathyre, y eut une entrevue avec Alexandre Jannée, et fit alliance avec ce prince. Pompée s’en empara dans sa marche de Damas en Judée, mais il la rendit ensuite à ses propres habitants. Ant. jud., XIV, iii, 4 ; iv, 4. Gabinius, proconsul de Syrie, la lit réparer. Ant. jud., XIV, v, 3. C’est peut-être à cette époque de restauration qu’il faut attribuer le théâtre et quelques-uns des autres édifices ornés de colonnes dont nous avons signalé les ruines. Les Talmuds ne la mentionnent jamais sous un autre nom que celui de Beischan ou Beth-Schean. Comme cette ville était habitée par des païens (cf. Josèphe, Vit., 6), elle n’était pas, à une certaine époque, comptée parmi les villes de la « Terre d’Israël ». Les Juifs qui y demeuraient étaient très minutieux dans l’accomplissement de certaines pratiques religieuses. Talmud de Babylone, Pesahim, ꝟ. 50 b. On dit des Bischni ou Baïschani qu’ils observent très rigoureusement le sabbat. Cf. A. Neubauer, La géographie du Talmud, p. 174. Au temps d’Eusèbe et de saint Jérôme, Onomastica sacra, Gœttingue, 1870, p. 105, 237, Scythopolis continuait d’être une ville importante, ém’ur^o ; IlaXatorivr] ; itéXiç- Eue

était le siège d’un évêché.

A. Legendre.

BETHSÉMÉS. LaVulgate appelle ainsi, IPar., vi, 59, la ville sacerdotale de la tribu de Dan dont elle écrit partout ailleurs le nom Bethsamès. Voir Bethsamès 1.

    1. BETHSETTA##

BETHSETTA (hébreu : Bêt has-sittàh, « maison de l’acacia ; » Septante : Br|6<rsèê ; Codex Alexandrinus : BadssTtâ), endroit par où s’enfuit l’armée des Madianites, après sa défaite par Gédéon. Jud., vii, 23 (hébreu et Septante, 22). M. V. Guérin, Samarie, t. i, p. 301-303, l’identifie avec le village actuel de Schouttah, à deux heures environ au nord-ouest de Beisàn. Ce nom, en effet, écrit

(1^, Schoufta’, par les uns, et ij^&j Schout(ah, par

les autres, reproduit fidèlement l’hébreu : n - a^ [n n>£ ],

[Bit has-]sittâh, dont la première partie, beth, « mai-