de cette dernière données aux prêtres. Il y a d’autres cas où les villes frontières restent dans une certaine ligne flottante. L’Écriture elle-même fixe bien la position de Bethsamès. Aux points que nous avons déterminés plus haut, nous ajouterons les suivants. Cette ville se trouvait non loin du pays philistin, I Reg., vi, pas très éloignée non plus de Cariathiarim (Qariet el-’Enab), I Reg., vi, 21 ; vu, 1. L’expression « descendre », employée Jos., xv, 10 ; I Reg., vi, 2 ! , indique que son altitude était inférieure à celle de sa voisine, ce qui s’explique aussi par la proximité d’une « vallée » dans laquelle les habitants « moissonnaient le blé » au moment où l’arche sainte leur fut ramenée. I Reg., iii, 13. Enfin une « route » (hébreu : dérék) conduisait d’Accaron à Bethsamès. I Reg., vi, 9, 12. Eusèbe et saint Jérôme, Onomastica sacra, Gœttingue, 1870, p. 106, 237, la placent à dix milles (près de quinze kilomètres) d’Éleuthéropolis ( Beit - Djibrîn) en allant vers Nicopolis (’Amouâs). Ils se trompent en l’assignant à la tribu de Benjamin, et la distance marquée est un peu trop faible. Tous ces détails conviennent parfaitement à’Ain Schems, qui se trouve précisément à l’intersection des deux routes dont l’une va de Beit-Djibrin à’Amouâs, et l’autre se dirige en arc de cercle de la plaine philistine à Jérusalem : c’est la voie ferrée actuelle, qui suit longtemps Vouadi es-Serâr, vallée d’abord large, qui se rétrécit ensuite. Les ruines qui signalent cet endroit « sont éparses sur deux collines peu élevées, en partie semées d’orge ou plantées de tabac, en partie couvertes de broussailles et de hautes herbes. Des amas de pierres mal taillées, de dimensions diverses, mais la plupart de moyenne grandeur, sont disséminés pêle-mêle sur le sol. On observe aussi les arasements de
: plusieurs vieux murs et les assises inférieures de nombreux
/ compartiments, qui constituaient les enceintes d’autant ) de petites maisons, depuis longtemps sans doute renversées. Cinq ou six pauvres familles arabes y habitent au moment de la récolte. Entre les deux collines est une petite mosquée. » V. Guérin, Judée, t. ii, p. 18. Les restes d’une ancienne ville sont encore bien marqués. Cf. Robinson, Biblical Researches in Palestine, Londres, 1856, t. ii, p. 224 ; Survey of Western Palestine, Memoirs, Londres, 1883, t. iii, p. 60.
IL Histoire. — Le fait le plus important qui se rattache à Bethsamès est celui qui est raconté au chap. vi du premier livre des Rois. L’arche d’alliance, prise par les Philistins, était depuis sept mois dans leur pays, quand, frappés de plaies cruelles, ils résolurent de la renvoyer en Israël. D’après le conseil de leurs prêtres et de leurs devins, ils la placèrent sur un char neuf, attelé de deux vaches qui n’avaient pas encore porté le joùg. Pour s’assurer que leurs maux étaient bien l’œuvre de Dieu et non l’effet d’un simple accident, ils enlevèrent aux génisses leurs veaux, afin de voir si elles prendraient le chemin de la terre israélite plutôt que celui des étables, où elles étaient naturellement attirées. Ils eurent soin de joindre des présents à l’arche sainte. Les vaches se dirigèrent vers Bethsamès en mugissant, mais sans se détourner. Les habitants du pays étaient occupés à la moisson du froment, dans la vallée, c’est-à-dire dans Youadi es-Serar, lorsqu’ils virent inopinément l’arche d’alliance. Elle s’arrêta devant une grande pierre, dans le champ de Josué le Bethsamite. Les Israélites furent pleins de joie, et les lévites qui habitaient la ville, mettant le char en pièces, en placèrent le bois sur la grande pierre et offrirent les deux génisses en holocauste. Les princes des Philistins, qui avaient suivi de loin ce qui se passait, reconnurent d’une manière visible la main de Jéliovah et s’en retournèrent à Accaron. Mais, au milieu de la fête, Dieu, pour punir la curiosité indiscrète des Bethsamites, en fit périr un grand nombre ; le texte hébreu porte : « soixante-dix hommes du peuple et cinquante mille. » I Reg., vi, 19. Tout le monde admet ici une interpolation ou une erreur de copiste ; le chiffre est évidemment exagéré.
Outre les difficultés grammaticales ( cf. Keil, Die Bûcher Samuels, Leipzig, 1875, p. 58), il est certain qu’il ne pouvait y avoir ni à Bethsamès ni dans les environs une population de cinquante mille habitants ; il ne peut non plus être question ici d’un rassemblement extraordinaire du peuple, venant de tout le pays et d’une assez grande distance. Josèphe, racontant le même événement, Ant. jud., l, I, 4, ne parle que de soixante-dix morts. Les Bethsamites effrayés prièrent les habitants de Cariathiarim de venir prendre l’arche d’alliance et de l’emmener chez eux. Pour les détails archéologiques et historiques qui illustrent ce récit, voir F. Yigouroux, La Bible et les découvertes modernes, 5e édit., Paris, 1889, t. iii, p. 395-398.
— Sous Salomon, Bethsamès fut soumise à l’intendance de Bendécar. 1Il Reg., iv, 9. C’est là aussi que se rencontrèrent Joas, roi d’Israël, et Amasias, roi de Juda ; celui-ci, qui avait imprudemment provoqué son rival, fut battu, vit son armée en déroute et fut emmené prisonnier à Jérusalem. IV Reg., xiv, 11-13 ; II Par., xxv, 21-23. Sous le règne de l’impie Achaz, les Philistins s’emparèrent de cette ville, en même temps que de plusieurs places qui bordaient leur territoire. II Par., xxviii, 18.
2. BETHSAMÈS (Septante : Batôtyajjujç ; Codex Alexandrinus : Ba’.$ai.&i), ville frontière de la tribu d’Issachar. Jos., xix, 22. Elle est citée entre le Thabor et le Jourdain. On a proposé de la reconnaître dans le Khirbet Bessoum, au nord de cette montagne. Le nom serait une corruption de Bethsamès, comme Beisan en est une de Bethsan (hébreu : Bêt Se’ân). Cf. Keil, Josua, Leipzig, 1874, p. 155. Mais ce changement est difficile à admettre, et la localité semble plutôt appartenir à la tribu de Nephthali. Les explorateurs anglais ont à leur tour proposé’Ain esch-Schemsiyéh, dans la vallée du Jourdain, au sud de Béisân. Survey of Western Palestine, Memoirs, Londres, 1882, t. ii, p. 231 ; G. Armstrong, Wilson et Conder, Names and places in the Old and New Testament, Londres, 1889, p. 35. On peut objecter à cette hypothèse que l’endroit indiqué est à la limite sud d’Issachar, tandis que Bethsamès serait plutôt, d’après le texte sacré, à la limite nord ; à moins que Josué n’ait voulu désigner ici les frontières opposées. S’il fallait chercher notre ville entre le Thabor et le Jourdain, on pourrait la placer à Khirbet Schemsin, vers la pointe méridionale du lac de Tibériade.
3. BETHSAMÈS (Septante : ©sacraïui ; ; Codex Alexandrinus : ©"aa|ioûç, Jos., xix, 38 ; Ba18ty « iJiûç ; Cod. Alex. : Be8(ja|Jiiiç, Jud., i, 33), ville de la tribu de Nephfhali, citée dans deux versets de l’Écriture avec Béthanath. Jos., xix, 38 ; Jud., i, 33. Les premiers habitants chaiianéens n’en furent pas chassés, mais devinrent tributaires des enfants d’Israël. Jud., i, 33. On a donné comme possible l’identification de cette ville avec Khirbet - ScJiemsîn, à l’est du mont Thabor. Cf. G. Armstrong, Wilson et Conder, Names and places in the Old and New Testament, p. 35. Dans ce cas, elle ne serait pas distincte de la cité frontière d’Issachar. Voir Bethsamès 2. Cependant les noms qui la précèdent immédiatement dans l’ënumération de Josué, xix, 38, Jéron (Yaroun), Magdalel (Medjeidel), Horem (Khirbet Harah) et Béthanath (’Ainîtha ou’Anatha) la font remonter bien plus au nord. Pourrait-on la reconnaître dans Khirbet Schem’a, à quatre ou cinq kilomètres à l’ouest de Safed, comme le proposent les mêmes auteurs anglais, loc. cit. ? C’est très douteux. Les ruines de Khirbet Scheni’a sont situées au sommet d’une colline. « Les arasements de nombreuses maisons démolies y sont encore reconnaissables au milieu d’un épais fourré de chênes verts. On y distingue aussi les débris d’un petit édifice, jadis orné de colonnes monolithes, dont les tronçons mutilés gisent sur le sol mêlés à un amas confus de pierres de taille. » V. Guérin, Galilée, t. ii, p. 434. Aux alentours sont plusieurs tombeaux creusés
dans le roc.