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ABISAG — ABISUR

excessifs de sa laborieuse carrière l’avaient épuisé, et malgré tous les expédients ses membres demeuraient glacés. C’est alors que ses serviteurs (ses médecins, d’après Josèphe, Ant. jud., VII, xiv, 3) lui donnèrent un conseil qui aujourd’hui peut nous paraître singulier, mais qu’il faut juger d’après le degré de civilisation, les mœurs et les usages reçus au temps de David. Abisag fut donc trouvée, entre toutes les filles d’Israël, la plus capable d’assister le vieux roi, de le servir, et de lui rendre, en partageant sa couche, la chaleur naturelle qui l’avait abandonné. Cf. Cornélius a Lapide, in hunc locum. La jeune vierge fut amenée à Jérusalem et donnée à David en qualité d'épouse de second rang, condition normale et exempte de tout caractère criminel, étant donnée la tolérance de la loi divine à l'égard de la polygamie à cette époque. Le roi l’accepta comme telle (saint Jérôme, Théodoret, Angelomé et presque tous les exégètes, contre Tostat et quelques autres), et si, en recevant d’elle les services dont il avait besoin, il respecta son intégrité, cette réserve elle-même, toute à la louange de David, insinue qu’il aurait pu légitimement agir d’une autre manière. Abisag demeura près de lui jusqu'à sa mort, et fut ensuite recherchée en mariage par Adonias, le quatrième des fils de David, III Reg., ii, 17-25 ; cette demande cachait une menée politique contre Salomon ; car épouser les femmes d’un roi défunt, c'était affirmer qu’on avait droit à sa succession. Adonias, déjà éconduit une première fois, revenait à ses desseins et voulait trouver en Abisag un moyen dissimulé d’arriver à la royauté. Mais Salomon comprit la fraude, et répondit à Adonias en le faisant mettre à mort,

P. Renard.

ABISAÏ, hébreu : ʾAbîšai (ʾAbšai, I Par., ii, 17, etc., « mon père est un don ; » Septante : Ἀϐεσσά, Ἀϐισαΐ, etc.), fils de Sarvia, sœur de David. Quoique neveu de ce prince, il était presque du même âge ; car son oncle n’avait qu’environ vingt-huit ans quand lui-même nous est présenté pour la première fois par l'écrivain sacré comme un soldat déjà aguerri, I Reg., xxvi, 6. Sa parenté avec David, son dévouement à la personne de son oncle et sa rare bravoure firent de lui un personnage important. L’historien sacré le compte parmi « les vaillants d’Israël » ; s’il n’arriva pas à être un des trois premiers, il fut du moins le chef et le plus renommé des trois seconds ; dans une circonstance, il tua trois cents ennemis. II Reg., xxiii, 18-19 ; I Par., xi, 20-21.

Il s'était attaché de bonne heure à la fortune de David, et nous le voyons auprès de lui dès le temps de la persécution de Saül. C’est à cette époque que remonte le premier trait de courage de ce héros dont l'Écriture nous ait conservé le récit. Saül était venu, à la tête de trois mille hommes, traquer David dans le désert de Ziph. Le proscrit résolut d’aller la nuit jusqu’au roi endormi au milieu de son camp d’Hachila. « Qui vient avec moi ? dit-il à Abisaï et à l’Héthéen Achimélech. — Moi ! » répondit Abisaï, tandis qu’Achimélech gardait le silence. À la faveur des ténèbres et du 'sommeil où tout le monde était plongé, l’oncle et le neveu pénétrèrent dans le camp jusqu'à la tente royale. Abisaï proposa de profiter de l’occasion pour en finir d’un seul coup avec Saül, en le perçant de sa lance ; mais David, qui ne prétendait que prouver une seconde fois, et. I Reg., xxiv, à son persécuteur sa modération et sa loyauté, l’en empêcha, et lui ordonna d’enlever seulement au roi sa coupe et la lance qu’il avait plantée en terre à côté de sa tête. I Reg., xxvi, 1-12. Ce ne fut pas la seule fois que David dut modérer le zèle d’Abisaï contre ses ennemis : s’il ne l’eût arrêté, à l'époque de la révolte d’Absalom, Séméi, partisan du rebelle, aurait payé de sa tête ses injures contre le roi. II Reg., xvi, 9-10 ; xix, 21-22. Ce dévouement, qu’Abisaï poussa trop loin dans ces circonstances, il en donna à David une preuve éclatante dans une autre occasion. Pendant une guerre contre les Philistins, il lui sauva la vie au moment où, fatigué par un long combat, il allait succomber sous les coups formidables du géant Jesbibenob, qui avait à sa lance un fer du poids de plus de huit livres ; Abisaï s'élança sur le Philistin et le tua. II Reg., xxi, 15-17.

Avec cette générosité et cette bravoure, Abisaï possédait d’autres qualités qui le rendaient digne du commandement ; il l’exerça de bonne heure, et presque toujours sous les ordres de Joab, son frère. Ils mirent ensemble en déroute les troupes d’Abner au combat de Gabaon. II Reg., ii, 24. Voir Abner 1. Il souilla malheureusement la gloire qui lui revenait dans cette victoire en se faisant le complice de Joab, lorsque celui-ci assassina Abner pour venger Asaël, leur plus jeune frère, tué par le général d’Isboseth à cette journée de Gabaon. Ce fut Joab qui donna le coup mortel, mais en présence et avec l’assentiment d 'Abisaï, auquel l'Écriture attribue l’attentat aussi bien qu'à son frère. II Reg., iii, 30.

Abisaï joua un rôle considérable dans les diverses guerres qu’entreprit David devenu roi de tout Israël. Nous voyons le frère de Joab paraître en particulier avec honneur dans deux expéditions importantes. Il défit d’abord les Iduméens, auxquels il tua dix-huit mille hommes dans la vallée des Salines, et il établit des garnisons dans le pays pour en assurer la possession au roi d’Israël. I Par., xviii, 12-13. David était sans doute présent à cette bataille, et c’est pourquoi on lui en attribue ailleurs le succès. II Reg., viii, 13. Plus tard, dans une autre guerre dirigée contre les Ammonites ligués avec les Syriens, Joab attaqua ces derniers, et laissa à Abisaï le soin de combattre les premiers. Des deux côtés l’ennemi fut mis en fuite, et chacun des deux frères remporta une victoire complète. II Reg., x, 9-14 ; I Par., xix, 11-15.

La révolte d’Absalom trouva Abisaï toujours fidèle à David. Il reçut le commandement de l’un des trois corps d’armée formés à cette occasion. Conjointement avec Joab et Éthaï, il battit et dispersa l’armée du rebelle, II Reg., xviii, 2 ; mais il ne prit aucune part à sa mort, et n’encourut pas par conséquent comme Joab, qui avait tué ce prince, la disgrâce de David. Au contraire, lorsque Amasa, à qui le roi avait promis la succession de Joab, tarda d’arriver avec les forces destinées à réprimer la sédition de Séba, c’est lui que son oncle mit à la tête des troupes disponibles pour aller étouffer sans retard cette révolte naissante. II Reg., xx, 6. Il fut ainsi investi du commandement suprême. Il y en a cependant qui regardent comme invraisemblable que les soldats de Joab, expressément nommés au ꝟ. 7, aient consenti à marcher sous un autre chef, et que lui-même ait fait partie de cette expédition sous les ordres de son frère. Ils pensent donc que, conformément à la version syriaque et au récit de Josèphe, David confia le commandement, non à Abisaï, mais à Joab. Il est certain du moins qu’Abisaï coopéra à la défaite de Séba. II Reg., xx, 10.

À partir de ce moment, la Bible ne nous apprend plus rien de ce héros. Par son généreux dévouement et son inviolable fidélité, par sa force, sa vaillance et son audace intrépide, Abisaï avait été l’un des plus dignes compagnons et des plus remarquables auxiliaires de David.

E. Palis.


ABISUÉ, hébreu : ʾAbišûʿa, « mon père sauve » ou « est le salut ».

1. ABISUÉ (Septante : Ἀϐεσσουέ), fils de Balé, le fils aîné de Benjamin. I Par., viii, 4.

2. ABISUÉ (Septante : Ἀϐισού, Ἀϐισουέ), fils de Phinées, le grand prêtre ; il succéda à son père et fut le quatrième grand pontife des Hébreux. I Par., vi, 4, 5, 50. Il est mentionné parmi les ancêtres d’Esdras. I Esdr., vii, 5.


ABISUR (hébreu : ʾAbišûr, « mon père est un rempart, une défense ; » Septante : Ἀϐισούρ), second fils de Séméi, de la tribu de Juda ; il épousa Abigaïl (hébreu : Abihâytt). I Par., ii, 28, 29. Voir Abigaïl 3.