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BETHSAI-DE


ciens pèlerins ne sont ordinairement pas si strictes et si formelles, et les deux Khirbet sont trop voisins pour que l’on puisse se prononcer catégoriquement. El -’Aradj, d’autre part, est plus voisin du Jourdain, et ses ruines attestent, ce que l’on ne peut nullement dire d’El-Mes’adiéh, qu’elle a pu être une ville non sans quelque importance. L’on n’y voit pas, il est vrai, de grands débris de monuments architecturaux ; mais on n’en rencontre pas davantage dans les autres ruines de la région ; on a sans doute pris dans un sens trop large les paroles de Josèphe : Klrfiôi ts o’xïjTopwv xocl tyj aÀXiq 5yvdc|iei. Il se peut que Mes’adiéh soit le village primitif, et El-’Aradj la ville bâtie sur son territoire par le tétrarque Philippe. Mais il est aujourd’hui impossible de résoudre définitivement le problème de Bethsaïde. L’avenir apportera, il faut l’espérer, quelque document nouveau, ou bien quelques découvertes archéologiques diront le dernier mot sur la question. L. IIeidet.

2. BETHSAÏDE, en grec Brfiztôi., piscine de Jérusalem qui avait cinq portiques et où Jésus guérit le paralytique de trente-huit ans. Joa., v, 1-9. (Fig. 520.)

I. Nom, — 1° Plusieurs exégètes pensent qu’elle s’appelait probatique en même temps que Bethesda. D’après le texte latin : Est autem Jerosolymis probatica piscina quse cognominatur hebraice Bethsaida, il semblerait que la piscine portait un double nom, comme le Lithostrotos-Gabbatha : . l’un grec, pour le, s hellénistes, irpogaTix-ri xoXujxêriôpa ; l’autre hébreu, pour les indigènes, Bethsaïde, ou l’un des autres noms que nous verrons. La plupart des Pères, grecs ou latins, prennent le nom de piscine probatique comme un nom réel : « Bethesda, dit saint Jérôme, est une piscine de Jérusalem, qui est appelée probatique, ce que nous pouvons interpréter piicine des brebis » ( De situ et nom. loc. hebr., Bethesda, t. xxiii, col. 884) ; Eusèbe (Onom., Bï]Ça8à ou BïiŒaSct), saint Cyrille d’Alexandrie (In Joa., lib. xii, c. xix, 7, t. lxxiii, col. 336), saint Jean Chrysostome ( Serin, xii cont. Anom., t. xl viii, col. 803), Ammonius [In Joa., t. lxxxv, col. 1428), Théodore de Mopsueste (dans Tischendorf, Nov. Test., t. i, p. 783), parlent dans le même sens que saint Jérôme. La version syriaque de Nitrie et celle de Schaaf, les versions éthiopienne, persane, slave, anglo - saxonne, sont conformes à la Vulgate. Cf. Tischendorf, Nov. Test, gr., edit. S a critica major. Les traducteurs de ces versions et ces Pères rattachent le qualificatif « probatique » à la piscine. Saint Jérôme, après Eusèbe, en indique ainsi la raison : « Bethesda, piscine de Jérusalem…, avait cinq portiques ; on montre un double bassin dont l’un se remplit des pluies de l’hiver ; les eaux de l’autre, chose singulière, paraissent rouges et comme ensanglantées, et attestent ainsi son ancienne destination ; car les prêtres, dit-on, avaient coutume d’y venir laver les victimes, et c’est de là qu’elle tire son nom. » De situ et nom. loc. hebr., t. xxiii, col. 884. Selon Ammonius d’Alexandrie, on réunissait en ce lieu les brebis destinées aux sacrifices ( loc. cit.) ; d’après saint Jean Damascène, le bercail était la propriété de saint Joachim : « Salut, ô probatique, jadis bercail des brebis de Joachim ! » In Nativ. B. M. V., t. xcvi, col. 678. Cependant le texte grec, dans presque tous ses exemplaires, porte : êo-riv Se èv toîç’IepoooX-Jixotç’EIII TÇ I1POBATIKH xoX « [iër, e P a, « il y a à Jérusalem, près [ou sur] la probatique, une piscine nommée… » Le plus grand nombre des versions et des manuscrits anciens sont conformes au texte grec. Quelques manuscrits ont : èv ty) npo6<rcixïj, « à la probatique. » Cf. Tischendorf, loc. cit. La version syriaque de Jérusalem et les versions arabes suppléent au mot sous-entendu en ajoutant porte : « près de la porte Probatique. » Il existait, en effet, à Jérusalem, vers le nord-est du Temple, une « porte des Troupeaux » ou « des Brebis ». Sa’ar-hass’ôn, Neh. (II Esdr.), iii, 1 et 32 ; xii, 39, tc’j>.t| t| icpo6 « TixYÎ, « la porte Probatique, » comme traduisent les Septante ; et c’est précisément dans cette

région que la tradition locale montre la piscine témoin de la guérison du paralytique. Il paraît donc d’une très grande probabilité que « la probatique » désigne, par une abréviation assez ordinaire, la porte dont, parle Néhémie. Il faut remarquer néanmoins que si le qualificatif, dans l’Evangile, ne se rapporte pas à la piscine, celle-ci pouvait cependant quelquefois être dénommée, du temps de Notre-Seigneur, du nom de la porte voisine, comme elle l’a été certainement dans les âges chrétiens.

2° Bethesda. — Le nom hébreu de la piscine se trouve écrit de trois manières différentes, chacune avec des va 520. — Piscine de Bethsaïde, d’après an sarcophage du cimetière du Vatican. Bottari, Sculturee pitture sagre, t. I. pi. xxxdç.

— Au milieu, des lignes ondulées figurent l’eau de la piscine et séparent les deux registres. Dans le registre inférieur, le paralytique, entouré d’autres malades, est couché sur un lit. Paralysé depuis trente-huit ans, il attend que l’ange remue l’eau de la piscine, dans l’espoir : qu’il pourra enfla y être plongé le premier, et guérir. Il porte sa main droite à la tête en signe de douleur. Dans le registre supérieur, on voit représentés trois des cinq portiques. Au milieu de la scène, Jésus bénit le malade guéri qui emporte son grabat. Joâ., V, 8-9.

riantes assez nombreuses : Bethesda, Bethsaida et Bethzétha. — 1° Bethesda est le nom de la très grande majorité des anciens manuscrits grecs, de la version syriaque Peschito, de celle de Nitrie, de l’édition deWhite, en marge, de l’évangéliairè de Jérusalem, de la version arménienne, de quelques versions arabes et de deux manuscrits de l’ancienne italique ; c’est le nom adopté par saint Jérôme (loc. cit.), saint Jean Chrysostome (In Joa., hom. xxxri, 1, t. lix, col. 203), saint Cyrille d’Alexandrie (In Joa., lib. n et vi, t. lxxiii, col. 336 et 988), Didyme d’Alexandrie (De Trinitate, ii, 14, t. xxxix, col. 708), etc. ; c’est le nom qui a en sa faveur les autorités les plus grandes et les plus nombreuses. Il vient, d’après les uns, de Bêt hesda’, « maison de miséricorde ; » d’après les autres, de Bêt’aSda’, « maison d’affusion, » ou de Bê{ hassadaï, « maison du Tout-Puissant. » — 2° Bethsaida, de la Vulgate de Clément VIII,