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BETHSAIDE


elle a pu l’être sans cesser de demeurer pour les Apôtres et le peuple du pays ce qu’elle était historiquement et ethnographiquement, une ville de la Galilée. Ptolérnée, classant Julias parmi les villes de la Galilée, n’alteste-t-il pas le fait ? — 6) Les Juifs, ainsi qu’il a été dit plus haut, n’ont ordinairement pas fait usage des noms étrangers imposés à leurs villes ; pour Bethsaïde cela semble certain.

— c) Le passage de saint Marc, vi, 45, est la difficulté capitale contre l’unité de Bethsaïde. Pour la résoudre, on a proposé de regarder « Bethsaïde » comme une variante, et de lire « Capharnaûm » ; cette lecture concorderait avec , le récit de saint Jean, vi, 17, 24. Mais l’universalité de la lecture « Bethsaïde », qui est sans variante aucune (cf. Tischendorf, Novum Testamentum grse.ce, edit. octava critica major, t. i, p. 280), ne permet guère cette supposition.

III. La tradition chrétienne. — Bethsaïde appartient à la catégorie des lieux pour lesquels il faut distinguer deux périodes dans la tradition : la période ancienne, depuis le principe jusque vers la fin du xiie siècle, pendant laquelle la tradition locale demeure certaine ; la période moderne, depuis le xme siècle jusqu’à nous, dont les indications des pèlerins, contradictoires entre elles et avec la tradition ancienne, ne sont plus pour l’ordinaire que des conjectures de voyageurs. Les organes de la tradition antique pour Bethsaïde sont assez nombreux, et quelques-uns assez précis.

Le premier est Eusèbe de Césarée, Onomasticon, édit. Larsow et Parthey, p. 118 ; , Pair, lat., t. xxiii, p. 881. Son indication : « Bethsaïde, ville d’André, Pierre et Philippe, est située dans la Galilée, sur le lac de Génésareth, » paraît

£17. — Khan Mlnléb. D’après raie photographia

Une tradition la résout différemment. Elle montre le lieu de la multiplication des cinq pains aux Sept -Fontaines, à deux milles à l’occident de Capharnaûm (voir ce nom) ; d’après elle, le Seigneur avait quitté Bethsaïde et la rive orientale ; le « lieu désert » où il se trouvait après le miracle, Marc, vi, 35, est différent du « lieu désert » où il était auparavant, ^.32, et Luc, rx, 10 ; il pouvait dire à ses disciples de « retourner de l’autre côté, à Bethsaïde ». Après avoir raconté le départ des disciples, saint Marc, Vi, 53, et saint Matthieu, xiv, 34, ajoutent, il est vrai : « Et passant de l’autre côté, ils vinrent au territoire de Génésareth ; » mais les disciples peuvent s’être rendus à Bethsaïde d’abord, à l’orient du lac, conformément à l’ordre du Seigneur, et le lendemain à Capharnaûm, dans la terre de Génésareth. D’autres hypothèses sont possibles. Les exemples de deux faits paraissant se rattacher à un seul lieu et se passer à la suite, mais qui cependant se produisent dans des endroits et en des temps différents et distincts, ne sont pas rares dans les Évangiles. La tradition ayant avec elle le passage de saint Marc qui se prête à cette distinction ou la réclame, son interprétation n’a rien de contradictoire avec le récit sacré.

composée, d’une part, des données de l’Évangile, et de l’autre, avec ces mots : tïj itpb ; trj rsvr|o « (Mtt51 XfiA vï l, des propres paroles de Josèphe. On peut présumer de là que, pour Eusèbe, la Bethsaïde des Évangiles et Julias sont une même localité. Cette présomption peut paraître d’autant plus fondée, que partout ailleurs, pour exprimer la même proposition, il se sert de tournures différentes. Saint Épiphane, Adv. hxr., hær. 51, t. xli, col. 916, nous apprend seulement que Bethsaïde et Capharnaûm étaient « peu distantes l’une de l’autre », formule qui, chez les anciens, est souvent assez large. L’auteur anonyme du Commén-, taire sur saint Pierre, inséré aux Acta sanclorum (29 juin), appelle la patrie de l’apôtre « une petite ville modeste et sans importance », u-txpbv te xoi e-jteXïç m>), () ; viov. Virgilius, vers la fin du v s siècle ou le commencement du vi « , va de Tibériade à Magdala, puis aux Sept - Fontaines. Il compte des Sept -Fontaines à Bethsaïde sept milles. Itinerà hierosolym., dans le card. Pitra, Analecta sacra et classica, t. v, p. 118. Théodosius, vers 530, désigne Capharnaûm à deux milles des SeptFontaines ; à cinq milles de Capharnaûm, suivant quelques manuscrits, six milles, suivant d’autres, est Bethsaïde. Orient latin, Itin. hieros.