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BETHPHOGOR — BETHSABÉE


hébreu dans trois passages du Deutéronome, iii, 29 ; IV, 46 ; xxxiv, 6, traduit en grec et en latin par « maison » ou « temple de Phogor ». Il est probable qu’il est mis, par abréviation, pour Bêt Ba’al Pe’ôr, c’est-à-dire la demeure ou le sanctuaire de Ba’al Pe’ôr, comme Bethmaon, Jer., xlviii, 23, est la forme contracte de Bêt Ba’al Me’ôn (Vulgate : Baalmaon). Jos., xiii, 17. Il indique le culte rendu dans cet endroit au dieu Baal sous une de ses formes particulières, c’est-à-dire Ba’al Pe’ôr. Num., xxv, 3, 5. Voir Béelphégor.

Cette localité devait être non loin du mont Phogor, Num., xxiii, 28, une des cimes des monts Abarim, en face de la pointe septentrionale de la mer Morte. Elle joignait une « vallée » où campèrent les Israélites avant de passer le Jourdain, Deut., iii, 29, qui faisait partie du territoire de Séhon, roi amorrhéen d’Hésébon, Deut., rv, 46, et dans laquelle fut probablement enterré Moïse. Deut., xxxiv, 6. Eusèbe et saint Jérôme, Onomastica sacra, Gœttingue, 1870, p. 103, 233, la placent « au delà du Jourdain, auprès du mont Phogor, opposée à Jéricho, à sis milles (environ neuf kilomètres) au-dessus de Livias (Bétharan, aujourd’hui Tell er-Râméh) ». Il n’est pas facile, malgré ces renseignements, d’en connaître la position exacte. Suivant Conder, Palestine Exploration Fund, Quarterly Statement, 1882, p. 88 ; Heth and Moab, in-8°, Londres, 1889, p. 145, il faudrait la chercher à El-Mareighât, un peu au-dessus de Youadi Zerqa Ma’iii, « sur un sommet immédiatement au nord du grand ravin de Callirhoé ; » opinion admise par les auteurs de la grande carte anglaise, Old and New Testament Map of Palestine, Londres, 1890, feuille 15. Cette identification ne nous parait conforme ni aux indications d’Eusèbe et de saint Jérôme ni à la place qu’occupe Bethphogor dans l’énumération de Josué, xiii, 20, où elle est mentionnée avec Asédoth (hébreu : ’asdôf hap-Pisgâh ; voir Asédoth, col. 1076), ou les sources appelées Ayoun-Mousa, et Bethjésimoth, aujourd’hui Khirbet Souéiméh, à la pointe septentrionale de la mer Morte. Tristram, The Land of Moab, iii-8°, Londres, 1874, p. 305, met plus au nord le mont Phogor, dont il fait un sommet du Nébo. C’est, en effet, entre ce point et Bétharan que nous chercherions plus volontiers la cité moabite. M. L. Heidet nous indique un site qui lui semble convenir assez bien aux renseignements que nous venons d’exposer ; c’est Tell Matâba, belle colline à Test de Tell er-Râméh, à l’entrée des montagnes qui s’étendent à l’est du Jourdain, à droite du chemin qui conduit de la plaine vers Mâdéba (Médaba). On y voit quelques restes de constructions. Les Bédouins y ont un cimetière, et on remarque que souvent ils choisissent pour déposer leurs morts quelque lieu célèbre du temps passé. On y voit aussi des cromlechs. Cependant aucun nom ne rappelle ici l’antique dénomination. Les six milles dé Livias n’y sont pas non plus, et se rapporteraient plutôt à une petite ruine située plus haut et appelée El-Benât, au delà de laquelle on rencontre cinq ou six pierres en forme de colonnes, mais qui, en réalité, ne doivent être que des bornes milliaires taillées en cet endroit et abandonnées ; deux sont fichées en terre à trois mètres l’une de l’autre. « Le Talmud (de Babylone, Sotah, 13 b) raconte que le gouvernement romain avait envoyé dans le camp de Beth-Péor, pour s’informer du lieu de sépulture de Moïse. Nous rencontrons l’endroit de Péor dans d’autres passages talmudiques : « Un certain Sabataï d’Oulam avait loué « son âne à une Samaritaine qui se dirigeait vers Péor. » Sanhédrin, 64 a. Ailleurs on lit : « Un gouverneur est « venu de la province maritime pour se prosterner devant Péor. » Siphré, Nombres, 131, p. 48 a. Il résulterait de ces passages que Péor ou Beth-Péor existait encore après la destruction du second temple, à moins qu’on ne prenne ces passages talmudiques dans un sens légendaire, ce qui est assez probable. » A. Neubauer, La géographie du Talmud, in-8°j Paris, 1868, p, 252. A. Leuendre.

    1. BETHRAPHA##

BETHRAPHA (hébreu : ’Él-bêf-râfâ’, « la maison de l’ombre ou du géant, » ou bien « la famille de Ra~ pha » ; Septante : 6 Baôpaia ; Codex Alexandrinus : B « 8psçâ ) peut à la rigueur être pris, comme il l’est par la Vulgate, pour le nom d’un individu, qui serait fils d’Esthon, I Par., iv, 12, dans la descendance de Juda. Mais il semblerait plus conforme à la composition du mot de voir dans le premier élément un nom commun, beth, « maison, famille, » et dans le second un nom propre, Rapha. « Esthon engendra la famille de Rapha. » Le syriaque et l’arabe suppriment le mot Bê( et ont simplement Rupha ou Rapha. Il est néanmoins préférable de prendre Bethrapha pour une localité. Plusieurs noms de ce chapitre semblent être des noms de ville plutôt que des noms d’hommes, par exemple Gédor, Hosa et certainement Bethléhem, I Par., iv, 4. Cf. I Par., ii, 45. Or au sud d’Es-Semûd’dans la tribu de Juda on voit encore une localité appelée Râfàt, avec quelques ruines sans importance. Ce pourrait bien être Bethrapha, dont la première partie du nom, Beth, comme il arrive souvent, serait tombée. Il est à remarquer qu’à la fin du même verset, I Par., iv, 12, où on lit : « Ce sont les hommes de Rêkâh », quelques manuscrits, au lieu de ce nom de ville tout à fait inconnu, portent Râfâ’. Le grée a également la variante Prjçà. E. Levesque.

    1. BETH-REHOB##

BETH-REHOB, nom, dans le texte hébreu, Jud., xvin, 28, d’une localité nommée simplement Rohob dans la Vulgate. Voir Rohob.

    1. BETHSABÉE##

BETHSABÉE (hébreu : Bat^séba’, « fille du ser T ment ; » dans I Par., iii, 5, Bat-Sûa ; Septante : Brjp(TaSes), fille d’Éliam, II Reg., xi, 3, ou Ammiel, I Par., m, 5, épouse de David et mère de Salomon. Elle avait été mariée d’abord à l’Héthéen Urie. Celui-ci servait dans l’armée qui, sous les ordres de Joab, était allée combattre les Ammonites, et il était occupé au siège de Rabbath-Ammon, capitale du pays, lorsque Bethsabée eut le malheur de se laisser séduire par David, qui était resté à Jérusalem. Ce prince conçut pour elle une passion criminelle un jour que, du haut de la terrasse de son palais, il l’aperçut tandis qu’elle se baignait chez elle ; il l’envoya chercher par des émissaires, et elle se rendit aux désirs du roi. II Reg., xi, 1-4. Mais elle ne tarda pas à reconnaître que sa faute ne pourrajt rester secrète, et elle en fit prévenir David, qui, pour cacher le déshonneur de Bethsabée, fit venir Urie à Jérusalem, sous prétexte d’avoir des nouvelles de la guerre, et l’engagea ensuite à aller. se reposer dans sa maison. Urie refusa, et David, pour se défaire de lui, donna l’ordre à Joab de le faire périr dans une escarmouche. II Reg., xi, 6-17.

Bethsabée, les jours de son deuil finis, devint l’épouse de David. Cependant « tout ce que David avait fait là déplut au Seigneur ». II Reg., xi, 27. La colère de Dieu se manifesta d’abord par la mort de l’enfant qui fut le fruit de l’adultère de David et de. Bethsabée. Ni les larmes ni les ; supplications du roi, auxquelles Bethsabée joignit assurément les siennes, ne purent sauver l’enfant. Cette perte semble avoir affligé Bethsabée plus encore que David. II Reg., xii, 18, 24. Elle donna bientôt après à David un autre fils, Salomon, et plus tard trois autres : Simmaa ou Samua, Sobab et Nathan. II Reg., xii, 24 ; I Par., m 5. Mais Salomon fut le préféré de sa mère, qui pouvait d’ailleurs, justifier cette prédilection par celle que Dieu lui - même avait témoignée pour cet enfant. II Reg., xii, 24-25. Cf. Prov., iv, 3. Ce jeune prince avait été désigné par Dieu pour occuper le trône de David, à l’exclusion même de son frère aîné Adonias, fils d’Haggith. II Reg., vii, 12, 15 ; Ps. cxxxi, 11. Aussi Bethsabée eut-elle soin de le préparer d’avance par ses conseils à cette redoutable dignité.

Un jour vint cependant où, sur la fin du règne de David, elle faillit voir toutes ses espérances détruites. Adonias, profitant de l’affaiblissement de son père, allait