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ABIMÉLECH — ABISAG

consistant en sacrifices, repas, danses, cantiques de réjouissance et d’actions de grâces. Ce sont ces chants que la Vulgate désigne au v. 27, et qu’on a peine à expliquer, si l’on entend la première partie du verset dans le sens de dévastation. Le mot hébreu hillûlîm, qui désigne ces chants, vient de hâllal, « louer, » et n’est employé qu’une seule fois ailleurs, Lev., xix, 24, où il signifie les offrandes des nouveaux fruits de la quatrième année de la plantation des arbres. Ces chœurs de vendangeurs retentissaient du cri répété mille fois : Hêdâd ! hêdâd ! dont parle Jérémie, xxv, 30. C’est au milieu de ces réjouissances que Gaal arriva, produisant contre Abimélech ses excitations sauvages.

Un seul groupe d’hommes refusait de s’associer à cette révolution : c'était le parti des fonctionnaires et de tous ceux qui devaient leur position au nouveau roi. À leur tête était le gouverneur de la ville, Zébul. C’est lui qui secrètement fit avertir le tyran de ce qui se tramait, lui envoyant en même temps un plan ainsi conçu : Abimélech devait se rapprocher de Sichem, où Gaal et les siens venaient de rentrer, puis se dissimuler dans les montagnes, diviser sa troupe en quatre compagnies, chacune placée en embuscade et prête à se rallier aux autres pour fondre sur Gaal, quand il sortirait de Sichem. Ce plan était habilement dressé ; mais Abimélech, emporté peut-être par sa fureur, ne sut pas assez dissimuler sa marche, si bien que Gaal, sondant du regard l’horizon en franchissant la porte de Sichem, découvrit ses bataillons. En vain Zébul voulut lui donner le change, affirmant que c'était l’ombre des montagnes et non le rideau noir des troupes ennemies ; l’armée d’Abimélech était dépistée, Gaal suivait même de l’œil un détachement qui s’engageait dans un sentier, en face d’un chêne isolé (hébreu : « dans le chemin du Térébinthe des magiciens, » v. 37). Le moment était décisif ; Gaal, s’armant de courage, lança son armée sur celle d’Abimélech, qui, supérieure en nombre, força les Sichémites à reculer et à se renfermer dans leurs murs. Ce n'était pas une victoire ; Abimélech le sentit et se retira à Ruma (hébreu : 'Arûmâh), prêt à profiter de la première occasion. Elle se présenta le lendemain même. Se croyant en sécurité, les Sichémites étaient sortis pour aller à leurs travaux champêtres ; ce fut le moment que choisit Abimélech pour se venger. Divisée en trois troupes et cachée par des plis de terrain, son armée, à un signal donné, se jeta sur les travailleurs et en fit un horrible massacre. Deux des trois bataillons poursuivirent ensuite ceux qui fuyaient dans la campagne, tandis que le troisième vînt assiéger la ville, sous le commandement d’Abimélech, v. 43-44. Le siège dura un jour, et se termina par la prise de la ville, qui par ordre du vainqueur fut rasée, et l’emplacement semé de sel, symbole de perpétuelle stérilité. Deut., xxix, 23 ; Is., xvii, 6. Restait la citadelle : c'était peut-être une dépendance du temple de Raal (le sens du mot ṣerîaḥ n’est pas bien déterminé), lieu très fortifié, dans lequel s'étaient réfugiés les survivants. Contre eux, Abimélech se livra à une vengeance sauvage. Accompagné de ses soldats, il alla sur le mont Selmon, voisin de Sichem, celui dont il est question Ps. lxvii, 15, et tous revinrent chargés de branches d’arbres, qu’ils entassèrent en un immense bûcher autour de la citadelle. Abimélech y fit mettre le feu, et tous ceux qu’elle renfermait périrent asphyxiés ou brûlés. De là le vainqueur marcha sur Thébès (peut-être Toubas, au nord-est de Sichem ; voir Thébès), dont les habitants s'étaient associés à la révolte. Il y avait là, comme à Sichem et dans toutes les villes fortes, une tour qui servait de citadelle aux assiégés. Quand la ville fut prise, les habitants s’y réfugièrent, et de la plate-forme ils se défendaient en désespérés. À cette dernière étape de ses victoires, Abimélech devait trouver le châtiment de ses crimes. Vaillant autant qu’il était cruel, il s'était approché jusqu’au pied de là tour, et il essayait d’y mettre le feu. À ce moment, une femme, saisissant un morceau d’une meule de moulin à bras (hébreu : pélaḥ rékeb ; mot à mot, « le fragment [de meule] courant, » c’est-à-dire le morceau de la meule mobile qui se trouve à la partie supérieure des moulins à bras, lapis vector ; cf. Deut., xxiv, 6 ; II Reg., xi, 21), le lança sur les assiégeants. Le tyran fut atteint et eut le crâne fracassé. Il allait mourir, quand la pensée d’avoir été tué de la main d’une femme vint révolter sa fierté. Appeler son écuyer et lui ordonner de le transpercer de son glaive fut le dernier acte de cet homme extraordinaire, dont la vaillance eût produit de grandes choses, si elle n’avait toujours été au service de son ambition.

4. ABIMÉLECH, nom donné dans le texte hébreu, I Par., xviii, 16, à un fils d’Abiathar, grand prêtre. C’est une erreur de transcription pour Achimélech (ʾAḥîmélek), comme le prouvent plusieurs manuscrits, les versions (Septante, syriaq., chald., Vulg., arab.) et les lieux parallèles, II Reg., viii, 17 ; I Par., xxiv, 3, 6, 31. Voir Achimélech 1.

5. ABIMÉLECH, nom attribué, dans le titre du psaume xxxiii, à un roi philistin, appelé ailleurs Achis, I Reg., xxi, 10-14. Quelques manuscrits hébreux et certaines éditions de la Vulgate portent Achimélech, qui doit se décomposer peut-être en Achis mélech, « le roi Achis. »

ABINA (ou Rabina, abréviation de Rabbi Abina, selon une coutume de l'époque talmudique) fut le disciple de R. Aschi dans l’importante école de Sora, sur les bords de l’Euphrate. Il fut un de ses collaborateurs dans la compilation de la Ghemara ou Talmud de Rabylone. On croit même qu’il l’acheva et fut le dernier des Amôraïm ou interprètes de la Mischna. Il mourut vers l’an 490. Voir Talmud.

ABINADAB, hébreu : ʾAbînâdâb, « mon père est généreux ; » Septante : Ἀμιναδάϐ.

1. ABINADAB, lévite de Cariathiarim, dans la maison duquel l’arche reposa vingt ans. I Reg., vii, 1 ; II Reg., vi, 3, 4 ; I Par., xiii, 7.

2. ABINADAB, second fils d’Isaï et frère de David. Il suivit Saül dans sa campagne contre les Philistins. I Reg., xvi, 8 ; xvii, 13 ; I Par., ii, 13.

3. ABINADAB, un des fils de Saül, tué à la bataille de Gelboé. I Reg., xxxi, 2 ; I Par., viii, 33 ; ix, 39 ; x, 2.

4. ABINADAB, père d’un des douze officiers chargés de la table du roi Salomon, III Reg., iv, 11.

ABINOEM (hébreu : ʾAbînôʿam, « mon père est agréable ; » Septante : Ἀϐινεέμ.), père de Barac, de la tribu de Nephtali. Jud., iv, 6, 12 ; v, 1, 12.

ABIRAM (hébreu : ʾAbîrâm, « mon père est élevé ; » Septante : Ἀϐειρών), fils aîné d’Hiel, de Béthel. Il mourut lorsque son père, voulant rebâtir Jéricho, malgré la malédiction de Josué, en jeta les fondements. III Reg., xvi, 34 ; Jos., vi, 26.

ABIRON (hébreu : ʾAbîrâm ; Septante : Ἀϐειρών), fils d'Éliab, de la tribu de Ruben. Il se joignit à Coré et à Dathan dans la sédition qu’ils excitèrent contre Moïse et Aaron, au sujet de la souveraine sacrificature. La terre s’ouvrit pour engloutir tous les conjurés. Voir Coré, Num., XVI, 1, 12, 24-27 ; Deut., xi, '6 ; Ps. cv, 17 ; Eccli., xlv, 22.

ABISAG (hébreu : ʾAbîšag, signification inconnue ; Septante : Ἀϐισάγ), jeune fille originaire de Sunem ou Sunam (aujourd’hui Solam ou Sulem), petite ville de la tribu d’Issachar, au pied du Petit Hermon. Voir Sunam. La beauté de cette jeune Israélite la fit choisir pour être la compagne de David dans sa vieillesse. III Reg., i, 3. Ce prince devait alors avoir soixante-dix ans ; les travaux