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BETHLÉHEM

bords du Nil, pour éviter les représailles des Chaldéens. Peut-être est-ce dans ce même lieu, car en Orient on supprime plus aisément une ville qu’un caravansérail, que s’abritèrent Marie et Joseph arrivant, six cents ans plus tard, à Bethléhem pour le recensement de Cyrinus. Luc, ii, 2. Voir Chamaam 2, t. ii, col. 516.

La naissance de Jésus fut, ainsi que l’avait prophétisé Michée, v, 2, l’événement considérable qui devait surtout rendre Bethléhem à jamais célèbre. Vers cette époque, elle n’était qu’une bourgade, puisqu’on la qualifiait indistinctement de κώμη, Joa., vii, 42, et de πόλις, Luc, ii, 4. Tous les Juifs bethléhémites d’origine, et par conséquent les descendants de David, durent y comparaître pour le dénombrement fait au nom de l’empereur Auguste. Marie et Joseph s’y rendirent, et faute d’autre logement dans la cité, ils se réfugièrent dans le caravansérail. Mais là même, en raison de l’affluence des étrangers, il n’y eut pas de place dans l’hôtellerie proprement dite, κατάλυμα, et ils durent se retirer dans une des dépendances du khan, qui servait d’étable pour les animaux. On retrouve encore, et nous avons vu à Khan Djoubb-Yousef, le vrai caravansérail antique, avec ses dispositions fort bien entendues. La partie principale y est constituée par une vaste cour entourée de murs auxquels s’appuie une galerie couverte. Comme, d’ordinaire, le khan est lui-même adossé à une colline, on creuse dans des rochers de nombreux réduits, où, quand les nuits sont froides, les troupeaux s’abritent au lieu de stationner sous le péristyle ou même en plein air au milieu de la cour. Pour les voyageurs et les maîtres des troupeaux, il y a d’ordinaire un avant-corps qui sert d’hôtellerie. C’est par un passage voûté et divisant cet avant-corps en deux parties égales, que l’on pénètre dans la cour du caravansérail.


506. — Plan de l’église et de la grotte de la Nativité, à Bethléhem.

Quand la grande porte de ce passage est fermée, hommes et bêtes sont en sûreté, d’autant que sur la terrasse de l’hôtellerie on a soin de poster quelqu’un qui fait le guet et dénonce les maraudeurs. En dehors de l’indication scripturaire, Luc, ii, 7, 12, 16, saint Justin, Dial. cum Tryph., § 70, t. vi, col. 657, précisant la tradition primitive avec quelque autorité, puisqu’il était de Palestine, nous apprend que Marie mit son fils au monde ἐν στηλαίῳ τινὶ σύνεγγυς τῆς κώμης, « dans une caverne près du village. » Cela répond assez exactement à quelqu’une de ces excavations dans le rocher que l’on transformait en étables avec mangeoires pour les animaux. C’est dans un si pauvre réduit que le Fils de Dieu vint au monde, et c’est une de ces mangeoires qui lui servit de berceau. On comprend qu’un lieu si saint ait été