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BÉTHEL


Jud., xx, 18 ; xxi, 2, hoc est, in Silo, « c’est-à-dire à Silo ; » les anciens commentateurs et Josèphe, Ant.jud., V, ii, 10, ont vu dans Bêt-’Êl un nom propre). C’est que l’arche d’alliance avait été, au moins temporairement, transportée dans le lieu consacré par Jacob. Jud., xx, 27. Chaque année aussi, Samuel s’y rendait, comme à Gaigala et à Masphath, pour juger le peuple. I Reg., vii, 16. Au moment du sacre de Saûl, Béthel était encore un des sanctuaires de la nation, puisque les trois hommes qu’il rencontra y portaient évidemment des offrandes. I Reg., x, 3.

Ce fut probablement en raison des souvenirs religieux qui s’y rattachaient, et surtout à cause de sa situation sur la limite méridionale du nouveau royaume, que Jéroboam fit choix de cette ville pour y placer un veau d’or. III Reg., xii, 29. Il y éleva un autel, établit des prêtres, et « fixa un jour solennel, au huitième mois, le quinzième jour du mois, à l’imitation de la solennité qui se célébrait alors en Juda ». III Reg., xii, 32, 33. Pendant que le roi répandait encore un encens sacrilège devant l’idole, un homme de Dieu vint de Juda et annonça qu’un fils de David, Josias, immolerait un jour les prêtres des hauts lieux sur l’autel. Jéroboam étendit la main pour faire arrêter le prophète ; mais sa main se dessécha, l’autel se lendit, et la cendre se répandit ; il obtint sa guérison à la prière de l’homme de Dieu. Comme celui-ci s’en retournait, il fut trompé par un vieux prophète de Béthel qui lui fit violer les ordres de Dieu ; sa désobéissance fut punie, un lion le mit en pièces et il fut enseveli dans le sépulcre de son séducteur. Le roi d’Israël n’abandonna pas pour cela la mauvaise voie dans laquelle il était entré, et prépara ainsi, avec sa réprobation, la destruction de sa lamille. III Reg., xm. Vers la fin de son règne, Béthel tomba entre les mains d’Abia, roi de Juda. II Par., xiii, 19. Elle dut être reprise par Baasa, roi d’Israël, qui s’avança jusqu’à Rama. III Reg., xv, 17 ;

II Par., xvi, 1.

: Le culte de Baal, introduit par l’épouse d’Achab, la

phénicienne Jézabel, III Reg., xvi, 31, et la fondation de Samarie, III Reg., xvi, 24, changèrent probablement pour un temps le centre de l’idolâtrie. C’est sous le règne d’Achab, qu’un habitant de Béthel, Hiel, rebâtit Jéricho.

III Reg., xvi, 34. Il subit la malédiction prononcée par Josué, vi, 26 ; mais son entreprise montre combien était grande alors la perversité en Israël, puisqu’on ne craignait pas de braver les menaces de Dieu. Élie, avant son enlèvement miraculeux, visita Béthel, qui possédait alors une école de prophètes. IV Reg., ii, 2, 3. Les enfants de cette ville insultèrent Elisée, qui, pour venger sa dignité de prophète et Dieu même outragé en sa personne, les livra à la dent de deux ours sortis du bois.

IV Reg., ii, 23, 24. Cet événement fait bien voir encore quelles étaient à ce moment les dispositions des habitants.

Jéhu, dont le zèle aurait dû s’exercer aussi bien sur les veaux d’or que sur les idoles de Baal, ne fit rien contre le culte de Béthel, IV Reg., x, 29 ; son intérêt, qui lui était sans doute plus cher que la loi divine, le porta à conserver un culte illégitime, propre, lui semblait-il, à maintenir un mur de séparation entre les deux royaumes et à affermir le trône dans sa famille. Sous ses descendants, cette idolâtrie dut être de plus en plus florissante ; car, à l’époque de Jéroboam II ; Amos nous représente Béthel comme « le sanctuaire royal, la capitale du royaume », non pas politique, mais religieuse, c’est-à-dire le centre même du culte national. Am., vii, 13. Aussi les menaces prophétiques se fontelles entendre : « Au jour où je commencerai à châtier Israël à cause de ses prévarications, dit le Seigneur, je visiterai aussi les autels de Béthel : les cornes de l’autel seront coupées et jetées à terre. » Am., iii, 14. La ville des veaux d’or aura le sort des autres sanctuaires idolâtriques, comme Galgala et Bersabée : « Galgala sera emmenée captive, » û-Bêt-’Êl yheyéh le’âvén, « et Béthel deviendra une vanité, » Am.,

v, 5, jeu de mots sur’âvén qui signifie en même temps « vanité » et « idole ». Voir Béthaven. Si les Israélites ne cherchent le Seigneur, sa colère, dont le feu est le symbole, détruira le royaume, « et personne ne pourra éteindre Béthel. » Am., v, 6. Telles étaient également les prédictions d’Osée, x, 15.

Les Assyriens furent les instruments dont Dieu se servit pour exécuter ces menaces. D’après Osée, x, 5, 6, on peut croire qu’ils emmenèrent les idoles de Béthel. Après la chute du royaume d’Israël, quand la Samarie dévastée fut repeuplée par des étrangers, le Seigneur, pour réprouver l’idolâtrie des nouveaux habitants, envoya des lions, qui les dévoraient. Alors le roi d’Assyrie fit retourner auprès d’eux un prêtre qui avait été au service du veau d’or, et qui s’établit à Béthel, pour « leur enseigner le culte du Dieu du pays ». IV Reg., xvii, 25-28. Le résultat de ses prédications fut un monstrueux mélange des cultes païens et de la vraie religion. IV Reg., xvii, 29-33. — Quant aux malédictions prononcées par l’homme de Dieu, III Reg., xiii, 2, devant Jéroboam, contre l’autel que le roi venait d’élever, elles furent accomplies à la lettre par Josias. Celui-ci, après avoir fait jeter hors du temple de Jérusalem tous les objets qui avaient servi à Baal, au bois consacré et à tous les astres du ciel, les brûla hors de la ville, dans la vallée du Cédron, « et en emporta la cendre à Béthel, » IV Reg., xxiii, 4, renvoyant à leur lieu d’origine les instruments du culte idolâtrique. Il détruisit aussi l’autel et le haut lieu de Béthel ; il les réduisit en cendres, après avoir pollué l’autel en brûlant dessus les ossements des tombeaux voisins, IV Reg., xxiii, 15, 16 ; il ne respecta que « le monument » (hébreu : ha$-$iyyûn ; Vulgate : titulus) du prophète dont il réalisait les paroles. IV Reg., xxm, 17, 18.

Après la captivité, les hommes de Béthel et de Haï revinrent sous la conduite de Zorobabel, I Esdr., ii, 28 ; II Esdr., vii, 32 ; et les enfants de Benjamin prirent possession de ces deux villes. II Esdr., xi, 31. Il n’est plus ensuite question de Béthel qu’au temps des Machabées ; elle est au nombre des villes de Judée où Bacchide eut soin de bâtir des forts. I Mach., IX, 50 ; Josèphe, Ant. jud., XIII, i, 3. Elle fut prise par Vespasien en même temps que la Gophnitique et l’Acrabatène, Josèphe, Bell, jud., IV, IX, 9.

A. Legendre.

2. BÉTHEL (omis par les Septante, Jos., xii, 16, Bat6doûp, I Reg., xxx, 27), ville du sud de la Palestine, qui, dans les deux passages où elle est citée, Jos., xii, 16 ; I Reg., xxx, 27, ne semble pas pouvoir être confondue avec la précédente. En effet, dans la liste des rois vaincus par Josué, xii, 9-24, au lieu d’être mentionnée après Jéricho et Haï, ꝟ. 9, ce qui serait naturel dans le cas d’identité avec la Béthel d’Éphraïm, elle l’est avec des localités méridionales, comme Odullam, Macéda et Taphua, ꝟ. 15-17. Ensuite, I Reg., xxx, 27, elle tient la tète des villes auxquelles David, revenu à Siceleg après sa victoire sur les Amalécites, envoya des dons ou une part du butin. Or toutes appartiennent au midi. Voir Aroer 3, col. 1026 ; Asan, col. 1055 ; Hébron, etc. D’après cela et d’après l’examen de certaines listes de Josué et des Paralipomènes, elle paraît bien correspondre à Béthul (hébreu : Befùl), Jos., xix, 4 ; Bathuel (hébreu : Betû’êl), I Par., iv, 30, ville de la tribu de Siméon. Le voisinage de Hormâh dans ces différentes listes (Vulgate : Herma, Jos., xii, 14 ; Arama, I Reg., xxx, 30 ; Harma, Jos., xix, 4 ; Horma, I Par., iv, 30) peut confirmer cette opinion. Voir

Bétiiul.

A. Legendre.

3. BÉTHEL (MONTAGNE DE) (hébreu : harBêf-Êl), montagne signalée sur la frontière méridionale d’Éphraïm, frontière qui, de la basse plaine de Jéricho, se dirigeait vers le sommet du plateau central de la Palestine. Jos., xvi, 1. C’est là que Saûl, au début de son règne, dans la guerre contre les Philistins, se tint avec une troupe de deux mille hommes, qui s’étendait jusqu’à Machmas