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BÉTHEL

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vées. Vers le centre de l’enceinte, une petite tour carrée est encore en partie debout (fig. 500) ; elle mesure treize pas sur chaque face, et ne paraît pas remonter au delà du moyen âge. Quelques pierres sont marquées d’une croix grecque… Ailleurs, dans un autre endroit de cette enceinte, divisée autrefois en plusieurs compartiments, dont les arasements sont à peine visibles (les habitants de Beitln en ayant fait un verger planté de figuiers, de vignes et de légumes), j’aperçois un fût de colonne de marbre, qui est brisé, et, sur un magnifique bloc, une croix grecque, figurée entre deux petites pyramides ». V. Guérin, Judée, t. iii, p. 16. C’est peut-être sur cette colline qu’Abraham dressa sa

tère exclusivement religieux. Abraham est le premier qui, par deux fois, à son entrée dans la terre de Chariaan, Gen., xii, 8, et à son retour d Egypte, Gen., xiii, 3, 4, la sanctifia par l’érection d’un autel et l’invocation du nom divin. Deux fois aussi Jacob la consacra comme le sanctuaire de l’Éternel, en lui donnant son nom de « maison de Dieu ». Gen., xxviii, 19 ; xxxv, 6, 7. Dieu lui-même, parlant un jour au patriarche, aimait à s’appeler « le Dieu de Béthel ». Gen., xxxi, 13. C’est près de ce lieu béni, sous un chêne, qui fut nommé « le Chêne des pleurs », que fut enterrée Débora, la nourrice de Rébeeca, Gen., xxxv, 8, touchant témoignage de la vénération dont Jacob

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501. — Cirque de rochers à l’est de Béthel. D’après une photographie.

tente et éleva un autel au Seigneur ; l’Écriture nous dit, eu effet, que la montagne qu’il sanctifia ainsi était « à l’orient de Béthel », et que le patriarche « avait Béthel à l’occident et Haï à l’orient ». Gen., xii, 8 ; xiii, 3.

Beitîn, étant à 881 mètres d’altitude au-dessus de la Méditerranée, est un des points les plus élevés de la contrée. De ses hauteurs, le regard plonge, vers l’est, dans la profonde vallée du Jourdain fermée par le long mur des monts de Moab et de Galaad ; il s’étend jusqu’à la pointe septentrionale de la mer Morte. Cf. Palestine Exploration Fund, Quarterhj Statement, 1881, p. 255. Du côté du sud et de l’ouest, la vue embrasse les blanches collines de Judée et distingue nettement plusieurs points de la ville de Jérusalem. Survey of Western Palestine, Memoirs, Londres, 1882, t. ii, p. 296. Abraham et Lot pouvaient donc facilement de là contempler le pays et faire choix de contrées où ils pourraient séparément et en paix élever leurs nombreux troupeaux. Gen., xiii, 10. Le caractère particulier des environs de Beitîn est d’être rocailleux ; on rencontre certains groupes de rochers ou cercles de pierres au nord et à l’est. Cf. Survey of West. Pal, Memoirs, p. 296, 305 (fig. 501).

III. Histoire. — L’histoire de Béthel revêt un carac entourait ceux-là mêmes qui ne se rattachaient que par des liens extérieurs à sa famille.

Au moment de la conquête, elle semble avoir prêté secours à la ville de Haï, sa voisine. Jos., viii, 9, 17. Elle se trouva alors, dans le partage de la Terre Promise, sur la frontière qui séparait les tribus d’Éphraïm et de Benjamin. Jos., xvi, 1, 2 ; xviii, 13. Primitivement attribuée à cette dernière, Jos., xviii, 22, elle fut cependant conquise parles enfants de Joseph, Jud-, i, 22-26, et, de fait, appartint à la première. Et ainsi, chose singulière, les deux principaux sanctuaires échus dans le lot de Benjamin, Jérusalem et Béthel, l’un au sud, l’autre au nord, furent conquis par les tribus voisines, Juda et Éphraïm.

A l’époque troublée des Juges, elle devint un lieu de rendez-vous pour le peuple. C’est entre Rama et Béthel que la prophétesse Débora, assise sous son palmier, comme plus tard notre saint Louis sous son chêne, recevait les enfants d’Israël pour régler leurs différends. Jud., iv, 5. Dans des circonstances difficiles, les Israélites vinrent consulter le Seigneur à Béthel, pleurer devant lui, jeûner, lui offrir des holocaustes et des hosties pacifiques. Jud., xx, 18, 26 ; xxi, 2 (dans ces passages, la Vulgate a traduit Bêf-’Êl par domus Dei, ajoutant même, à tort,