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BÊTE — BETH


pard, les pieds de l’ours et la gueule du lion, que saint Jean remarque en cette bête, Apoc., xiii, 2, signifient que Rome païenne réunit la ruse, la férocité et la force des trois monarchies, grecque, persane et babylonienne, auxquelles elle succède… Les anciens aimaient à désigner les personnes par des caractères mystérieux et par des chiffres. Cf. Apoc, i, 8 ; xxi, 6 ; Eptit. S. Barn., 9, t. ii, col. 752. Ce dernier mode de désignation était d’autant plus naturel parmi eux, que chaque lettre avait sa valeur numérale. [Le chiffre de la bête] est 666, c’est-à-dire on trouve en son nom des lettres dont la valeur équivaut à ce chiffre. Apoc, xiii, 18. [Mais] une telle donnée [est insuffisante] pour préciser ce nom, car il y a une foule de noms qui répondent à cette indication, par exemple : selon la valeur des lettres grecques, AaTsîvoî, iMtinus (S. Irénée, v, 30, t. vii, col. 1206 ; Teaâv, Titan (S. Irénée, loc. cit.) ; revaiiptxo ; , Genséric (Rupert, t. clxix, col. 1084) ; OùXntoç, Vlpius, prénom de Trajan (Grotius) ; ’ArioçâTiiç, ç ligature pour crt, .AposJaJ(CorneliusàLapide, Comm. in Apocalyp., c. xiii, 18) ; M<xoy.iu(, Mahomet ; en hébreu, Nero C&sar ; en latin, G. F. Julianus Cses. Aug., nom de Julien sur les médailles (Dom Calmet, Comm. sur l’Apocalypse, ch. xiii, 18) ; Diodes Augustus [Dioclétien] (Bossuet, Explic. de l’Apocalypse, ch. xiii, 18), etc. Aussi plusieurs commentateurs ont-ils été conduits à dire que ce nombre n’a qu’une valeur mystique. » Cf. Les Livres Saints et la critique rationaliste, 4e édit., t. v, p. 579-582. — Voir Zoologie biblique.

F. Vigouroux.

BÉTÉ (hébreu : Bétah ; Septante : rj Mereêdcx ; Codex Alexandrinus : Ma<7Ôàx)> " ue d’Adarézer, roi de Soba, prise, avec Béroth, par David, qui en emporta une immense quantité d’airain. Il Reg., viii, 8. Dans le passage parallèle, I Par., xviii, 8, on lit Tibhaf (Septante :

  • i MataêlO ; manuscrits du Vatican et du Sinaï : Msraëïixâ ;
; Vulgate : Thebath). En laissant de côté le thav

final du second mot, il n’y a là qu’une simple transposition de lettres : maa, Bélah ; nmis, Tibhaf. Quelle est

la vraie leçon ? Impossible de le savoir d’une façon certaine, la ville étant d’ailleurs complètement inconnue. Cependant les plus anciennes versions sont d’accord avec ie texte des Paralipomènes. Les Septante donnent, en effet, II Reg., viii, 8, Metlgax ; la première syllabe Me n’est que la préposition hébraïque qu’ils ont unie au mot ; ils ont donc lu naioa, Métébah, au lieu de mit-Tébah, « de Tébah. » La transcription est la même dans le second passage, I Par., xviii, 8, sauf l’omission du heth dans MaraiéO. La version syriaque présente de même, dans les

deux endroits, — S.^, Tébah. On trouve dans l’arabe,

II Reg., viii, 8, M^s, fâbâh, et, I Par., xviii, 8, Hems,

à côté de Ba’albek, qui répond à Chun. Ajoutons néanmoins que la paraphrase chaldaïque, II Reg., viii, 8, est semblable à l’hébreu, et que, dans le récit de Josèphe, Ant. jud., VII, v, 3, la ville s’ajjpelle BeiTcxîa. Quelques auteurs donnent la préférence à la leçon des Paralipomènes, parce qu’elle reproduit le nom d’un descendant de Nachor, frère d’Abraham, c’est-à-dire Tébah (Septante : Taëéx ; Vulgate : Tabée ; syriaque : Tébah ; arabe : fdbah), Gen., xxii, 24. Cf. Ewald, Geschichte des Volkes Israël, Gœttingue, 3e édit., 1866, t. iii, p. 207, note 3. Enfin on a voulu identifier Tibhaf ou Tébah avec une ville de Syrie, nommée Tayibéh, située sur la route de Hamah à Alep, ou avec une autre de même nom, au sud de Ba’albek. Cette dernière aurait en sa faveur sa position près de Bereitân, que les mêmes auteurs assimilent à Béroth. Voir Béroth 3. Cf. K. Furrer, Die antiken Stâdte und Orlschaften im Libanongebieté, dans la Zeitschrift des Deutschen Palâslina-Vereins, Leipzig, 1885, t. viii, p. 34.

Malheureusement il n’y a entre a£]a, Tayibph, et nniD,

Téba/f, qu’une ressemblance incomplète. — M. E. de

Rougé, Élude sur divers monuments du règne fie Thoutmès III, dans la Revue archéologique, nouv. série, Paris, , 1861, t. iv, p. 356, a cru reconnaître Tibhaf dans le n° 6 des Listes de Karnak, qu’il transcrit Tevexii. D’autres, égyptologues donnent une lecture et une identification différentes. Voir Thébath. A. Legendke.

    1. BÉTEN##

BÉTEN (hébreu : Bétén ; Septante : Ba18<Sx ; Codex Alexandrinus, Bxrvé), ville de la tribu d’Aser, mentionnée une seule fois dans l’Écriture, Jos., xix, 25. Eusèbe, Onomasticon, Gœttingue, 1870, p. 236, au mot Barvat, dit que ce bourg s’appelait encore de son temps BeOëeTev (correspondant à l’hébreu pa-wa, BêfBétén) et était

situé à huit milles ( environ douze kilomètres) à l’est de Ptolémaïde ou Saint-Jean-d’Acre. C’est d’après ce renseignement que quelques explorateurs ont proposé d’identifier Béten avec le village actuel d’El-Ba’néh, qui se trouve bien à l’est d’Akka, quoique à une distance un peu plus éloignée. Voir la carte de la tribu d’AsER. Cf. Van de Velde, Metnoir to accompany the Map of the Holy Land, in-8° Gotha, 1858, p. 293 ; G. Armstrong, Wilson et Conder, Nantes and places in the Old and New Testament, in-8, Londres, 1889, p. 27. La différence entre le teth hébreu de poa, Bétén, et le’aïn arabe de AàxjJS, El-Ba’néh,

rend évidemment la ressemblance des deux mots incomplète et forme une difficulté au point de vue de l’onomastique. D’un autre côté cependant, la position qu’occupe le village en question répond bien à l’ordre suivi par Josué, xix, 25-31, dans rémunération des villes d’Aser. Voir Aser 3, col. 1086. Cette opinion nous parait, en tout cas, plus acceptable que celle qui cherche Béten dans Tibnin, au sud-est de Tyr, sous prétexte que l’hébreu Bétén ou Béfén, changé en Tébén = l’arabe Tibn ou Tibnin. Cf. Identifications suggested in « Murray’s Handbook », dans le Palestine Exploration Fund, Quarterly Statement, 1892, p. 207, 333, Sans parler de la difficulté topographique, nous dirons que de pareilles interversions dans les lettres d’un mot, quand elles ne sont basées sur aucun document ancien, texte, manuscrits ou versions, seraient de nature à légitimer toute espèce d’identifications. Mariette avait cru reconnaître Béten dans le n° 23 des Listes de Karnak, qu’il transcrit par Batna. Les listes géographiques des pylônes de Karnak, Leipzig, 1875, p. 21. M. Maspero, lisant Bizana, chercherait plutôt cet endroit dans le massif de collines qui sépare le lac de Tibériade de la plaine d’Esdrelon. Sur les noms géographiques de la liste de Thoutmès III qu’on peut rapporter à la Galilée, extrait des Trans^ actions of the Victoria Institute, or philosophical Society of Great Britain, Î886, p. 6. — El-Ba’néh est un, village composé de Druses et de Grecs schismatiques. Les premiers y ont une mosquée qui passe pour avoir été bâtie sur l’emplacement d’une ancienne église ; le gros mur formant terrasse qui entoure cet édifice est en partie construit avec de beaux blocs d’apparence antique. En dehors et ; au bas du bourg, dans un enclos planté de vieux oliviers, ou remarque la cuve d’un grand sarcophage antique dont le couvercle a disparu. V. Guérin, Description de la Palestine, Galilée, t. i, p. 445.

A. Legendre.

1, BETH, a, nom de la seconde lettre de l’alphabet hébreu, exprimant la consonne b. Belh signifie « tente » ou « maison ». Dans sa forme phénicienne primitive, ce caractère, figuré ainsi, à>, reproduisait l’image d’une

tente, à peu près comme dans l’alphabet éthiopien, fl. Le bêta grec porte le même nom, et sa forme, d’où est venue la nôtre, dérive de celle du beth phénicien, Voir Alphabet.

2. BETH, mot hébreu, bêf, signifiant a maison, demeure, lieu », fréquemment employé en composition avec d’autres mots, pour former des noms propres de villes,