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BERGER


bon Pasteur, Joa., x, 11, et donnera le même titre à celui qui doit être son vicaire sur la terre. Joa., xxi, 15-17.

II. Genre de vie des bergers. — 1° Obligations. — Le métier de berger imposait des obligations très dures. Le pasteur d’alors devait être, comme celui d’aujourd’hui, grossièrement vêtu (fig. 489), muni de sa houlette, I Reg., xvli, 40, pour guider ses brebis (fig. 490), armé d’armes diverses pour les défendre. I Reg., xvii, 34-36. Le troupeau réclamait une surveillance continuelle de jour et de nuit, quelles que fussent les intempéries des saisons. Gen., xxxi, 40. Il est vrai que la nuit les bergers se relayaient de veille en veille, Luc, ii, 8 ; mais le veilleur fatigué s’endormait parfois, Nah. r iii, 18, et les brebis restaient exposées aux

aider dans leur tâche. Job, xxx, 1. Mais ces animaux eux-mêmes pouvaient manquer de vigilance et devenir « muets et incapables d’aboyer ». Is., lvi, 10.

2° Entretien du troupeau. — Il ne suffisait pas de surveiller et de défendre le troupeau ; le berger avait encore à pourvoir à son alimentation. Le matin, il arrivait à l’enclos dans lequel les brebis étaient enfermées ; il entrait et faisait sortir tout le bétail. Puis il marchait devant, et les brebis le suivaient docilement au son de sa voix, qu’elles connaissaient bien. Joa., x, 1-4 ; Ezech., xxxiv, 12. Le berger les menait aux meilleurs pâturages et aux sources d’eau. Gen., xxix, 7 ; Exod., ii, 16 ; Ps. XXII, 2. Souvent il ne pouvait, sans dommage pour

489. — Jeune berger des environs de Jérusalem. D’après uno photographie de M. h. Hoidet.

plus grands dangers. Elles étaient sans cesse menacées pur les bêtes féroces, le lion, l’ours, le loup, le léopard, I Reg., xvii, 34-35 ; Is., xxxi, 4 ; Jer., v, 6 ; Am., iii, 12 ; Joa., x, 11-13 ; d’autres fois les brigands venaient s’en emparer, Gen., xxxi, 39 ; Job, i, 17, ou des accidents imprévus les faisaient périr. Job, i, 16. Le berger était ordinairement responsable des pertes subies par le troupeau. Gen., xxxi, 39. Aussi, la nuit surtout, tenait-il les animaux enfermés dans un enclos muni d’une porte confiée à la surveillance d’un gardien, Joa., x, 3, ce qui n’empêchait pas toujours les voleurs de passer par dessus la barrière et d’emporter ce qui était à leur convenance. Joa., x, 1. Quelquefois on bâtissait des tours dans les endroits déserts, pour la défense du pasteur et du troupeau. II Par., xxvi, 10 ; xxvii, 4. Il est ainsi question dans l’Écriture d’une « tour d’Éder », Migdal’Êdér, Gen., xxxv, 21 ; Mich., iv, 8 (hébreu), « tour du troupeau, » élevée dans ce but. Le brigandage était si bien dans les mœurs, comme il l’est encore aujourd’hui chez les Bédouins de désert, qu’on se faisait un mérite de ne l’avoir jamais exercé. Cf. I Reg., xxv, 7. Comme les bergers de tous les pays, ceux de Palestine avaient des chiens pour les

480. — Berger arabe de Judée, avec sa houlette. D’après une photographie de M. L. Heidet.

le troupeau, s’éloigner de la sourceou du puits, Gen., xxix, 2-4, tant l’eau était rare dans certaines régions ; et, surtout dans les temps plus anciens, il lui fallait du courage et de la vigueur pour défendre son puits, déjà trop peu abondant, contre les prétentions des bergers étrangers. Gen., xxi, 25 ; xxvi, 20 ; Exod., Il, 17. Quand on rentrait le soir, quand le maître venait visiter son troupeau ou quand il fallait vendre une partie du bétail, le berger faisait passer les brebis par une porte étroite et les comptait soit à la main, Jer., xxxii., 13, soit avec un bâton, qui peut-être les marquait d’un signe en couleur. Lev., xxvii, 32. Voir t. ii, fig. 611, col. 1987.

Parfois des brebis étaient blessées ou fatiguées, les agneaux ne pouvaient plus marcher, un animal s’égarait. Alors le berger multipliait les soins, portait dans ses bras ou sur ses épaules la pauvre bête, et s’en allait à la recherche de la brebis perdue. Gen., xxxiii, 13 ; Is., XL, H ; Luc., xv, 4. Au temps voulu, le berger tondait les brebis, Gen., xxxi, 19 ; xxxvtii, 12 ; II Reg., xiii, 23, et veillait à la multiplication du troupeau. Pendant que Jacob était berger chez Laban, il avait obtenu au moyen de baguettes placées dans les abreuvoirs, sans doute par un miracle