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BÉRÉE DE SYRIE


ou plutôt son tuteur Lysias, se mit en marche avec ses troupes contre Judas Machabée (163 avant J.-C), l’impie Ménélas se mêla à l’armée envahissante, afin d’obtenir par ses brigues de rentrer en possession du souverain pontificat. Lysias, sachant que ce coupable ambitieux était une des causes principales des troubles de la Judée, Ht donner par le roi l’ordre de le conduire à Bérée. (La Vulgate omet le nom de la ville et dit : in eodem loco, i dans le même lieu, » sans qu’aucun lieu ait été désigné, ce qui ne peut s’expliquer que par une lacune dans le texte latin.) Il y avait là, à l’endroit sans doute où est aujourd’hui la citadelle, une tour haute de cinquante coudées (environ 26 mètres) et remplie de cendres. Ménélas y fut jeté, selon la coutume du lieu, If Mach., xiii, 4-6, et y périt étouffé.

désert de Syrie (fig. 486). Elle est bâtie au milieu d’une oasis, à 420 mètres d’altitude, sur huit petites collines, entourées elles-mêmes de collines calcaires plus hautes. Elle a l’avantagé si rare en Orient d’être arrosée par une rivière, le Kouaïk, l’ancien Chalos (Xénophon, Cyrop., i, IV, 9, édit. Didot, p. 194), qui traverse la ville, en rend les environs très fertiles, et va se perdre dans un marécage, à une trentaine de kilomètres de distance. Les jardins, qui s’étendent sans interruption jusqu’à près de vingt kilomètres au sud-est de la ville, sont justement célèbres, et produisent surtout des pistaches très renommées. L’aspect de la cité, vue de loin, est très pittoresque avec les blancs minarets de ses nombreuses mosquées et ses maisons aux toits plats, étagées sur les terrasses des collines. L’air y est sec et piquant ; en hiver, la neige y

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186. — Vue d’Alep (ancienne Bérée). D’après une photographie.

Bérée de Syrie (Pline, v, 19 ; Strabon, xvi, 7, édit. Didot, p. 639 ; Théodoret, H. E., iii, 17, t. Lxxxii, col. 1116) se trouvait à peu près à moitié chemiu entre Antioche et Hiéropolis, Ptolémée, v, 15, à deux journées de marche de chacune de ces deux villes. Julien, Epist. xxvii, édit. Teubner, t. i, p. 516 ; Procope, De bell. pers., ii, 7, édit. Niebuhr, t. i, p. 179. C’est l’antique ville de Helbon ou Alep. Nieéphore Calliste, II. E., xiv, 39, t. cxlvi, col. 1189. Séleucus Nicator changea son ancien nom sémitique pour lui donner le nom macédonien deBépoia, qu’elle garda jusqu’à la conquête arabe, sous Abou Obéidah, en 638. À cette époque, elle reprit son ancien nom, Ifalab ou Helbôn. Schultens, Index geographicus in vitam Saladini, au mot Halebum, p. Kk 2. Du temps de saint Jérôme, De vir. M., 3, t. xxiii, col. 613, vivaient dans cette ville des chrétiens de la secte des Nazaréens, qui se servaient de l’Évangile araméen de saint Matthieu.

Alep est située dans l’immense plaine qui s’étend de l’Oronte à lEuphrate, à l’extrémité nord-ouest du grand

tombe assez souvent ; le climat est sain, mais les habitants y sont attaqués par un ulcère, appelé le bouton d’Alep, qui se développe ordinairement sur le visage, dure un an environ et laisse une cicatrice indélébile. Dans le pays, on l’attribue à l’eau. La peste y fait aussi assez fréquemment des ravages, surtout par suite de l’incurie des musulmans.

Alep est très ancienne. La tradition arabe y conserve le souvenir d’Abraham, et prétend même qu’elle tire son nom de Haleb « lait », à cause du lait qu’Abraham, pendant son séjour dans cette ville, distribuait à tout venant (A. Schultens, Vita Saladini, p. KKj-J. ; Golius, Alfragamts, p. 274). Elle est mentionnée dans les documents égyptiens. VoirChabas, Voyage d’un Égyptien, in-4°, Paris, 1866, p. 100-102. On ne trouve cependant presque aucun reste de vieux monuments dans la ville, mais les ruines sont assez nombreuses dans les environs. Sa situation en fit dès une haute antiquité l’entrepôt du commerce entre les Indes, le bassin du Tigre et de l’Euphrate et la Méditerranée. Après la destruction de Pal-