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ABIDA — ABIGAÏL

cendant d’Abraham et de Céthura. Gen., xxv, 4 ; I Par., 1, 33.

ABIDAN (hébreu : ʾAbidân, « mon père est juge ; » Septante : Ἀϐιδάν), chef de la tribu de Benjamin, au temps de la sortie d’Égypte. Il fit ses présents, comme les autres princes d’Israël, pour la dédicace de l’autel. Num, i, 11 ; il, 22 ; vii, 60, 65 ; x, 24.

ABIEL, hébreu : ʾAbiel, « mon père est Dieu ou fort ; » Septante : Ἀϐεήλ.

1. ABIEL, père de Cis, de la tribu de Benjamin, et grand-père de Saül, I Reg., ix, 1, et d’Abner, I Reg., xiv, 51. On ne doit pas identifier Abiel avec Jéhiel ou Abigabaon. Celui-ci était son père. Mais Abiel est le même personnage que le premier Ner, I Par., viii, 33 et 30 (Septante) ; I Par., ix, 36, 39. Voici la table généalogique :

Jéhiel ou Abigabaon
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Abiel ou Ner
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Cis Ner
| |
Saül Abner

2. ABIEL, le même qu’Abialbon (même signification). Voir Abialbon.

ABIÉZER, hébreu : ʾAbîʿézer, « mon père est un secours. » Dans les Nombres, xxvi, 30, par contraction, Iézer ; hébreu : ʾIézer ; Septante : Ἀϐιέζερ, Ἰεζί.

1. ABIÉZER, fils aîné de Galaad, d’après Num., xxvi, 30, et Jos., xvii, 2, ou fils de la sœur de Galaad, selon le texte actuel des Paralipomènes, I Par., vii, 18. Il fut le chef d’une des plus importantes familles de la tribu de Manassé, qui semble avoir eu d’abord ses possessions à l’est du Jourdain, avant de se fixer à Éphra, où naquit Gédéon, descendant d’Abiézer. Jos., xvii, 2 ; Jud., vi, 11, 24, 34 ; viii, 2, 32.

2. ABIÉZER, d’Anathoth, de la tribu de Benjamin, était un des guerriers renommés de l’armée de David. Pendant le neuvième mois, il commandait les troupes de la garde du roi. II Reg., xxiii, 27 ; I Par., xi, 28 ; xxvii, 12.

ABIGABAON (hébreu : ʾAbî-gibʿôn, « père ou possesseur de Gabaon ; » Septante : πατὴρ Γαϐαών), surnom donné à Jéhiel, possesseur de Gabaon et ancêtre de Saül, I Par., viii, 29. Voir Jéhiel et Abiel 1.

ABIGAÏL, hébreu : ʾAbigayil, « mon père est joyeux ; » Septante : Ἀϐιγαία.

1. ABIGAÏL, femme de Nabal, et plus tard épouse de David, à la suite de l’incident rapporté au premier livre des Rois, xxv, 3-42. Elle habitait avec Nabal à Maon, sur la lisière du désert de Pharan, vivant dans l’abondance, car son mari était fort riche en troupeaux de brebis et de chèvres, qu’il entretenait près de là, dans son domaine de Carmel, au milieu d’un pays montagneux et très fertile en pâturages. Voir Carmel 2. Ils étaient de ces Israélites, devenus rares alors, auxquels la vie agricole ne faisait pas oublier la vie pastorale de leurs ancêtres. Le caractère d’Abigaïl contrastait d’ailleurs étrangement avec celui de son mari. Celui-ci était un homme dur, violent, ami de la bonne chère, et facilement entraîné à l’intempérance. I Reg., xxv, 36. Elle, au contraire, possédait toutes les qualités d’une femme accomplie. À une rare beauté, elle joignait une grande maturité de jugement, une étonnante décision, même dans les situations les plus délicates, enfin une admirable énergie dans l’emploi des moyens. Or chaque année, à l’occasion de la tondaison des brebis, la famille de Nabal, suivant un usage universel, se mettait en fête : on le savait dans le voisinage, et les propriétaires voisins, les amis, n’oubliaient pas que la fête comportait un grand festin auquel ils étaient conviés, ou bien l’envoi de présents offerts par le maître des troupeaux tondus. Cf. II Reg., xiii, 24-27. David, ayant été informé de ce qui se passait chez Nabal, crut l’occasion favorable pour faire valoir ses services rendus, le succès de ses armes contre les Arabes maraudeurs, l’efficace protection exercée sur les troupeaux de Carmel ; et il pensait obtenir facilement une part dans les largesses de Nabal, d’autant plus que le désert de Pharan fournissait si peu pour sa subsistance! Malheureusement Abigaïl était absente quand se présentèrent les envoyés de David. Elle ignorait même la démarche du royal fugitif et la réponse impertinente de son mari, quand un de ses serviteurs vint la prévenir que David, justement irrité, avait juré la ruine de Nabal, et qu’il se préparait à l’heure même à marcher sur lui avec tous ses gens. I Reg., xxv, 14. Prudente autant qu’elle était ferme, Abigaïl trouve à l’instant le remède au mal. Elle fait apporter deux cents pains, emplir de vin deux outres, cuire cinq moutons ; elle y joint cinq boisseaux de farine d’orge, cent ligatures de raisin et deux cents gâteaux de figues : tout cela est destiné à David, dont le ressentiment, pense-t-elle, s’apaisera en face de cette libéralité. C’était, en effet, une offrande considérable. Siba crut se montrer très généreux envers David en lui offrant plus tard une outre de viii, II Reg., xvi, 1 ; Abigaïl en offre deux, et elles étaient sans doute de grande capacité, comme celles qu’on apprêtait avec la peau entière d’un bouc ; cf. Gen., xxi, 14 ; Jos., ix, 4, 13 ; Jud., iv, 19 (voir Outre) ; cf. Fillion, Atlas archéolog. p. 10 et pl. xv. Les cinq boisseaux (seʾyîm) de farine d’orge (hébreu : qâli, « blé grillé, » I Reg., xxv, 18 ; cf. xvii, 17) représentaient une quantité notable, car le seʾȧh était le tiers de l’éphâh, et contenait environ treize litres. Les Septante ont traduit cinq éphah, peut-être parce que les cinq se'îm paraissaient trop peu. Le présent appelé ligatures de raisin (hébreu : simmuqîm) se composait de raisins desséchés, pressés, et mis en masses ou gâteaux. C'étaient un des meilleurs produits de la contrée, car les alentours d’Hébron étaient plantés de vignes produisant un raisin excellent.

Précédée de ses serviteurs et suivie de ce convoi, Abigaïl, à l’insu de Nabal, se dirigea vers la retraite de David, qui était, d’après l’hébreu et la Vulgate, le désert de Pharan ; d’après les Septante, le désert de Maon. I Reg., xxv, 1. Cette divergence peut se résoudre par la proximité de la partie septentrionale du désert de Pharan avec la partie méridionale de celui de Maon, au sud de Juda. Voir Maon, Pharan. Elle rencontra David au pied de la montagne (hébreu : beséṭer hâhâr, « dans la cachette de la montagne »), probablement dans une retraite formée par une dépression de terrain, et, selon la coutume des Orientaux, descendant de sa monture, elle se prosterna deux fois en inclinant la tête jusqu'à terre. Elle se félicita bientôt du parti qu’elle avait pris de venir au-devant de lui ; car David, après s'être répandu en reproches contre Nabal, l'écouta sans l’interrompre. Le discours d’Abigaïl est aussi habile qu'élevé. I Reg., xxv, 24-31. Bien qu’elle n’ait été pour rien dans la réponse insolente de Nabal, elle prend sur elle-même toute la faute, et cependant elle se présente avec confiance, car elle vient envoyée par Jéhovah pour empêcher David de commettre un crime, et lui offrir des présents qu’elle appelle du nom sacré de bénédiction, I Reg., xxv, 27 ( hébreu : berâkâh, qui a le sens de présent offert avec bienveillance, benedicendo ei cui offertur, ou de celui de choses résultant de la bénédiction de Dieu ; Septante : εὐλογίαν ; cf. Gen., xxiii, 11 ; II Cor., ix, 5). Après quoi elle se concilie, sans flatterie, l’esprit du héros irrité, en affirmant de lui, ce qu’elle a sans doute appris de Samuel