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BENJAMIN (TRIBU DE)

’Enab et Ramléh ; — la seconde, un peu plus haut, par Beit Iksa, Biddou, Beit-Likia, Djimiou et Lxjdda ; — la troisième, par Seha’fat, El-Djtb, Bélhoron, pour retomber à Lydda ; — la quatrième part à’El-Biréh et s’en va, par Beit Nebala, rejoindre les autres à Jaffa. Nous ne parlons pas des lignes transversales, de Bélhoron à Amouas et à Yâlô ; d’El-Djîb à Yâlô par Biddou et Qariet el-’Enab. C’est par là, le long des collines de Béthoron, que Josué poursuivit les Chananéens, au début de la conquête, Jos., x, 10, 11, comme, aux derniers temps de l’histoire juive, les Machabées chassaient par là les armées syriennes. I Mach., iii, 16, 24. C’est par là que, à l’époque de Samuel et de Saiil, les Philistins montaient pour s’établir au cœur même du pays, à Gabaa, à Machmas, I Reg., XIII, 3, 16 ; par là aussi qu’ils s’enfuyaient après la défaite. I Reg., xiv, 16.

Du côté de l’est, les chemins offrent plus de difficultés, en raison même de la nature du terrain, plus coupé, plus abrupt, et dont certains noms de lieux rappellent le caractère particulier : Ma’âléh’Adummîm, « la montée d’Adommim ; » Séla’hà-Rimmôn, « le rocher de Rimmon, » Jud., xx, 45 ; « les dents de rocher, » Basés et Sénéh, des environs de Machmas. I Reg., xiv, 4. — La route principale, aujourd’hui carrossable, « descend de Jérusalem à Jéricho, » Luc, x, 30, en suivant la ligne même de la frontière entre Benjamin et Juda ; c’est le chemin mal fréquenté où se place l’histoire du bon Samaritain. — Une autre, plus importante autrefois, part de l’Arabah, au nord de l’ouadi el-Qelt, et s’élève vers l’intérieur des montagnes, le long des ravins, en passant par Ouadi Riyân, Rds et-Taouîl, Moukhmas, Deir Diouân, et-Tell et Beilîn, avec une branche de Moukhmas à El-Biréh. C’est la voie que suivit Josué, une fois maître de Jéricho, pour pénétrer au cœur du pays ; c’est à l’extrémité nord-ouest, auprès de Haï, qu’eurent lieu successivement la défaite et la victoire des Israélites. Jos., vii, 2, 5 ; mu, 3-25. — Une troisième enfin quitte plus haut la vallée, à’Ain Douk, et s’en va par Khirbet Kasoual et faiyibéh rejoindre, en contournant Tell’Asour, la route de Naplouse.

— Ces conditions topographiques de Benjamin sont bien exposées dans Stanley, Sinai and Palestine, in-8°, Londres, 1866, p. 199-223.

3. Plusieurs villes de Benjamin, outre leurs avantages naturels, eurent encore un rôle politique et îeligieux qui longtemps donna à la tribu une prédominance spéciale : Béthel, peut-être le plus ancien sanctuaire de la Terre Promise, un des endroits, avec Galgala et Masphath, où Samuel se rendait chaque année pour juger Israël, I Reg., vu, 16 ; Gabaon, le plus important de tous les hauts lieux avant la fondation du temple, séjour du tabernacle, lieu de "sacrifices, I Par., xvi, 39, 40 ; Ramatha, patrie de Sarouel, et où il avait élevé un autel au Seigneur, I Reg., vu, 17 ; Galgala, où eut lieu la circoncision des enfants d’Israël nés dans le désert, Jos., v, 2-9 ; où Saùl fut reconnu comme roi, avec l’immolation de victimes pacifiques et de grandes réjouissances. I Reg., xi, 15. Mais c’est surtout Jérusalem qui fut la gloire de la tribu, et ce que nous avons dit de la situation topographique de « elle-ci montre qu’elle semblait faite pour protéger la ville sainte presque de tous côtés. Quelques commentateurs appliquent au futur choix de Jérusalem, cité benjamite, pour l’érection permanente du sanctuaire, ces paroles prophétiques de Moïse au plus jeune fils de Jacob, Deut., xxxiii, 12 :

Le bien-aimé dé Jéhovah

Demeure en sûreté auprès de lui.

Il le protège toujours,

Et il habite entre ses épaules.

II. Histoire. — L’histoire de Benjamin est des plus simples jusqu’à la conquête de la Terre Promise. C’était, au sortir de l’Egypte, une des plus petites tribus. Elle comptait trente-cinq mille quatre cents hommes en état

de porter les armes. Num., i, 26-37. Seule la tribu de Manassé lui était inférieure. Num., i, 34-35. Dans les campements et pendant la marche au désert, elle se trouvait placée, avec Éphraïm et Manassé, à l’ouest du tabernacle. Num., ii, 18-23. Elle avait pour chef Abidan, fils de Gédéon. Num., i, 11 ; ii, 22. Ce fut par ses mains que, à la dédicace du tabernacle et de l’autel, elle offrit, le neuvième jour, « un plat d’argent pesant cent trente sicles, une coupe d’argent de soixante-dix sicles au poids du sanctuaire, tous deux pleins de farine mêlée d’huile pour le sacrifice ; et un petit vase d’or du poids de dix sicles, plein d’encens ; un bœuf du troupeau, un bélier, un agneau d’un an pour l’holocauste, un bouc pour le péché, et, pour hosties pacifiques, deux bœufs, cinq béliers, cinq boucs et cinq agneaux d’un an. » Num ; , vii, 60-65. Parmi les explorateurs du pays de Chanaan, elle eut pour représentant Phalti, fils de Raphu. Num., xiii, 10. Au second dénombrement, fait dans les plaines de Moab, elle comptait quarante - cinq mille six cents hommes. Num., xxvi, 41. Il y avait ainsi pour elle un accroissement considérable, comme pour Manassé et Aser, Num., xxvi, 34, 47, tandis que d’autres, comme Siméon et Nephthali, avaient notablement diminué. Num., xxvi, 14, 50. Ses principales familles sont énumérées Num., xxvi, 38-40 ; la liste est plus complète I Par., vin. Celui de ses chefs qui devait travailler au partage de la Terre Promise fut Élidad, fils de Chaselon, Num., xxxiv, 21, et elle fut désignée, avec Siméon, Lévi, Juda, Issachar, Éphraïm et Manassé, « pour bénir le peuple, sur le mont Garizim, après le passage du Jourdain. » Deut., xxvii, 12. Voilà tout ce que nous apprennent sur cette première partie de son histoire les deux derniers livres de Moïse.

Son rôle fut plus actif sous la période des Juges. La place qu’elle occupait dans la terre de Chanaan, au-dessous d’Éphraïm et de Manassé, correspondait à celle qui lui était assignée dans les campements du désert. Num., 11, 18-23. Punie, comme les autres tribus, pour n’avoir pas détruit le Chananéen, le Jébuséen, Jud., i, 21, et aussi pour ses prévarications, elle vit Jéricho, « la ville des palmes, » tomber aux mains d’Églon, roi de Moab, qui tint les enfants d’Israël sous son joug pendant dix-huit ans. Jud., iii, 13, 14. Instruite par l’affliction, elle renonça à l’idolâtrie et trouva dans son propre sein le libérateur qu’elle demandait à Dieu. Aod, habile, comme tous les Benjamites, à se servir également bien de la main gauche et de la main droite, la débarrassa du tyran moabite par un de ces actes qui, sans être de tout point irrépréhensibles, n’en ont pas moins provoqué de tout temps l’admiration, pour le courage, le sang-froid et le dévouement qu’ils indiquent. Jud., iii, 15-30. Plus tard, elle répondit à l’appel de Débora et de Barac pour marcher contre d’autres oppresseurs. Jud., v, 14. Retombée dans l’idolâtrie, elle fut de nouveau soumise aux dévastations de certaines populations transjordaniennes, les Ammonites. Jud., x, 9. Jephté fut chargé de sauver et de venger les tribus du sud, victimes comme elle de l’invasion étrangère.

La tribu de Benjamin, délivrée des ennemis extérieurs, faillit disparaître entièrement sous les coups de ses propres frères, provoqués par son étrange obstination. À la suite du crime commis par les habitants de Gabaa sur la femme d’un lévite, crime divulgué par celui-ci de la plus horrible façon, l’indignation fut générale parmi les enfants d’Israël. Jud., xix. De Dan jusqu’à Bersabée et même de Galaad, ils se réunirent à Maspha au nombre de quatre cent mille combattants. Benjamin le sut, mais ne se fit pas représenter pour protester contre l’acte qui avait souillé son territoire. Après avoir entendu le récit du lévite, les Israélites résolurent de ne pas retourner chez eux avant d’avoir obtenu satisfaction, et décidèrent de marcher contre Gabaa « et de lui rendre ce qu’elle méritait pour son crime ». Jud, xx, 10. Non seulement la tribu de Benjamin refusa de livrer les coupables, mais