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BÉELPHÉGOR — BEELTÉEM


un monument votif, qui serait ainsi le dernier témoignage connu du culte de Jupiter Beellepharus, transformation du culte beaucoup plus antique de Béelphégor, mentionné dans les Livres Saints. H. Marùcchi.’BÉELSÉPHON (hébreu : Ba’al Sefôn ; Septante : BîsXcrejtçwv) ; localité près de laquelle campèrent les Hébreux en sortant de l’Egypte, avant de traverser la mer Rouge. Exod.iXiv^, 9 ; Num., xxxiii, 1. Elle n’a pu jusqu’ici êtreidentifiée avec certitude. On a supposé que Béelséphon signifie « le lieu de Typhon ou consacré à Typhon », et cette étymologie est approuvée par Gesenius, Thésaurus linguse hebrssse, p. 225. Mais Typhon, le mauvais génie, n’est pas un nom égyptien ; c’est un nom grec, qu’on ne peut trouver par conséquent dans l’Exode. Il est probable que cette localité tirait son nom d’un temple ou d’un sanctuaire élevé au dieu des Phéniciens et des autres peuples asiatiques, Baal ou Bel, considéré sous un aspect particulier. La forme Ba’al Sefôn est incontestablement sémitique. M. Poole, dans Smith, Dictionary of the Bible, 1863, t. i, p. 148, croit que Béelséphon signifie « Baal de la tour de garde » ; il fait dériver sefôn de nss, sâfâh, « observer, surveiller. » On admet plus communément aujourd’hui que Béelséphon désigne un « sanctuaire de Baal du nord », pss, sâfôn, signifiant « nord » en hébreu. Cette dénomination peut s’expliquer de la manière suivante. Le vent du sud-ouest, qui soufile souvent dans ces parages, est dangereux pour la navigation ; lèvent du nord, au contraire, lui est favorable. On comprend donc sans peine que les Fhéniciens, qui fréquentèrent la mer Rouge dès la plus haute antiquité, offrissent en ce lieu des sacrifices à leur dieu national pour qu’il fit souffler le vent du nord, et lui érigeassent sur une éminence un sanctuaire sous ce titre de « Baal [du vent] du nord ». Voir Ebers, Durch Gosen zum Sinai, 2e édit., 1881, p. 92, 521. Ce qui est certain maintenant, grâce à l’épigraphie égyptienne, c’est que Béelséphon est un nom de divinité. Ce nom a été retrouvé, en effet, dans le Papyrus Sallier IV, pi. i, verso, ligne 6, conservé aujourd’hui au Biitish Muséum, Il est écrit en caractères hiératiques. En voici la transcription hiéroglyphique :

Bàii Sapuna,

Ce papyrus contient une lettre où sont énumérés les dieux honorés à Memphis. Bâli Sapuna est compté parmi les divinités étrangères auxquelles on rendait un culte dans cette ville. Malheureusement nous n’avons encore aujourd’hui aucune indication relative à la position du Béelséphon de l’Exode. On a voulu identifier cette localité avec lléroopolis, que Champollion, L’Egypte sous les Pharaons, t. ti, p. 87, avait cru à tort reconnaître. dans Avaris. Aujourd’hui, depuis les découvertes importantes de M. Edouard Naville, nous savons qu’rléroopolis fut le nom donné par les Grecs à l’antique cité de Pithom, où les Israélites furent condamnés par un pharaon à de dures corvées. L’égyptologué de Genève a retrouvé Pithom dans les ruines de Tell el-Maskhùta, entre Ismaïlia et Zagazig, , et le nom d’Héroopolis n’est que la traduction des mots hébreux qui caractérisent Pithom, Exod., i, 11 : rmSDD ht, ’ârê miskenôf, « ville de magasins. » Le premier élément d’Héroopolis dérive de l’égyptien ^T^rf^i, â~r, pluriel aru, qui signifie précisément « magasins ». Pithom était, en effet, un lieu destiné à recevoir en dépôt, dans des constructions considérables, de nombreux approvisionnements. Voir Pithom. Puisque cette ville est la même qu’Héroopolis, on ne peut certainement confondre cette dernière avec Béelséphon, qui était sur les bords de la mer Rouge, tandis que Pithom en est à une distance assez considérable. Cf. Exod., xiii, 20, et xiv, 2. — M. H. Brugsch, dans L’Exode et les monuments égyptiens, in-8°, Leip zig, 1875, a soutenu que Béelséphon était le mont Casius, à la frontière septentrionale de l’Egypte, sur le bord de la Méditerranée. Son opinion repose sur des données fausses. Voir Vigouroux, La Bible et les découvertes modernes, 5e édit., t. ii, p. 368. Il résulte du contexte du récit biblique que Béelséphon, situé près du lieu appelé Pi-hahirôt, « la bouche des abîmes, des gouffres, » Exod., xiv, 2, devait être dans le voisinage de la mer Rouge, où étaient campés les Hébreux au moment où ils furent sur le point d’être atteints par les Égyptiens. On peut donc placer Béelséphon dans les environs de la ville de Suez, puisqu’il est probable que ce fut vers ce point qu’eut lieu le passage miraculeux de la mer Bouge. M. Edouard Naville croit que Béelséphon n’était pas une ville, mais une montagne, et qu’elle était située sur la rive asiatique de la mer, à l’est, parce que le texte sacré dit qu’elle était vis-à-vis de Pi-hâhirôt, Exod., xiv, 2, 9, dans Smith, Dictionary of the Bible, 2e édit., t. i, 1893, p. 310. Le plus grand nombre placent Béelséphon à l’ouest, en Egypte, au Djebel Attaka actuel (F. Mùlhau, dans Richm-Bæthgen, Handworterbuch des biblischen Altertums, 2e édit., 1893, t. i, p. 166), dont la masse imposante et dénudée ne pouvait manquer de frapper les navigateurs phéniciens, qui aimaient à honorer leur Baal sur les montagnes. H. Marucohi.

    1. BEELTÉEM##

BEELTÉEM (chaldéen : be’êl te’êm ; Septante : Batetfji), titre de Réuni, personnage dont le nom se lit en tête de la lettre adressée par les Samaritains à Artaxerxès, roi de Perse, contre les Juifs qui voulaient rebâtir Jérusalem. I Esdr., iv, 8, 9, 17 (et Vulgate, 23). La manière dont ce nom est transcrit dans les Septante et la Vulgate pourrait faire croire que c’est un nom propre, mais c’est simplement un nom commun, indiquant la dignité dont Réum était revêtu, de même que le mot sâfrâ’, qui qualifie le nom propre suivant, Samsaï, marque que Samsaï était « scribe ». La place que Réum occupe dans la suscription de la lettre et dans le reste du récit prouve que c’était le^ personnage le plus important de la Samarie à son époque. Le titre de be’êl te’êm doit donc désigner le représentant du roi de Perse dans le pays. Le premier mot, be’êl, veut dire incontestablement « maître, seigneur » ; le second, te’êm, a en araméen le sens de « sentence, édit royal ». Ban., iii, 10, 12, 29 ; sûm te’êm signifie « donner des ordres, commander », (I) Esdr., iv, 19, 21 ; v, 3, 9, 13 ; vi, i ; vii, 13. Be’êl te’êm peut donc s’appliquer en ara-, méen à celui qui a le pouvoir de donner des ordres, au gouverneur. Mais l’assyriologie fournit une autre étymologie. Le troisième livre d’Esdras, ii, 25, cf. ꝟ. 17, explique le titre de be’êl te’êm par ô ypiçrov ta irpocrar’TrrovTa ; Vulgate : qui scribebat accidentia. (Au ꝟ. 16 du même chapitre, Be’êl te’êm est altéré en Beé^TsOjioç ; Vulgate : Ballhémus, et séparé fautivement par une virgule du nom de Réum, devenu Rathimus.) Josèphe, Ant.jud, XI, ii, 2, édit. Didot, t. i, p. 400, a une interprétation analogue : c jtâvva ta reparrôiieva "jpâçwv. Ib., XI, II, 2, Josèphe reproduit les expressions de III Esdr., H, 25 : ô f pàçwv Ta irpo<T7c(irrovTa. Plusieurs rabbins, comme Kimchi, ont adopté cette interprétation et assimilé le titre de be’êl te’êm à celui de mazkir, « annaliste. » Voir col. 626. Les inscriptions assyriennes confirment la traduction de III Esdr., ii, 25, et nous apprennent que be’êl te’êm signifie « maître des nouvelles officielles », c’est-à-dire un fonctionnaire chargé d’écrire au roi pour le renseigner sur tout ce qui se passait dans sa province. Voir BeelTelhmus, dans Smith, Dictionary of the Bible, 2e édit., t. i, 1893, p. 379. Les rois d’Assyrie avaient établi dans les pays conquis des officiers qui avaient pour mission de les tenir au courant de tout ce qui se passait d’important dans les lieux où ils résidaient. Ces « maîtres des rapports » rendaient de grands services au pouvoir central ; ils durent donc être conservés par les rois de Babylone, après la ruine de Ninive, et par les rois de Perse, après