Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome I.djvu/843

Cette page n’a pas encore été corrigée

1531

    1. BÉATITUDES##

BÉATITUDES (MONT DES)/— BEAUTÉ

1532 « ruines de la ville longue, s On remarque, à la pointe sud-est de la colline, un caveau oblong, creusé dans le roc et revêtu de ciment ; il est en grande partie comblé. C’était ou un tombeair ou une citerne ; À côté se voient les arasements d’une petite construction, mesurant huit pas carrés, et qui passe pour être un ancien ouali musulman, ayant succédé lui-même à une chapelle chrétienne. D’autres y reconnaissent les restes d’une tour. Cf. V. Guérin, Description de la Palestine, Galilée, t. i, p. 194.

La colline de Qoroun Hattin était un point assez central où pouvaient se rencontrer les foules, avides de la parole du Sauveur, et qui venaient, pour l’entendre, « de la Galilée et de la Décapole, de Jérusalem et de la Judée, et d’au delà du Jourdain. » Matth., iv, 25. Assis moi-même, le 25 mars 1893, sur la pente sud-est, j’admirais le panorama qui se déroulait sous mes yeux, et je me disais que nul endroit n’était mieux fait pour servir de chaire au divin orateur, venant exposer ce qu’on a si justement appelé « la grande charte du royaume des cieux ». En face, les eaux tranquilles du lac, sur la surface duquel des collines qui masquent le regard projettent quelques échancrures. Au delà, les montagnes du Djaulan s’abaissent jusque, sur ses bords et ferment l’horizon. A droite, vers le sud, au-dessous de moi, une plaine basse, l’Ard el-Ahma, et, plus loin, le Thabor, dont le sommet, encadré dans les autres collines, ressemble à une bosse de dromadaire. À gauche, vers le nord, se dresse le grand Hermon avec son pic couvert de neige. A mes pieds, le tapis de verdure et les anémones rouges qui l’émaillent me rappellent l’herbe et le lis des champs que Notre-Seigneur fait entrer dans ses gracieuses comparaisons. Matth., vi, 28, 30. Voir Anémone.

C’est également sur cette hauteur que le Sauveur enseigna pour la première fois l’Oraison dominicale. Matth., vi, 9-13. À l’époque des croisades, le Djebel Qoroun Hattin et les plaines avoisinantes furent le théâtre de la désastreuse bataille où, le 4 juillet 1187, Saladin écrasa l’armée des Latins, vit la vraie croix tomber entre ses mains, et s’ouvrit par cette victoire les portes de la Palestine.

A. Legendre.
    1. BÉATUS##

BÉATUS, prêtre, moine et abbé de Saint-Martin de Liébana, en Asturie, vivait dans la seconde moitié du vme siècle. On connaît ses controverses avec Élipand, archevêque de Tolède, et les autres partisans de l’erreur adoptioniste. Voir Migne, Patr. lat., t. xcvi, col. 859-1030. Béatus y soutient la doctrine catholique avec une singulière énergie ; et ses deux écrits contre Élipand témoignent d’une profonde connaissance des Livres Saints. Il a composé sur l’Apocalypse un volumineux commentaire qui a joui d’une très grande vogue en Espagne, du rxe au XIIe siècle. Les manuscrits assez nombreux de ce commentaire remontent tous à cette époque. Ils se font remarquer par le luxe avec lequel ils ont été exécutés, et surtout par leur riche ornementation, qui permet de les ranger parmi les sources les plus importantes de l’histoire de l’art espagnol au moyen âge. Voir sur ce point Les manuscrits de l’Apocalypse de Béatus, par M. L. Delisle, dans les Mélanges de paléographie et de bibliographie (1880), p. 116-148. Quant an commentaire lui-même, il n’a rien de très original. C’est avant tout une sorte de caterta, dont le texte est emprunté à peu près exclusivement aux Pères de l’Église latine qui ont expliqué l’Apocalypse. Le recueil de Béatus n’en a pas moins une réelle importance. Il nous a conservé plusieurs textes anciens considérés depuis longtemps comme perdus, par exemple, des passages du commentaire de saint Jérôme et de celui d’Apringius, évêque de Béja. Malheureusement l’abbé de Liébana ne nous fait pas connaître ce qui appartient à chacun de ces auteurs, et cette distinction n’est guère possible qu’à la condition de découvrir quelquesnns de ces commentaires. L’œuvre de Béatns a été publiée au siècle dernier par Florez, sous ce titre : Sancti Beati

presbyteri hispani Liebanensis, in Apocalypsim ac utriusque fœderis paginas commentaria, Madrid, 1770. Nous ignorons pour quel motif l’abbé Migne n’a pas inséré ce commentaire dans sa Patrologie latine.

M. Férotin.

BEAU-FRÈRE. Voir Lévirat.

    1. BEAUPORT##

BEAUPORT, théologien français, qui vivait dans la seconde moitié du xvie siècle. Il a laissé : Monotessaron Evangeliorum, Paris, in-8°, 1552 et 1560. Malgré son titre latin, c’est une concordance en français.

G. Thomasson de Gournay.

    1. BEAUSOBRE Isaac##

BEAUSOBRE Isaac, théologien protestant, né à Niort en 1659, mort à Berlin en 1738. Chassé de Châtillonsur-Indre par la révocation de l’édit de Nantes, il se réfugia à Rotterdam, puis à Berlin, où il se fixa ; il y devint chapelain de la reine. Il a laissé : Remarques historiques, critiques et philologiques sur le Nouveau Testament, 2 in-4°, la Haye, 1745 ; — Le Nouveau Testament de Notre-Seigneur Jésus-Christ traduit en français sur l’original grec, avec notes littéraires pour éclaircir le texte, 2 in-4°, Amsterdam ; réimprimé en 1741 avec des corrections et des additions considérables. La préface générale, les quatre Évangiles et les Actes sont de Lenfant.

— Discours sur la Bible de Saurin (fait en société avec son fils, Charles-Louis de Beausobre).

G. Thomasson de Gournay.

BEAUTE. Le sentiment de la beauté, inné au cœur de l’homme, trouve son objet dans certaines qualités ou dispositions des êtres, qui varient selon la diversité des temps, des lieux, du milieu et de l’éducation. Cette impuissance de l’homme à déterminer d’une manière absolue les qualités qui éveillent l’idée de beauté fait comprendre pourquoi, dans l’Écriture, certaines expressions ou métaphores, qui chez nous sont loin d’exprimer la même idée, sont employées pour signifier la beauté, et particulièrement la beauté physique de l’homme, dont il est surtout question ici.

1° C’est d’après ces notions qu’il faut apprécier la description de la beauté de l’épouse des Cantiques. Cant., vi, vu. Un des éléments de la beauté humaine chez les Orientaux était, et est encore aujourd’hui, le grand développement des formes corporelles : une haute stature, une forte corpulence. C’est peut-être à cela que l’Écriture fait allusion quand elle dit que l’épouse est belle comme Jérusalem, Cant., vi, 3 ; que son cou est semblable à une tour, iv, 4 ; vii, 4 ; sa tête, au Carmel, vii, 5. D’autres expressions du Cantique des cantiques, I, 9 ; v, 15 ; vi, 5, 6 ; vu, 1-3, semblent indiquer la même idée. La beauté du visage consistait chez les Juifs dans la pureté des lignes, dans le brillant des yeux, comme étaient ceux de Rachel, opposés aux yeux chassieux’hébreu : mous), c’est-à-dire sans vigueur, de Lia, Gen., xxix, 17 ; dans la douceur du regard, semblable à celui de la colombe, Cant., i, 14 ; v, 12, et la coloration des lèvres. Cant., iv, 3. Le visage était légèrement basané, comme l’indique l’expression : « Je suis noire, mais belle, » mise par Salomon sur les lèvres de l’épouse des Cantiques. Cant., i, 4. L’ardeur du soleil d’Orient produisait ce résultat sur ceux qui travaillaient en plein air, Cant., i, 5, et les femmes ne paraissent pas avoir cherché à s’en garantir, comme elles le font aujourd’hui, en se voilant le visage.

A l’aide de ces quelques traits, épars dans la Sainte Écriture, on peut conjecturer quel était l’extérieur de ces femmes qui sont mentionnées comme douées d’une grande beauté : Sara, Gen., xii, 11, 14 ; Rébecca, Gen., xxvi, 7 ; Judith, Jud., x, 4, 7, 14 ; Bethsabée, II Reg., xi, 2 ; Abisag, III Reg., i, 4 ; Vasthi, Esth., i, 11 ; Esther, ii, 7, 15 ; Susaime, Dan., xiii, 2, 31. La beauté corporelle semble avoir été très appréciée des Hébreux, et la loi elle-même tolérait cette estime ; car, malgré la défense faite aux Israélites d’épouser des femmes étrangères, elle permettait aux vainqueurs de se choisir des épouses parmi les plus