Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome I.djvu/837

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
1519
1520
BAUMGARTEN — BAUMIER

révélation dans un grand nombre d’esprits. — Voir Niemeyer, Die Universität Halle nach ihrem Einfluss auf Theologie, Halle, 1817, p. 70.


BAUMIER. — I. Description. — Arbuste de la taille du troène ou du cytise, à rameaux étalés, à écorce d’un gris cendré ; les feuilles sont alternes, formées de trois ou cinq folioles obovales, terminées en coin à la base, entières sur leurs bords ; les fleurs naissent en même temps que les feuilles, et sont situées à l’aisselle de celles-ci ; elles sont rougeàtres, à pédicelle court ; la corolle se compose de cinq pétales linéaires ; le fruit, qui renferme quatre noyaux, est ovale, charnu et aigu. Quand on incise l’arbuste, il s’en écoule un suc résineux aromatique, connu sous le nom de « baume de la Mecque ». Le vrai balsamier ou baumier, qui fournit le baume de la Mecque, est le Balsamodendron Opobalsamum (fig. 466), décrit par Kunth, Genera Terebinthin., p. 16, et Annales des sciences naturelles, in-4°, Paris, série I, t. ii, année 1825, p. 348 ; E. Boissier, Flora orientalis, 5 in-8°, Genève, 1867-1884, t. ii, p. 2 ; Schnizlein, Iconographia familiarum naturalium regni vegetabilis, 2 in-4°, Berlin, 1843-1853, t. ii, pl. 246. — C’est encore l’ Amyris Opobalsamum de P. Forskahl, Flora ægyptiaco-arabica, in-4°, Copenhague, 1775, p. 79, qui le premier en a donné une description exacte ; c’est le baumier ou térébinthinier de Judée, de la famille des Térébinthacées, tribu des Bursérées.



466. — Balsamodendron Opobalsamum.

Le baumier de Galaad, le βάλσαμον de Dioscoride et des médecins grecs, ou βάλσαμον δένδρον de Théophraste, appelé Amyris Gileadensis par C. Linné, Mantissa plantarum, p. 651 (Balsamodendron Gileadense Kunth, loc. cit. ; de Candolle, Prodromus systematis regni vegetabilis, 17 in-8°, Paris, 1824-1874, t. ii, p. 76), que certains auteurs ont distingué du premier, ne semble qu’une variété de celui-ci, à peine distincte par ses feuilles non seulement à trois folioles, mais munies de une à deux paires de folioles latérales. Nées von Esenbeck, Weihe et Funk, Plantæ medicinales, oder Sammlung officineller Pflanzen, 2 in-f et Suppl., Düsseldorf. 1828-1833, avec 650 pl. coloriées, pl. 354 ; W. Woodville et J. W. Hooker, Medical Botany, 5 in-4°, Londres, 1832, avec 274 pl. col., t. iii, pl. 214 ; G. Schweinfurth, Beitrag zur Flora Æthiopiens, in-4°, Berlin, 1867, avec 4 pl., p. 30. Cependant H. Baillon, dans le Dictionnaire encyclopédique des sciences médicales, t. viii, p. 311, fait observer qu’on trouve à la fois sur le même arbuste des feuilles à trois et à cinq folioles ; aussi la plupart des auteurs réunissent-ils ces deux espèces ; de sorte que le Balsamodendron Gileadense ne serait qu’un simple synonyme du Balsamodendron Opobalsamum.

Le baumier a deux écorces : l’une extérieure., qui est rouge et mince ; l’autre intérieure, verte et épaisse. Cette écorce laisse, quand on la mâche, une saveur onctueuse et une odeur aromatique. D’après Abd Allatif (1161-1231), Relation de l’Egypte, traduct. par Silvestre de Sacy, in-4°, Paris, 1810, p. 20-21, voici comment, de son temps, on recueillait le baume en Egypte. L’opération avait lieu de préférence en été ; après avoir arraché à l’arbre toutes ses feuilles, on faisait au tronc des incisions, en prenant garde* d’attaquer le bois. On recueillait le suc dans des vases que l’on enfouissait en terre pendant les chaleurs, puis on les retirait pour les exposer aux rayons du soleil ; il surnageait alors une huile que l’on séparait des parties étrangères, opération renouvelée jusqu’à pureté parfaite ; c’était alors le vrai et le plus pur baume, ne formant seulement que la dixième partie de la quantité totale produite par un arbre. De nos jours, en Arabie, on fait bouillir les feuilles et les rameaux du baumier ; la première huile qui surnage est la meilleure et elle est réservée pour le harem ; la deuxième est mise dans le commerce. E. Fr. Geoffroy, Tractatus demateria medica, Deveget., I, vii, 1, 3 in-8°, Paris, 1741, t, ii, p. 476. Versé dans l’eau, le baume de la Mecque s’y étend instantanément et complètement ; répandu sur le papier, il s’y étend peu, ne le pénètre pas et ne le rend pas translucide. À l’air, il s’épaissit et devient pâteux. Le fruit et l’écorce sont usités en médecine.

Le fruit du baumier, Carpobalsamum des anciens, est d’un gris rougeâtre, gros comme un petit pois, allongé, pointu par les deux bouts et marqué de quatre angles plus ou moins apparents. Il est composé d’une enveloppe rougeâtre, à saveur très faiblement amère et aromatique ; d’un noyau blanc, osseux, convexe d’un côté, marqué d’un sillon longitudinal de l’autre, et insipide ; enfin d’une amande huileuse d’un goût agréable et aromatique. Ce fruit, entier, n’a pas d’odeur sensible.

Quant au Xylobalsamum ou bois du baumier, il consiste en de petites branches épaisses comme des plumes à écrire, marquées alternativement de tubercules ligneux, restes de petits rameaux secondaires fort courts. L’écorce en est d’un brun rougeâtre, sillonnée de stries longitudinales régulières. Le bois est blanchâtre, dur, d’une odeur douce très faible et d’une saveur nulle, mais aromatique et à odeur de lavande quand elle est fraîche. Geoffroy, Materia medica, loc. cit., p. 477.

Le baumier appartient à la région tropicale, et peut à peine être compté parmi les productions de la flore d’Orient proprement dite. En effet, d’après E. Boissier et G. Schweinfurth, loc. cit., il croît dans la Nubie méridionale, en Arabie, autour de la Mecque, descend vers la mer Rouge jusque sur la côte orientale d’Afrique, à Zanzibar, et s’étend, dans l’est, jusque dans l’Inde. Du reste, cet arbre est très rare, dit N. J. Guibourt, Histoire naturelle des drogues simples, t. iii, p. 506, difficile à cultiver, et il a successivement disparu des diverses contrées qui l’ont anciennement possédé. Ainsi la Judée ne l’a plus depuis longtemps. Il était, depuis Salomon cultivé dans deux jardins royaux, à Jéricho et à Engaddi. Josèphe, Ant. jud., VIII, vi, 6 ; IX, i, 2 ; XIV, iv, 1. Strabon, XVI, ii, 41 ; XVII, i, 15 ; Pline, H. N., XII, liv, 1 à 8. Le jardin de baumiers de Jéricho mesurait cinq hectares, celui d’Engaddi un peu moins ; ils ne rendaient annuellement que vingt-cinq litres de baume. Après la ruine de Jérusalem,