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BATH KOL - BATHUEL


L’opinion prédominante paraît être que la Bath kol n’était pas une voix directe du ciel, mais une sorte d’écho, d’où son nom de « fille de la voix ». Voir Buxtorf, Lexicon talmudicum, ; au mot Bat, édit. Fischer, t. i, p. 168. « La BatK kol est quand un homme a une forte impression qu’il croit entendre une voix hors de lui-même, » dit Maimonide, More Nebuchim, 2e part., c. 42, édit. L. Munk, t. ii, 1861, p. ï.

Cette voix, d’après les rabbins, était une voix céleste, Sota, ꝟ. 486, col. 2 ; Baba metsiah, î. 59 b ; Sanhédrin, f. ii, col. 1. Ce n’était pas cependant la voix de Dieu, mais celle des anges ou du prophète Élie. Elle se fit entendre aux hommes sages et pieux depuis l’an 450 avant Jésus-Christ jusqu’à l’an 220 de notre ère. Son existence, qui a été un grand sujet de discussion entre les rabbins eux-mêmes, n’est nullement établie. Il est néanmoins nécessaire de savoir-ce qu’on entend par ces mots pour l’intelligence des Targums et aussi de la Peschito, version syriaque du Nouveau Testament, qui a quelquefois rendu le mot grec çwviî, « voix, » par jyLo &-L3, benof qolé, « filles des voix, » Act., xii, 22 ; I Tim., vi, 20 ; Hebr., iii, 15 (bat qoléh). — Voir Hàner, De Bath kol, Iéna, 1673 ; Metzler, De vocis filia, léna, 1673 ; Danz, De filia, vocis, Iéna, 1716, et dans J. G. Meuschen, Novum Testamentume Talmude illustratum, in-4°, Leipzig, 1736, p. 350-378 ; Proceedings of the Society of Biblical 4rcftœofogry, avril 1886, p. 117. F. Vigctoroux.

    1. BATH-RABBIM##

BATH-RABBIM (hébreu : Bat-rabbim ; les Septante et la Vulgate ont traduit ce mot comme nom commun, QvytxTpbs itoXXwv, filial multitudinis, « la fille de beaucoup, de la multitude » ). Dans le Cantique des cantiques, vu, 4, les yeux de l’épouse sont comparés aux « piscines d’Hésébon, qui sont devant la porte de Bath-rabbim ». C’est le seul endroit de l’Écriture où l’on rencontre ce nom. Il résulte du contexte, en prenant Bath-rabbim, avec la plupart des commentateurs modernes, comme nom propre, que ce mot désigne une des portes d’Hésébon, et que cette porte était située près des piscines de cette ville. D’après les usages de l’Orient, la porte d’Hésébon nommée Bath-rabbim devait être ainsi appelée parce qu’elle conduisait à Bath-rabbim. Or la seule ville connue de cette région dont le nom se rapproche de celui que nous lisons dans le Cantique est Babbath (hébreu : Rabbâh ; aujourd’hui Amman), ville principale des Ammonites. Mais Rabbath est au nord d’Hésébon, et la seule piscine qui se trouve à Hésébon est du côté opposé de la ville, c’est-à-dire au sud. Voir Chauvet et Isambert, Syrie, Palestine, 1882, p. 511. Il faut donc admettre ou que les anciennes piscines du nord ont disparu sans laisser de traces, ou que Bath-rabbim désigne une ville inconnue, différente de Rabbath, ou enfin que Bath-rabbim est un nom commun, synonyme poétique d’Hésébon et signifiant « la porte de [ la cité ] populeuse, renfermant beaucoup d’habitants », ainsi que l’explique H. Weser, dans Biehm’s Handwôrterbuch des biblischen Altertums, 1893, t. i, p. 620. J. Ayre, Treasury of Bible Knowledge, 1879, p. 95, suppose avec moins de vraisemblance que « porte de la fille du grand nombre » signifie « une porte par laquelle il passe beaucoup de monde ». D’après M. R. Conder, Heth and Moab, in-8°, Londres, 1883, p. 125, la porte de Bath-rabbim était un passage taillé dans les rochers au sommet de la montagne et qui conduit de la vallée où coule au nord YAïn Besban actuel, au plateau sur lequel était bâti Hésébon. "- F. Vigouroux.

1. BATH-SCHOUA (hébreu : Bat-sû’a, « fille de Sua ou Sué, » comme traduisent les Septante et la Vulgate ), Ghananéenne, femme de Juda, fils de Jacob. Elle est ainsi appelée Gen., xxxviii, 12, et I Par., ii, 3, dans le texte original, et c’était sans doute son nom propre, quoique Gen., xxxviii, 2, semble indiquer par la séparation des mots bat et Sû’a, seulement son origine. Voir Sué.

2. BATH-SCHOUA, forme du nom de Bethsabée, épouse de David, dans I Par., iii, 5. Voir Bethsabée.

1. BATHUEL (hébreu : Bepû’êl, peut-être pour Metû’êl, « homme de Dieu ( ?) ; Septante : BaBovrjX), fils de Nachor et de Melcha et père de Rébecca. Gen., xxii, 20-23. Il habitait Haran, en Mésopotamie, où son grand-père Tharé et son père Nachor étaient venus s’établir. Gen., xi, 31 ; xxix, 4. Il ne paraît personnellement qu’une fois dans l’histoire sainte, lors de la demande en mariage de Rébecca pour Isaac ; encore quelques interprètes ont-ils nié qu’il s’agisse de lui dans le passage où se trouve son nom, Gen., xxiv, 50, parce qu’il n’y joue pas le rôle principal qui conviendrait à un chef de famille. Il n’y est question de Bathuel que pour faire connaître son consentement au_mariage de Rébecca ; hors de là, c’est Laban qui se montre et agit partout où l’on devrait s’attendre à trouver Bathuel : c’est Laban qui vient recevoir Éliézer et exerce envers lui tous les devoirs de l’hospitalité, ꝟ. 29-33 ; c’est lui seul qui donne la parole au serviteur d’Abraham, ^.33, et il la prend ensuite avant Bathuel pour accorder à Isaac la main de la jeune fille, jK 50. Éliézer offre des présents à son frère (de Bébecca), disent l’hébreu et les Septante (et non pas : à ses frères) ; mais il n’est pas question du père, ꝟ. 53, de même que c’est le frère (encore le singulier dans l’hébreu) et la mère qui veulent retarder le départ de Rébecca, sans aucune intervention du père, ꝟ. 55, On a fait enfin remarquer que ce ne fut pas chez son père, mais « à la maison, c’est-à-dire à la tente de sa mère », que Rébecca courut raconter son entretien avec Eliézer, ꝟ. 28, ce qui contraste avec la conduite de Rachel allant droit chez son père annoncer l’arrivée de Jacob. Gen., xxix, 12.

On a proposé différentes explications de cet effacement de Bathuel, que semble encore rappeler Gen., xxix, 5. Cf. cependant Gen., xxviii, 2. Quelques-uns ont pensé que le Bathuel dont il est parlé ici n’est pas le père de Rébecca, qui d’après.eux serait mort avant l’arrivée d’Éliézer, comme le dit Josèphe, Ant. jud., i, xvi, 2 ; mais un fils de Bathuel portant le même nom que son père. Cependant, à s’en tenir au sens ^bvie de Gen, , xxi v, 50, le Bathuel nommé là est le même que celui de tien., xxii, 23 ; xxiv, 15. D’ailleurs le mot « frère » au singulier, employé dans l’hébreu de Genèse, xxiv, 53, 55, s’appliquant évidemment à Laban, il n’y a point de place dans le texte pour un autre frère de Rébecca.

D’après d’autres, la direction des affaires et le gouvernement de la famille auraient incombé à Laban, par suite de l’incapacité à laquelle Bathuel aurait été réduit, soit par la débilité physique provenant de son grand âge, soit par l’affaiblissement de ses facultés mentales. Blunt, Vndesigned Coincidences, 14e édit., p. 33, suggère l’une et l’autre de ces deux hypothèses ; mais le langage pieux et sensé que tient Bathuel, et l’acte d’autorité qu’il accomplit, Gen., xxiv, 51, ne s’accordent guère avec la seconde, ni même avec la première, si on veut l’entendre d’une incapacité absolue. Mieux vaut donc s’en tenir à l’explication adoptée par la plupart des commentateurs, et qui parait bien suffisante : Bathuel, affaibli par l’âge, se contente d’intervenir dans le point essentiel en donnant son agrément au mariage de sa fille, et il se décharge de tout le reste sur son fils. Un homme de notre temps et de nos pays n’agirait pas autrement ; à plus forte raison peut-on penser que les choses devaient se passer ainsi dans l’antique Orient, où le soin des intérêts, et, au besoin, de l’honneur même des jeunes filles, regardait leurs frères autant et plus que leur père. On trouve de cela un exemple frappant quelques chapitres plus loin, dans l’histoire de l’enlèvement de Dina. Gen., xxxiv, 5, 7-8, 14, 31. Cf. Ammon, col. 501. E. Palis.

2. BATHUEL (hébreu : Befû’êl, « maison, demeure de Dieu » ; Septante, Ba90u7J>.). C’est ainsi qu’est appelée,