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ABERLE — ABGAR

faits. Cf. Himpel, Einiges über die wissenschaftliche Bedeutung und theologisch-kirchliche Stellung des sel. Prof. Dr Aberle, dans la Theologische Quartalschrift, 1876. p. 177-228 ; K. Wemer, Geschichte der neuzeitlichen christlich-kirchlichen Apologetik, in-8°, Schaffouse, 1867, p. 401, 404.

F. Vigouroux.


ABÉS (hébreu : ʿÉbéṣ, à la panse Abéṣ ; Septante : Ρεϐές), ville de la tribu d’Issachar, mentionnée une seule fois, Jos., xix, 20, entre Césion et Rameth. Le mot ʿabsa signifiant en chaldéen « étain », Gesenius, Thes. ling. heb., p. 18, et plusieurs auteurs après lui, ont supposé qu’on y devait trouver ce métal en abondance ; mais l’étymologie seule ne suffit pas pour établir cette opinion. Certains auteurs modernes, entre autres C. R. Conder, s’appuyant plutôt sur la signification primitive de absa, « blanc, » placent Abès à Khirbet el-Beidha (en arabe, la blanche), à la limite septentrionale de la plaine d’Esdrelon. Conder, Handbook to the Bible, Londres, 1887, p. 401. Khirbet el-Beidha est une petite colline oblongue et isolée, située entre le torrent de Cison à l’ouest, et Nazareth à l’est. M. V. Guérin la décrit ainsi sous le nom de Tell-Beidar : « Les flancs inférieurs en sont soutenus par d’assez gros blocs formant terrasse ; elle est elle-même couronnée par une enceinte arabe, en partie debout et bâtie avec des pierres de moyenne dimension, qui avait autrefois renfermé une vingtaine de petites habitations, actuellement renversées. Au milieu des débris de l’une d’entre elles, s’élève un tronçon de colonne qui mesure 58 centimètres de diamètre, et qui provient peut-être d’Oumm-el-’Amed. » On remarque, dans les environs de cette dernière localité, des rochers calcaires d’une grande blancheur, qui ont été jadis, sur beaucoup de points, exploités comme carrière. Description de la Palestine, Galilée, t. i, p. 391.

A. Legendre.


ABÉSALOM (Ἀϐεσσαλώμος, dans le texte grec original ; probablement, en hébreu, ʾAbîšâlôm, « mon père est pacifique »), ambassadeur de Judas Machabée, envoyé vers Lysias, général d’Antiochus Eupator. II Mach., xi, 17.


ABESAN [(hébreu : ʾIbeṣan, signification inconnue ; Septante : Ἀϐαισσάν), juge d’Israël, Jud., xii, 8-10. Il était originaire de l’une des deux villes appelées Bethléhem, et plus probablement de Bethléhem en Zabulon ; en effet, Abesan n’a pas dû gouverner tout Israël, mais seulement la partie la plus septentrionale de la Terre Sainte, tandis que les tribus les plus voisines des Philistins subissaient le joug de ce peuple idolâtre. La judicature d’Abesan dura sept ans et ne fut signalée par aucun événement remarquable. Après sa mort, il fut transporté et inhumé à Bethléhem, sa ville natale. Il avait eu trente fils et trente filles, et avait pourvu à leur établissement. Le nombre de ses enfants s’explique par la polygamie, alors tolérée chez les Hébreux. Abdon, qui fut peu après lui juge d’Israël, eut « gaiement un nombre de fils considérable. Jud., xii, 14.

E. Duplessy.


ABESSALOM (hébreu : ’Abišâlôm, « mon père est pacifique ; » Septante : Ἀϐεσσαλώμ), père de Maacha ou Michaïa, mère d’Abia, roi de Juda, III Reg., xv, 2, 10. Il est appelé Absalom (simple variante du même nom) II Par., xi, 20-21. Ce pourrait bien être le fils de David : Thamar, fille d’Absalom, aurait épousé Uriel de Gabaa, II Par., xiii, 2, et aurait eu Maacha de ce mariage. Voir Uriel 2. Absalom serait alors le grand-père de Maacha. Cependant Abessalom peut être un personnage différent du fils de David, et le même qu’Uriel de Gabaa.


ABGAR, nom ou titre de plusieurs rois de l’Osrhoène. C’est en particulier celui d’un roi contemporain de Notre Seigneur, devenu célèbre par la correspondance avec Jésus-Christ qu’on lui a longtemps attribuée. Ce nom a été fréquemment défiguré par les écrivains grecs et orientaux. Il est certain, par les monnaies de quelques-uns de ces rois qui sont parvenues jusqu’à nous, que la véritable orthographe est Abgar (fig. 4). Pendant environ trois siècles, c’est-à-dire depuis l’an 99 avant l’ère chrétienne jusqu’à l’an 217 de notre ère, d’après la Chronique de Denys (patriarche jacobite de Telmahar, qui vivait au IXe siècle), l’Osrhoène fut gouvernée par des toparques ou petits rois. Assemani, Bibliotheca orientalis, t. i, p. 417 et suiv. L’Osrhoène était bornée à l’est par le Chaboras, au nord par le Taurus. Elle avait pour capitale l’antique ville d’Édesse, dont les traditions locales ont prétendu faire remonter l’origine jusqu’à Nemrod. Sous les premiers Séleucides, elle avait porté le nom grec de Callirrhoé, à cause d’une source consacrée à la déesse Atergatis ; à partir d’Antiochus VII, elle avait pris le nom d’Antiochia. Édesse, sous le gouvernement de ses toparques, devint le premier centre chrétien des régions de l’Euphrate, et mérita ainsi les surnoms d’Édesse la Sainte, d’Édesse la Bénie, que lui donnent les écrivains orientaux.


4. — Abgar, roi d’Osrhoène, contemporain de l’empereur Gordien III (238-244).
Buste de l’empereur Gordien, tourné & droite. Tête imberbe, radiée. [Γ]ΟΡΔIANOC CEB(αστης). — R. Le roi Abgar, portant la tiare, à cheval. ΑΒΓΑΡΟC ΒΑΣΙΛΕΥC.

D’illustres martyrs y scellèrent leur foi de leur sang. On y compta dans la suite plus de trois cents monastères. Prise par les Arabes en 639, elle redevint en 1097, du temps des croisades, une principauté chrétienne ; mais elle retomba, en 1146, sous le joug des musulmans, auxquels elle est encore soumise. Elle est aujourd’hui connue sous le nom d’Orfa.

Un grand nombre de toparques de l’Osrhoène se sont appelés Abgar. Denys de Telmahar en énumère vingt-neuf. Celui qui régnait à Édesse du temps de Notre-Seigneur est le cinquième. Il reçut le surnom d’Uchama ou Ucomo, c’est-à-dire le Noir. D’après la chronologie du patriarche Denys, rectifiée par Gutschmid, Die Königsnamen in den apokryph. Apostelgeschichten, dans le Rheinisches Museum, nouv. série, t. xix, p. 171, Abgar V gouverna l’Osrhoène de l’an 13 à l’an 50 de notre ère. D’après Moïse de Khorène, il descendait du roi parthe Arsace. Voir Bayer, Historia Osrhoena, p. 97. Procope, dans sa Guerre de Perse, II, 2, raconte qu’ayant fait un voyage à Rome, ce prince inspira à Auguste une telle affection, qu’il eut grand’peine à quitter la capitale de l’empire pour retourner en Orient. Tacite, au contraire, représente Abgar sous un jour défavorable, s’il est vrai que, l’an 49, le roi d’Édesse abandonna lâchement sur le champ de bataille le jeune roi parthe Méherdate. Quoi qu’il en soit de ce trait, Abgar Uchama doit sa célébrité à la lettre qu’il écrivit à Jésus-Christ, d’après Eusèbe, et à la réponse supposée qu’il en reçut.

L’évêque de Césarée, après avoir raconté dans son Histoire ecclésiastique, I, 13, t. xx, col. 121, que Thaddée, l’un des soixante-douze disciples, était allé prêcher la foi à Édesse, ajoute que la preuve de ce fait lui est fournie par les archives de cette ville, d’où il a tiré une lettre d’Abgar à Jésus, lettre qu’il rapporte, ainsi que la réponse du Sauveur, en traduisant les deux documents de l’original araméen en grec. Abgar écrit à Jésus qu’ayant appris les guérisons miraculeuses que le Sauveur opère en Judée, il le prie de venir à Édesse pour le guérir d’une maladie dont il est atteint. On croit que cette maladie était la