Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome I.djvu/819

Cette page n’a pas encore été corrigée
4483
1484
BARUCH — BAS


qu’elle est inspirée et canonique. D’abord" on n’a aucun écrit de Jérémie qui ne le soit ; puis les Juifs l’ont toujours regardée comme telle. Les Pères en outre la citent comme Écriture, et quelques-uns même, comme F. Matemus, De errore, 29, Patr. lat., t. xii, col. 1044, abondamment. On la trouve nommée dans plusieurs listes grecques. Si des catalogues latins ne la mentionnent pas expressément, c’est qu’ils la comprennent dans le livre de Baruch. Elle est alléguée II Mach., ii, 2. — Elle a pour objet de prémunir contre le péril d’idolâtrie les Juifs vaincus, que Nabuchodonosor allait transporter à Babylone. Le péril était grand, en effet. Ils allaient voir en Assyrie des dieux, des temples, un culte, des théories ou processions d’un éclat étrange, inouï (fig. 454). Ils s’entendraient dire par les Chaldéens : « Voici nos dieux ; ils ont vaincu le vôtre, eux seuls sont dieux. » Ils allaient vivre, et longtemps, en pleine idolâtrie. Vigouroux, loc. cit. Quel péril, quelle séduction pour eux, si enclins par nature à adorer les dieux des nations ! Jérémie eut la claire vue de ce pressant danger, et il voulut le conjurer en écrivant cette lettre. Il y développe cette idée : « Ce ne sont pas des dieux ; ne les craignez pas, ne les adorez pas, » qu’il répète jusqu’à douze fois dans les soixante-douze versets de ce petit écrit (14 et 15, 22, 28, 39, 46, 49, 51, 55, 63, 64, 68, 71). Il l’établit par les raisonnements les plus simples. Son style d’ailleurs est très ordinaire. Tout cela, style et choix des preuves, tient au genre de lecteurs qu’il devait avoir. Il écrivait pour le pauvre peuple, inaccessible en général aux raisons abstraites et raffinées. — Il y a dans sa lettre quatre pensées principales. Il y prouve la vanité des dieux babyloniens : 1° par la matière dont ils sont faits : c’est de l’or, de l’argent, du bois, de la pierre, et ils ne valent pas mieux que les carrières et les forêts d’où ils sont tirés ; 2° par la turpitude du culte qu’on leur rend : c’est par la prostitution des vierges qu’on les honore (Voir J. Menant, Babylone et la Chaldée, Paris, 1875, p. 230 et suiv.) ; 3° par l’inutilité des honneurs dont on les entoure ; 4° et par leur totale et absolue impuissance : ils ne sauraient se défendre eux-mêmes contre le feu, les voleurs, la rouille ou les vers ; s’ils tombent, ils ne se relèvent pas ; ils ne peuvent même pas marcher, il faut qu’on les porte ; les hiboux, les hirondelles, les corbeaux et les chats se promènent impunément sur eux. Non, ils n’ont aucune vertu ; ils ne valent même pas le soleil et les astres qui nous éclairent, les bêtes vulgaires qui servent à l’homme. Il est donc évident que ce ne sont pas des dieux, et qu’il ne faut pas les craindre. Toute cette exhortation est précédée d’une notice très brève (1 et 2), où l’auteur donne la cause de la captivité, annonce qu’elle durera de « longs temps », après quoi toutefois Dieu ramènera les exilés en paix.

IX. Auteurs principaux ayant spécialement écrit sur Baruch. — Théodoret, Patr. gr., t. lxxxi, col. 760-780 ; Olympiotfore, Patr. gr., t. xciii, col. 761-780 ; M. Ghislerius, In Jerem. comment., Lyon, 1623, t. m ; Albertus M., Oper., édit. Jammy, t. vin ; J. Maldonat, Comment, in Jerem., Baruch, etc., Lyon, 1609 (œuvre posthume) ; Christ, de Castro, Commenlarior. in Jet-., Bdruch libri sex, Paris ; 1609 ; Gasp. Sanchez (Sanctius), Comment, in Baruch, Lyon, 1621 ; Lœl. Bisciola, Discursus très super epist. ad captivas, Côme, 1621 ; P. Lanssellius, Comment, in Baruch, Anvers, 1624 (dans Biblia sacra cum notationibus Emm. Sa et scholiis J. Menochii, etc., et dans Bibl. Veneta, vol. xix) ; * L. Cappel, Notse criticse in libr. Baruchi apocryph., Amsterdam, 1689 ; L. de Foix, Les prophéties de Baruch, Paris, 1788 ; * R. Arnald, A critical Commentary on such Books of the Apocrypha, Londres, 1780 et 1820 ; * B. Bendtsen, Spécimen exercitationunx criticarum in Veteris Testamenti libros apocryphos, Gœttingue, 1789 ; * Grûneberg, Exercitatio de libro Baruchi apocrypho, Gœttingue, 1797 ; * J. Frânkel, Hagiographa posteriora denominata apocrypha in ling. hebr. conversa, Leipzig, 1830 ; * O. F. Fritzsche,

Kruzgefasstes exegetisches Handbuch zu den Apocryphen des Alten Test., erste Lieferung, Leipzig, 1851, p. 167220 ; C. A. Wahl, Clavis libror. V. T. apocryph. philologica, sect. i, Leipzig, 1853 ; H. Reusch, Erklârung des Buchs Baruch, Fribourg - en-Bade, 1853 ; Trochon, La Sainte Bible, les Prophètes Jérémie, Baruch, Paris, 1878 ; * J. Kneucker, Dos Buch Baruch (histoire, critique, version et commentaire, restitution du texte hébreu, ouvrage classique rationaliste), Leipzig, 1879 ; R. Cornely, Introduct., t. ii, part. 2, p. 4Il et suiv., Paris, 1887 ; J. Knabenbauer, Commentarius in Daniel, prophetam, Lamentationes et Baruch, Paris, 1891. E. Philippe.

2. BARUCH, lévite, fils de Zachaï. Après le retour de la captivité, il se montra plein de zèle, mnn, héfyêrâh,

pour reconstruire sa part des murailles de Jérusalem. II Esdr., iii, 20. La Vulgate a dû lire mnn, héhârâh ;

car elle traduit « sur la montagne », indiquant ainsi l’endroit où il travailla : ce pourrait bien être la vraie leçon.

3. BARUCH, un des prêtres qui, à la suite de Néhémie, signèrent le renouvellement de l’alliance théocratique. II Esdr., x, 6.

4. BARUCH, fils de Cholhoza et père de Maasia, de ia tribu de Juda, un des descendants de Phares qui s’établirent à Jérusalem après la captivité. II Esdr., xi, 5.

5. BARUCH (APOCALYPSE DE), livre apocryphe. Voir Apocalypses Apocryphes, col. 762.

6. BARUCH BEN BARUCH, commentateur juif de la fin du xvi s siècle, à Salonique, a laissé un commentaire sur PEcclésiaste, intitulé : ’Êléh tôledôt’âdàm, « Voici l’histoire de l’homme. » Gen., v, 1. La première partie, QehiUat Ye’âgôb, « L’assemblée de Jacob, » Deut., xxxiii, 4, explique le sens littéral ; la seconde, Qôdés Israël, « Le saint d’Israël, » est une interprétation allégorique. In-f°, Venise, 1599. E. Levesque.

7. BARUCH BEN ISAAC, commentateur juif, mort à Constantinople en 1664. Il est l’auteur du Zéra’bêrak, Cracovie, 1646, commentaire hagadique et homilétique du Pentateuque et des megilloth, c’est-à-dire des Psaumes, des Proverbes, des Lamentations, du Cantique des cantiques et de l’Ecclésiaste.

    1. BARUH Raphaël##

BARUH Raphaël, professeur d’hébreu en Angleterre, au xviiie siècle. On a de lui Critica sacra examined or an attempt to show that a new Method may be found to reconcile the seemingly glaring variations in Parallel Passages, and that such variations consequently are no proofs of corruption or mistakes of transcribers, in-8°, Londres, 1775. Cet ouvrage est une réponse à la Critica sacra de Henry Owen. Baruh résout avec succès quelques-unes des difficultés d’Owen contre les livres des Paralipomènes ; mais il va trop loin quand il nie l’existence de fautes de copistes dans le texte sacré. Owen lui a répondu dans son Supplément to the Critica sacra, in-8°, Londres, 1775. — Voir W. Orme, Bibliotheca biblica, 1824, p. 18.

BAS. Les bas étaient inconnus aux anciens Hébreux. Ils avaient, comme généralement les Orientaux, les pieds nus dans leurs sandales, de sorte qu’ils se couvraient de poussière dans la marche, et qu’il était nécessaire de les laver en arrivant à la maison. Gen., xviii, 4, etc. Voir col. 1388. Les femmes portaient des bijoux aux chevilles nues, Is., iii, 16, et les pieds de l’épouse des Cantiques, vil, 1, étaient visibles entre les courroies de ses sandales. Les Juifs faits prisonniers à Lachis par Sennachérib sont nu-jambes et nu-pieds, hommes et femmes