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vien, puis des thermes de Titus ; la Judée représentée en vaincue et en captive ; les tremblements de terre et même l’éruption du Vésuve ( ! ), qui désolèrent la Campanie en 79. Et il voit sérieusement tout cela dans Baruch, H, 31-35, et surtout iii, 16-18. Une opinion qui se réclame d’une pareille preuve est jugée. Les autres, celles de Grûneberg, de Hàvernick, d’Ewald, de Reuss, ne sont pas mieux fondées. Inutile de les discuter.

V. Inspiration et canonicité du livre. — Le livre est inspiré. On le prouve par les raisons ordinaires : il est probablement connu de Daniel, qui s’en sert ; fait partie de la Bible hébraïque après l’exil ; est traduit en grec et passe comme les autres dans les Septante ; les anciennes versions le possèdent, mêlé aux autres indistinctement, comme on le voit par les vieux manuscrits ; il est lii, par conséquent, dans les offices liturgiques ; il est même lu officiellement par les Juifs, tous les ans, à un jour marqué. D’autre part, il est, — à certaines exceptions près, — sur toutes les listes ou canons. Il est cité enfin par les Pères, très souvent depuis saint Irénée, comme un écrit inspiré. Voici toutes ces citations, d’après H. Reusch (Erklàrung des Buchs Baruch, p. 1-21), le P. Tailhan (dans Kilber, Analysis biblica, 1. 1, p. 428) et des recherches personnelles : Athénagore, Légat, pro chr., 9, t. vi, col. 908 ; S. Irénée, Adv. hser., v, t. vi, col. 1034, 1219 ( Bar., iv, 36, 37, et v tout entier) ; Clément d’Alexandrie, Psedag., i, 10 ; ii, 3, t. viii, col. 357, 360, 433, 436 : xaYx.i.u>t £) (ÎEta XéyEt yça^-rj, cf. S. Davidson, The Canon of the Bible, p. 101, 102 ; Origène, Hom. ri in Escod., t. xiii, col. 581 ; xiv, 254, 1000 ; S. Denys d’Alexandrie, De martyr, ad Orig., c. il (éd. romana, 1796, p. 18) ; S. Hippolyte, Cont. Noet., ii, 5, t. x, col. 805, 809 ; Tertullien, Scorp. cont. gnost., 8, t. ii, col. 137 ; S. Cyprien, De orat. dom., t. iv, col. 522 ; Firmicus Maternus, De errore, 29, t. xii, col. 1044, 1045 ; Commodien, Carm. apol., v, 371, t. xv Corp. script, eccles., Vienne, 1887, p. 139 ; S. Hilaire, t. ix, col. 482 ; t. x, col. 127, 155 ; S. Phébade d’Agen, t. XX, col. 44 ; Zenon de Vérone, t. XI, col. 410 ; S. Philastre, t. XII, col. 1265 (note c) ; S : Ambroise, t. xv, col. 181, 327, 1005 ; S. Athanase, Epist. fest., t. xxvi, col. 1176, 1436 ; t. xxv, col. 443 ; cꝟ. 450 ; t. xxvi, col. 35, 318, 50, 235, 251, 298, 547, 1023, 1214, 350 ; Didyme, t. xxxix, col. 399 ( Jeremias vero etiam aut Baruch), 467, 555, 1358, 1752 ; S. Cyrille de Jérusalem, ’Catech., iv, 31, t. xxxiii, col. 500 ; S. Méthode, t. xviil, col. 143, 374 ; Eusèbe de Césarée, t. xxii, col. 467 (taïç ÔEiatç tpwvaic), H37 ; t. xix, col. 461 ; t. xxiv, col. 947 ; S. Basile, t. xxix, col. 706 ; S. Grégoire de Nazianze, t. xxxv, col. 950 ; t. xxxvi, col. 122 ; S. Éphrem, Serm. adv. jud. (Op. syr., iii, p. 213) ; S. Basile de Séleucie, t. lxxxv, col. 439 ; Théodoret, t. lxxx, col. 1374 ; t. lxxxi, col. 759-779 (commentaire sur Baruch : Admirandus Baruch) ; S. Jean Chrysostome (édit. Gaume, 1. 1, p. 695 ; t. iv, p. 793, 794 ; t. v, p. 234, 274 ; t. vi, p. 14) ; S. Épiphane, t. xl, col. 998 [ut Scriptura dicit), 1007 ; t. xlii, col. 251, 286, 378, 814, 822 ; t. xliii, col. 166 ; Rufin, Patr. lai., xxi, 344 ; S. Augustin (édit. Gaume, t. viii, p. 405, 1136 ; t. vii, p. 652 [alius propheta], S’il ; t. x, p. 1384, 1421, 1433) ; Anonyme, De voc. Gent., Patr. lat., t. ii, col. 861 ; Paul Orose, t. xxxi, col. 1198. — Remarque : Entre toutes ces citations, il en est une qui revient incessamment, c’est celle de Bar., iii, 36-38 ; on a constaté que pendant les cinq premiers siècles plus de trente Pères avaient usé de ce texte, l’attribuant ou à Baruch ou à Jérémie, en tout cas le regardant comme inspiré. — Le livre n’a pas toujours été regardé partout comme canonique. Vers le IV 8 siècle, il n’était pas inséré au canon unanimement ; on doutait ; on niait même qu’il fut inspiré ; c’était le fait de quelques Pères, même de quelques Églises. Mais cette hésitation ne persista pas : au VIe siècle, elle avait presque complètement cessé. Le concile de Trente, après d’autres, rangea Baruch parmi les livres inspirés, sans distinction ; il en. a toute l’autorité sacrée

et canonique, car, comme ceux-ci, il a été proposé par l’Église comme ayant Dieu pour auteur.

VI. Texte et versions du livre. — Le texte primitif a été écrit en hébreu. Le seul fait d’avoir Baruch pour auteur suffirait à le montrer. Mais il y a d’autres preuves. Il fit partie du canon juif ; il fut lu officiellement dans les synagogues, ce qui indique certainement un texte hébreu. Origène d’ailleurs, nous l’avons dit, l’a marqué de ses signes diacritiques, ce qu’il ne faisait que pour les livres qu’il avait en hébreu. Du reste, un manuscrit syro-hexaplaire porte à la marge ces mots significatifs : « Ceci ne se trouve pas en hébreu, » et cela en trois endroits. Théodotion enfin a traduit l’écrit de l’hébreu. L’hébreu est donc bien le texte original. — Mais n’auraiton pas ces preuves, que le grec actuel le prouverait assez. Il est, en effet, si rempli d’hébraïsmes, qu’on ne saurait douter qu’il provient de l’hébreu. Quelques-uns pourraient à la rigueur venir d’un Juif helléniste, sachant le grec des Septante ; mais plusieurs autres ne s’expliquent que par l’hypothèse d’un hébreu original. Les voici : u.âvva (i, 10), de minhâh (Vulgate : manna) ; èpyâCs<j6cu (i, 22), de’âbad ; » v’^âpto^vi (i, 17), de’aSér ; wç i r|[iipa ocO’tï) (i, 20), de kayôm hazzéh ; $6>.&-i]mç (n, 29), de hâmôn ; ou… èxeï (n, 4, 13, 29), de’asér… sâm ; xocMo-Ôoci (v, 4), de niqrâ’; cMpwiroç (n, 3), de’îs ; àizoatokf] (il, 25), de dâbâr pour débér, etc. Voir J. Kneucker, Baruch, p. 23-29 ; cf. Reusch, Baruch, p. 72-78. La plupart des protestants, du reste, ne font pas difficulté pour admettre un original hébraïque. Que si plusieurs défendent le grec, ils sont en petit nombre, et les raisons qu’ils invoquent ne convainquent pas. Tout aussi peu croyables sont ceux qui, comme O. Fritzsche, veulent que la première partie ait été écrite en hébreu, et la seconde en grec. Quoi qu’il en soit, le texte hébreu est perdu. Origène le posséda certainement ; mais peu après lui il avait déjà disparu, car S. Jérôme ne l’avait plus. On a tenté depuis de le restituer. Un de ces essais, le meilleur, je crois, est celui de J. Kneucker. Ce n’est pas que tout y soit absolument certain, non ; il indiquelui -même par des signes les glossèmes et les leçons ou additions textuelles qu’il conjecture, mais le choix de ses mots, la forme de son texte est justifiée par les notes très riches de son commentaire. Baruch, p. 351 et suiv. La version grecque a été faite sur l’hébreu ; c’est la seule version immédiate que nous ayons. On ne sait quel en fut l’auteur. Il se pourrait que ce soit le traducteur de Jérémie, ce qui porte à le croire, c’est la ressemblance constatée entre les deux traductions, même dans leurs défauts. Cornely, Introduct., t. ii, part. ii, p. 424 ; Knabenbauer, Daniel, p. 444. Ce n’est pas l’opinion de J. Kneucker, qui exige deux traducteurs, appuyé sur les différences de version qu’il croit remarquer entre les deux parties du livre (Baruch, p. 76 et suiv.) ; mais sa conclusion n’est pas rigoureuse. Knabenbauer, Daniel, p, 444, 445. La version grecque est représentée actuellement par plusieurs manuscrits, que Fritzsche divise en trois classes, l’unecomprenanl les mss. 22, 48, 51, 231, 62, 96, auxquels on peut ajouter les mss. 36, 49, 26, 198 (en partie) et 229 ; l’autre, les mss. iii, 33, 70, 86, 87, 88, 90, 91, 228, 233, 239 ; la troisième, les mss. mixtes xii, 23, 106. On peut avoir par là en somme un texte grec très pur, notamment avec le ms. À Vaticanus et les mss. iii, xii, 22, 233, 239. J. Kneucker, Baruch, p. 92, 93 et 97. — La version latine vient du grec, c’est l’ancienne Itala avec ses défauts et ses. qualités. S. Jérôme n’a pas touché à ce livre, on le sait. On peut dire qu’elle rend le grec servilement : on le voit à la latinisation de mots grecs, aux provincialismes ; qui s’y trouvent, et à l’usage des pronoms ille, ipse, qui tiennent lieu de l’article grec. Knabenbauer, Daniel, p. 445. On a deux recensions de ce texte : l’une que l’on, -appelle Vêtus latina a, l’autre Vêtus latina b ; celle-ci diffère de la première par plus d’élégance, de brièveté en général, par quelques additions et des sens divers. La première donne le texte grec vulgaire, l’autre le textuz