c’est que les anciens Hébreux portaient toute leur barbe, comrælefont encore aujourd’hui les Juifs d’Orient (fig. 446 ; . « Les Juifs, en Turquie, en Arabie et en Perse, conservent leur barbe dès la jeunesse, et elle diffère toujours de celle des chrétiens et des mahométans en ce qu’ils ne la rasent ni aux oreilles ni aux tempes, au lieu que ces derniers la rétrécissent en haut. » C. Niebuhr, Description de l’Arabie, in-4°, Amsterdam, 1774, p. 59. On ne peut se rendre parfaitement compte de la coupe
445. — Amou ( Sémites) portant la barbe rasée dans la partie supérieure. — Celui de droite est représenté sur un tombeau de Benl-Hassan. XIIe dynastie. Lepsius, Denkmaler, Abth. il. Bl. 133. Celui de gauche est figuré a Biban el-Moloufc. XX’dynastie. Champollion, . Monuments de l’Egypte, t. iii, pi. 257.
de la barbe que par les monuments figurés. Heureusement nous en possédons trois sur le sujet qui nous occupe : les murs de Karnak nous ont conservé le profil d’un Juif (fig. 447) ; l’obélisque de Nimroud, aujourd’hui au British Muséum, nous montre des Israélites, ambassadeurs
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446. — Juif de Jérusalem, d’après une photographie.
du roi Jéhu, offrant leur tribut au roi d’Assyrie Salmanasar (fig. 448) ; enfin les bas-reliefs de Sennachérib, retrouvés dans le palais de ce roi, à Ninive, et aujourd’hui à Londres, nous font voir des Juifs de Lachis (fig. 449), vaincus par ce prince, et se soumettant à son pouvoir. Le type juif de Karnak (fig. 447) est représenté d’une manière trop sommaire pour qu’on puisse en tirer des renseignements précis et circonstanciés ; mais les monuments assyriens ont reproduit avec soin les nations étrangères, et nous n’avons pas de raison de les suspecter ; or nous y voyons les enfants de Jacob portant toute leur barbe, mais d’une forme différente de celle de leurs vainqueurs : tandis que ceux-ci ont tous une barbe frisée avec beaucoup d’artifice, et coupée horizontalement à la partie inférieure (fig. 136, col. 553), les enfants de Jacob se distinguent d’eux par une barbe qu’ils laissent pousser naturellement et sans frisure.
II. Usages particuliers relatifs à la barbe parmi les Israélites.
1° On la cultivait avec soin, quoiqu’on n’y apportât pas autant de raffinement qu’en Assyrie, et on la parfumait abondamment, au moins dans certaines circons /
447. — Le tributaire juif. Temple de Karnak. D’après Champollion, Monuments de l’Egypte, t. iv, pi. 305.
tances. Ps. cxxxii (hébreu, cxxxiii), 2. L’usage de se parfumer la barbe existe toujours chez les Arabes : « Une des principales cérémonies dans les visites sérieuses, dit d’Arvieux, est de jeter de l’eau de senteur sur la barbe et de la parfumer ensuite avec la fumée du bois d’aloès. » Voyage dans la Palestine, p. 180. Une barbe inculte et négligée est un signe de folie. I Reg., xxi, 13-14. L’importance qu’on y attachait nous explique l’usage oriental de baiser la barbe en signe de respect ou d’amitié. II Reg., xx, 9.
448. — Juif apportant le tribut a Salmanasar. Obélisque de Nimroud. Musée britannique.
2° Couper la barbe de quelqu’un, en tout ou en partie, était lui faire l’affront le plus sanglant. Cf. II Esdr., xiii, 25. David considère comme un cruel outrage l’injure que les Ammonites avaient faite aux ambassadeurs qu’il leur avait envoyés, en leur coupant la moitié de la barbe ; ces ambassadeurs restent cachés à Jéricho, sans oser se montrer, jusqu’à ce que leur barbe soit repoussée. II Reg., x, 2-5 ; I Par., xrx, 2-5. Une guerre entre les Israélites et les Ammonites fut la conséquence de cette insulte. Au siècle dernier, un traitement pareil infligé à des Perses