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BARAG — BARAGHA


l’éveil à leurs ennemis, se rendre sur les confins de Zabulon et d’Issachar, et se ranger autour de Débora et de Barac au sommet du mont Thabor, le Djebel et -Tour actuel. C’est seulement lorsqu’ils jurent à l’abri de ses coups, dans cette position élevée de quatre cents mètres au-dessus du niveau de la plaine, que Sisara eut connaissance de ce soulèvement. Il réunit aussitôt ses neuf cents chars, c’est-à-dire tous ses chars, d’après l’hébreu, et, partant d’Haroseth avec les troupes de pied qui accompagnaient les chars, il vint là où le conduisait la main de Dieu, Jud., iv, 7, 13, sur les bords du Cison, le moderne Nahr el-Mouqatta, « la rivière du massacre. »

Ne pouvant songer à aller attaquer avec ses chars Barac et Débora sur les hauteurs inexpugnables et au milieu des bois du Thabor, il s’établit au pied de la montagne. Il semblerait, à la vérité, d’après Jud., v, 19, qu’il aurait campé beaucoup plus bas, à Thanach, près de Mageddo. Mais la locution « les eaux de Mageddo » est probablement une périphrase poétique pour désigner le Cison, qui passe près de la ville de ce nom, et, d’autre part, rien ne prouve que Thanach soit le nom d’une ville plutôt que celui d’un district s’étendant plus ou moins vers le nord-est, du côté du Thabor. Nous avons donc ici une indication topographique trop vague pour l’emporter sur une autre donnée de l’Écriture qui précise nettement le théâtre de la bataille et le place à Endor. Ps. lxxxii, 10-11. Thanach étant d’ailleurs sur la rive gauche du Cison, les Hébreux auraient dû, si le combat s’était livré sous ses murs, traverser deux fois cette rivière, qui est sans doute à sec à cet endroit pendant l’été, mais qui devait couler à cette époque, un orage soudain ne paraissant pas suffire à lui donner le volume d’eau que suppose Jud., v, 21. Or l’examen du récit ne permet pas d’admettre lhypothèse de ce double passage de la rivière.

Du reste on ne s’explique pas pourquoi Sisara, maître de ta plaine de Jezraël, ne se serait pas rapproché autant que possible du Thabor, conformément à ce que le plan tracé par Dieu même semblait indiquer, Jud., iv, 6-7 ; il avait trop de confiance dans ses chars manœuvrant en rase campagne, Jud., v, 30, pour sentir le besoin de s’appuyer sur les places fortes du bas Cison ; il devait plutôt songer à se tenir à portée des ennemis, pour les poursuivre dans le cas où ils auraient voulu se débander et lui échapper sans combattre. C’est donc à Endor qu’eut lieu le choc, un peu au nord-est du point où, le 16 avril 1799, le général Bonaparte, débouchant de la montagne, fondit sur les Turcs aux prises avec Kléber, près d’El-Fouléh, à deux petites lieues au sud de Nazareth, et remporta sur eux la victoire du mont Thabor. Voir A. Thiers, Histoire de la Révolution française, 13e édit., t. x, p. 294-296 ; J. Hoche, Le pays des Croisades, Paris (sans date), p. 471.

C’était une tactique fort usitée parmi les Orientaux d’attaquer leurs ennemis de nuit et par surprise. Gen., xiv, 15 ; Jud., vii, 8, 19. Barac avait tout intérêt à y recourir, afin de lutter avec plus d’avantage contre un ennemi beaucoup plus fort que lui. C’est ce qu’indique assez l’intervention des étoiles, Jud., v, 20, dont la faible clarté le dirigeait sans découvrir au loin la marche de ses troupes. Sur l’ordre donné par Débora, Barac descendit les pentes du Thabor, probablement vis-à-vis de Naïm, , et il tomba à l’improviste au milieu du camp ennemi. Aux cris poussés par ces dix mille guerriers, cf. Jud., vii, 20, se joignirent alors, pour mettre le comble à la terreur des Chananéens surpris dans leur sommeil, le grondement du tonnerre et le bruit d’un ouragan envoyé par Dieu, comme le croient généralement les commentateurs, d’après Jud., v, 20, et iv, 15. Eh même temps une pluie torrentielle ajoutait à leur désarroi, tout en leur préparant une sépulture dans les eaux gonflées du Cison et dans les mares qui l’avoisinent. Jud., iv, 15 ; v, 20-21. Au milieu des ténèbres à la faveur desquelles l’attaque

commença, beaucoup durent s’entre-tuer, cf. Jud., vii, 22, pendant que les autres tombaient sous les coups des Israélites qui avançaient toujours, tuant les hommes, coupant les jarrets des chevaux, selon le sens que comportent la Vulgate et les Septante, Jud., v, 22 ; cf. Jos., xi, 9 ; II Reg., viii, 4, rendant ainsi la fuite plus difficile et l’encombrement toujours plus grand. Dans ce danger pressant, Sisara saute à bas de son char et s’enfuit à pied, abandonnant ses soldats, dont une partie est jetée dans le Cison. Hommes, chars ; chevaux roulent pêle-mêle dans les eaux du torrent rapidement grossi par l’orage. Jud., v, 21. Voir Cison, t. ii, col. 781.

En poursuivant les chars et les fantassins qui fuyaient devant lui vers Haroseth, Barac arriva-à la tente du Cinéen Haber, Jud., iv, 6, 22, qui s’était établi prés de Cédés de Nephlhali. Jud., iv, 11. Pendant qu’une partie des Chananéens était allée périr noyée dans le Cison et les fondrières ou enlisée dans les sables mouvants, une autre partie avait pris la fuite vers le nord. Mais ces derniers succombèrent tous sous les coups des soldats de Barac, peut-être aussi des Israélites habitant les villes situées sur leur passage, comme semble le donner à entendre la malédiction de Débora contre ceux de Méroz. Jud., v, 23 ; cf. vii, 23.

Dieu, qui avait tracé lui-même le plan de campagne, rendit la victoire aussi complète que possible : toute cette puissante armée fut anéantie, Jud., iv, 16 (hébreu ) ; son général Sisara partagea le sort commun, il fut mis à mort par la Cinéenne Jahel, dans la tente de laquelle il avait cherché un refuge. Jud., iv, 17-21. Voir Jahel. La puissance de Jabin, si rudement atteinte ce jour-là, alla toujours déclinant, et ne tarda pas à être complètement détruite ; les Chananéens ne comptent plus dans l’histoire du peuple de Dieu à partir de la victoire de Barac, et ce ne furent pas certainement leurs attaques qui mirent fin à la période paisible de quarante ans, fruit de cette victoire. Jud., iv, 24 ; v, 32. Aussi ce triomphe fut-il célébré par Débora dans un cantique, qu’elle chantait sans doute avec les femmes d’Israël, tandis que Barac chantait de son côté à la tête de ses guerriers. Jud., v, 1 ; cf. Exod., xv, 1-2, 20-21. Le fils d’Abinoem avait bien le droit de se réjouir et de se glorifier d’une délivrance dans laquelle il avait été le digne instrument de Dieu. Il eut le tort sans doute de se délier de la protection de Dieu, et d’exiger, pour exécuter ses ordres, la présence de Débora auprès de lui : ce fut, sinon une grave désobéissance, du moins un acte de faiblesse et un excès de prudence humaine ; mais la fidélité et l’intrépide courage qu’il montra ensuite, Jud., v, 15, réparèrent promptement et noblement cette faute, moins grave d’ailleurs qu’elle ne paraît d’abord ; car probablement Barac croyait nécessaire la présence de Débora, pour donner aux yeux du peuple de l’autorité à son entreprise, et l’assister lui - même de ses sages conseils. Quelques exemplaires des Septante mettent, en effet, dans sa bouche la phrase suivante, par laquelle il justifie son refus de inarcher seul : « Je ne connais pas le jour que Dieu a choisi pour m’envoyer l’ange qui doit rendre ma voie prospère. » Cf. S. Augustin, Quæslio xxvi in Judices, t. xxiv, col. 801. Du reste l’Écriture ne blâme nulle part Barac, et saint Paul exalte sa foi comme celle de tous les saints personnages qu’il nomme avant et après lui. Hebr., xi, 32. E. Palis.

BARACH. Jos., xix, 25. Voir Bané, col. 1426.

    1. BARACHA##

BARACHA (hébreu : BerâMh, « bénédiction ; » Septante ; Bepx’  « )i un des guerriers qui quittèrent le parti de Saùl et vinrent rejoindre David à Siceleg. Il était de la tribu de Benjamin. I Par., xii, 3. L’expression « frères de Saül », appliquée à ces guerriers, doit se rendre par compatriotes de Saûl, et est expliquée par l’épithète qui suit : « Benjamite. »