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ABÉLÀRD — ABELMAÏM

Voir ses œuvres, dans la Patrologie latine de Migne, t. clxxviii. Parmi les innombrables publications dont Abélard a été l’objet, on peut signaler en particulier : L. Feuerbach, Abælard und Heloise oder der Schrifsteller und der Mensch, in-8o, Leipzig, 1844 ; Ed. Bonnier, Abélard et saint Bernard, la philosophie et l'Église au xiie siècle, in-18, Paris, 1862 ; H. Hayd, Abalard und seine Lehre im Verhältniss zur Kirche und ihrem Dogma, in-4o, Ratisbonne, 1863 ; Prantl, Geschichte der Logik im Abendlande, 2 in-8o, Leipzig, 1861, t. ii, p. 160-204 ; Stockl, Geschichte der Philosophie des Mittelalters, Mayence, 1864, t. i, p. 218-272 ; Hefele, Conciliengeschichte, Fribourg-en-Brisgau, 1863, t. v, p. 321-326, 399-435 ; H. Reuter, Geschichte der religiösen Aufklärung im Mittelalter, 2 in-8°, Berlin, 1875, t. i, p. 183-259 ; F. Vigouroux, Les Livres Saints et la critique rationaliste, 4e édit., Paris, 1890, t. i, p. 337-354.

ABEL-BETH-MAACHA (hébreu : ʿAbêl bêṭ Maʿakâh, « prairie de la maison ou de la famille de Maacha »), ville de la tribu de Nephthali, appelée aussi Abeltnaïm, ou « prairie des eaux », dans le second livre des Paralipomènes, xvi, 4. Par abréviation, elle est nommée simplement Abel, II Reg., xx, 18 (Vulgate : Abéla), parce qu’elle avait été désignée sous son nom complet trois versets plus haut. Dans ce dernier passage, II Reg., xx, 15, notre édition latine porte, comme au v. 14 : « In Abela et in Bethmaacha ; » mais il est probable qu’il s’agit d’une seule et unique ville, et que la conjonction et (qui se lit aussi dans le texte hébreu, v. 14, mais non v. 15) doit être retranchée. Cette ville tirait des eaux qui l’arrosaient son nom d’Abelmaïm, et elle devait celui d’Abel-Beth-Maacha soit à la circonstance qu’elle faisait partie du petit royaume de Maacha ou était située dans son voisinage, soit à ce qu’elle avait appartenu à une famille appelée Maacha, soit peut-être enfin à ce qu’elle était située dans la plaine à l’est du Jourdain, au pied du Liban, ma’akâh signifiant « dépression ». — Au troisième livre des Rois, xv, 20. saint Jérôme, traduisant le mot beth, qui signifie « maison », appelle Abel-Beth-Maacha « Abeldomum Maacha » ou « Abel-Maison-de-Maacha ». Il fait de même IV Reg., xv, 29 ; mais, dans ce dernier passage, nos éditions de la Vulgate, plaçant une virgule entre « Abel-Domum » et « Maacha », en font deux villes distinctes au lieu d’une seule ville.

Abel-Beth-Maacha était une cité considérable, puisque l’auteur sacré l’appelle « une mère en Israël ». II Reg., xx, 19. Sa situation à la frontière septentrionale de la Palestine avait dû augmenter l’importance de cette place forte, destinée à servir de défense à tout le pays contre les attaques qui pouvaient venir du nord. Mais elle a été si complètement ruinée, qu’on ne peut affirmer aujourd’hui avec une entière certitude où était son emplacement. Stanley, Sinai and Palestine, in-8o, Londres, 1856, p. 386, suppose qu’il était dans la plaine marécageuse du lac Mérom, à cause du nom d’Abel-Maïm, qui lui est aussi donné. Cependant la plupart des géographes s’accordent maintenant à adopter l’opinion de Robinson, qui a retrouvé l’antique Abel-Beth-Maacha dans le village actuel d’Abil el-Kamh. Ce village, habité par des chrétiens, s'élève sur un Tell, à l’est du Derdarâh, petit affluent du Jourdain, qui coule de Merdj-Ayoùn. Son surnom d’el-Kamh lui vient de l’excellence du blé que produit le voisinage. E. Robinson, Later biblical researches in Palestine, in-8°, Londres, 1856, p. 372. Il est à une heure et demie environ au nordouest de Dan, aujourd’hui Tell el-Kadi, sur la route qui se dirige de Banias vers Sidon.

Abel-Beth-Maacha est mentionnée pour la première fois dans l'Écriture à l’occasion de la révolte de Séba, ce Benjamite qui, après la mort d’Absalom, fomenta une nouvelle insurrection contre David. Poursuivi par les troupes de Joab, Séba se réfugia à Abel-Beth-Maacha, et Joab alla l’y assiéger. Les habitants de la ville, sur le conseil d’une femme, coupèrent la tête au chef des révoltés et firent ainsi lever le siège de la place. II Reg., xx, 14-22. — Quatre-vingts ans plus tard, le roi de Damas, Benadad, contemporain d’Asa, roi de Juda, et de Baasa, roi d’Israël, faisant la guerre à ce dernier, d’accord avec le roi de Juda, s’empara de plusieurs villes du nord de la Palestine, en particulier d’Abel-Beth-Maacha (Abeldomum Maacha), III Reg., xv, 20 ; II Par., xvi, 4 (Abelmaïm). — Deux siècles environ s'écoulèrent depuis cette époque jusqu’au dernier désastre de la ville. Sous le règne de Phacée, roi d’Israël, Téglathphalasar, roi d’Assyrie, s’empara d’Abel-Beth-Maacha, et il en déporta les habitants dans son royaume. IV Reg., xv, 29 (Abel-Domum, Maacha). Les fragments des Annales de Téglathphalasar, qui ont été retrouvés dans les ruines de son palais, mentionnent la prise de la place forte israélite et la déportalion des sujets de Phacée en Assyrie : « Je soumis, dit-il, les villes de Galaad, … d'Abel-Beth-Maacha), qui est la frontière de la terre de Bit-Humri (le royaume d’Israël)… Je transportai ses habitants les plus distingués en Assyrie. » Cuneiform inscriptions of Western Asia, t. iii, pi. XX, n° 2. Ces événements se passaient en 734 ou 733. À partir de cette époque, il n’est plus question d’Abel-Beth-Maacha.

F. Vigouroux.

ABÊL-KERAMÎM (c’est-à-dire « le pré des vignes ; » Septante : Ἐϐελχαρμίμ ; Vulgate : Abel, quæ est vineis consita, Jud., xi, 33), localité à l’est du Jourdain, au delà d’Aroer, située, d’après Eusèbe et saint Jérôme, à sept milles romains ou deux heures et demie de marche de Philadelphie ou Rabbath-Ammon. Du temps d’Eusèbe, elle était encore renommée pour ses vignobles. Elle n’est mentionnée qu’une fois dans l'Écriture, comme le point extrême où Jephté, juge d’Israël, poursuivit les Ammonites, après les avoir battus. M. Tristram croit avoir découvert le site d’Abel-Kerâmîm, et il le décrit de la manière suivante : « Vingt minutes après avoir quitté Dhil tan, notre route nous conduisit dans une vallée si peu profonde, qu’elle mérite à peine ce nom. On y voit encore des vestiges de murs et de terrasses, devenus aujourd’hui île simples monceaux de terre, couverts de gazon et disposés régulièrement le long de la colline, à une distance d’environ cent mètres. Quand nous demandâmes ce que c'était, on ne put nous donner aucune explication ; on nous dit seulement que la vallée s’appelait Khurm-Dhiban, c’est-à-dire les vignes de Dibon. Cet enfoncement de terrain est d’une longueur de quatre à cinq kilomètres. Le nom en a été conservé par des hommes qui n’ont probablement jamais vu de vignes de leur vie, et qui n’ont aucune idée de la destination primitive de ces antiques fossés, comme on pourrait les appeler. [C’est l’Abel-Keràmîm] du livre des Juges… Ici, sur cette route que devait prendre naturellement l’armée des Ammonites battue par Jephté et venant de l’est, après le combat livré à Aroer, le nom antique subsiste, exprimé en une autre langue, mais avec une signification identique. » H. B. Tristram, The land of Moab, p. 130.

F. Vigouroux.

ABÊL-LE-GRAND (hébreu : 'Abêl haggedôlâh). C’est la leçon que portent certains exemplaires hébreux de I Sam. (Reg.), vi, 18 ; mais d’autres portent avec plus de raison 'ében, « la pierre, » au lieu de 'dbêl. Saint Jérôme a traduit par Abetmagnum ou Abel-le-Grand, ayant trouvé dans l’exemplaire qu’il traduisait 'âbêl au lieu de 'ében. Le contexte montre bien qu’il s’agit de la pierre ou du rocher « sur lequel fut posée l’arche s renvoyée par les Philistins à Bethsamès, rocher qui se trouvait près de cette dernière ville, « dans le champ de Josué le Bethsamite. » I Reg., VI, 18. Quelques commentateurs ont pensé que ce rocher avait été appelé Abel-le-Grand, mais cette opinion est peu vraisemblable, et il vaut mieux lire avec de nombreux exemplaires hébreux et les Septante : « la grande pierre » (λίθου τοῦ μεγάλου).

ABELMAÏM, nom donné par le second livre des