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BAPTÊME


même la partie supérieure du corps hors de l’eau. Tantôt saint Jean-Baptiste lui met la main sur la tête, ce qui suppose qu’il la plonge dans l’eau et qu’il y a immersion complète ; mais tantôt aussi l’eau est versée sur la tête de Jésus soit par le précurseur, soit par la colombe qui est au-dessus de lui, ce qui suppose que la tête n’a pas été plongée dans le fleuve. Voir Corblet, Histoire du baptême, Paris, 1881, t. i, p. 232, et Martigny, Dictionnaire des antiquités chrétiennes, article Baptême, 2e édit., Paris, 1877, p. 80. Nous possédons aussi des peintures antiques du baptême où le baptisant verse de l’eau sur la tête du baptisé, tandis que celui-ci se tient debout dans l’eau. Signalons une peinture du IIe ou du me siècle trouvée à Rome, au cimetière de Saint-Callixte. Près d’un pêcheur qui tire de l’eau un poisson, symbole du chrétien régénéré, est représenté le baptême d’un enfant d’environ dix ans. L’enfant et celui qui le baptise sont debout dans l’eau, qui a un décimètre et demi de profondeur, et s’élève par conséquent jusqu’aux genoux de l’enfant. Le

437. — Le baptême dans les catacombes. Fresque du otmatlère de Saint-Callixte.

baptisant pose sa main sur la tête de l’enfant, autour de laquelle l’eau coule de tous côtés (fig. 437).

Non seulement on donna le baptême par infusion ajoutée à une immersion partielle ; on le pratiqua encore par simple infusion dès les temps apostoliques. Beaucoup de malades alités ne pouvaient être baptisés que de cette façon. Du reste, l’Écriture Sainte nous rapporte des baptêmes qui ne semblent pas avoir été donnés autrement. Comment comprendre, en effet, que quelqu’un soit baptisé par immersion debout dans une maison ? Or il est dit à deux reprises, Act., ix, 18, et xxii, 16, de saint Paul qu’il se leva debout pour être baptisé par Ananie, dans la maison où il était. Le même apôtre, détenu en prison, Act., xvi, 33, convertit son geôlier avec les membres de sa famille, et les baptisa aussitôt. Or on ne voit pas qu’il l’ait pu faire par immersion. D’ailleurs la Aiâi^ » ) t&v âûSexa’AtcootoXwv récemment découverte, ’que la plupart des critiques regardent comme ayant été composée dans la première moitié du n « siècle, si ce n’est à la fin du I er, et qui nous fait certainement connaître les pratiques des temps apostoliques, prescrit formellement de conférer le baptême par infusion, lorsqu’on n’a point une assez grande quantité d’eau pour le donner autrement. « Pour ce qui est du baptême, dit-elle, baptisez de la façon suivante : Après avoir dit tout ce qui précède, baptisez au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit, dans une eau vive. Si tu n’as pas d’eau vive, baptise dans une autre eau ; si tu ne peux te servir d’eau froide, prends-en de la chaude. Si tu n’en as ni de l’une ni de l’autre, verse sur la tête trois fois de l’eau au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit. » On a pensé que saint Pierre avait baptisé par aspersion d’abord les trois mille et ensuite les cinq mille convertis dont parlent les Actes des Apôtres, ii, 41, et iv, 4 ; mais c’est là une simple conjecture.

3° La formule du baptême (forme) consiste en ces paroles : « Je te baptise au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit. » C’est la formule même employée dans l’Eglise latine. Les Grecs emploient cette autre formule

équivalente : Le serviteur de Dieu, N…, est baptisé (pmixi’Cexïi) au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit. C’est par erreur qu’on leur a attribué de baptiser par la formule déprécatoire : Que le serviteur de Dieu, N…, soit baptisé ( (ianTÎÇea-Oo))… Cette formule déprécatoire ne se trouve dans aucun exemplaire de leurs livres liturgiques. Le concile de Florence a reconnu la validité de la formule employée par les Grecs. Seulement les édi-’tions du concile ne sont pas d’accord sur la formule que les Pères de Florence leur attribuaient. Le Bullaire de Chérubini donne la formule déprécatoire : Baptizetur. VEnchiridion de Denzinger donne la formule affirmative : Baplizatur.

Tous les théologiens s’accordent à regarder l’invocation expresse des trois personnes de la sainte Trinité comme nécessaire, et comme ayant été employée constamment depuis la mort des Apôtres. Notre-Seigneur leur ordonna, en effet, de baptiser au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit. Matth., xxviii, 19.

On s’est demandé néanmoins si les Apôtres n’avaient pas substitué l’invocation du nom de Jésus à l’invocation des trois personnes de la sainte Trinité pour la collation du baptême. L’Écriture nous dit, en effet, à plusieurs reprises, des premiers chrétiens qu’ils étaient baptisés au nom du Seigneur Jésus. Act., ii, 38 ; viii, 16 ; xix, 5. Certains théologiens ont cru qu’ils avaient fait réellement cette substitution, et cela en vertu d’une dispense spéciale, et afin de glorifier davantage le nom de Jésus, qui était alors odieux aux Juifs et aux Gentils. C’est le sentiment qu’adopte saint Thomas, iii, q. 66, a. 6, ad 1. Mais cette opinion est généralement rejetée aujourd’hui ; car il est peu vraisemblable que les Apôtres, qui avaient reçu personnellement l’ordre de baptiser en invoquant les trois personnes divines, Matth., xxviii, 19, aient négligé cette invocation. Par conséquent, les textes de l’Écriture qui nous les représentent baptisant au nom du Sauveur ne signifient point qu’ils invoquaient le nom du Fils à l’exclusion du nom du Père et du Saint-Esprit. Si ces textes parlent du baptême conféré au nom de Jésus, c’est pour marquer qu’il s’agit du baptême chrétien et non du baptême de Jean-Baptiste. Cette opposition est clairement indiquée dans le discours de saint Pierre, au second chapitre des Actes, ii, 38, où il est fait allusion au baptême de pénitence que Jean-Baptiste avait donné, et au baptême daus le Saint-Esprit, qu’il avait annoncé : « Faites pénitence, dit saint Pierre, et que chacun de vous soit baptisé au nom de Jésus-Christ (ïiù tw ôv<5jjiaTi’IriuoS Xpio-ToO, c’est-à-dire sur le fondement du nom de Jésus-Christ ) pour la rémission de vos péchés, et vous recevrez le don du Saint-Esprit. » La même opposition est marquée plus clairement encore au chapitre xix des Actes, 3-5. Paul, étant venu à Éphèse, y trouva des disciples qui n’avaient pas même entendu dire qu’il y a un Saint-Esprit. « Il leur dit : De quel baptême avez-vous été baptisés ? Ils dirent : Du baptême de Jean. Et Paul dit : Jean a baptisé le peuplé du baptême de pénitence, disant de croire en celui qui devait venir après lui, c’est-à-dire er » Jésus. Lorsqu’ils eurent entendu ces paroles, ils furent baptisés au nom du Seigneur Jésus (eî « to ôvbijia, c’est-à-dire pour prendre le nom de Jésus et lui appartenir), et après que Paul leur eut imposé les mains, l’Esprit-Saint vint en eux. » On voit que dans ces passages le baptême « au nom de Jésus t> s’oppose à celui de Jean-Baptiste, et que rien n’oblige de penser qu’on invoquait dans ce baptême le nom du Sauveur, à l’exclusion de celui du Père et de celui du Saint-Esprit.

V. Effets du baptême. — 1° Manière dont le baptême agit. — Le baptême est un sacrement, et agit par conséquent ex opère operato, c’est-à-dire par sa vertu propre-Aux temps apostoliques, le mot sacrement n’avait pasencore le sens précis et arrêté que les théologiens lui ont donné, et le terme ex opère operato n’était pas employé. C’est donc par d’autres formules que l’Écriture Sainte