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BALTASSAR — BAMOTH


association au trône est admise par la plupart des assyrio-Iogues (Oppert, Le peuple et la langue des Mèdes, p. 168 ; Lenormant-Babelon, Histoire ancienne, t. iv, p. 438, note, et Lenorraant, Manuel d’histoire ancienne, t. ir, p. 242 ; Delattre, Salomon, Assurbanipal, Ballhasar, 1883, p. 7 ; Menant, Babylone et la Clialdée, p. 258). Eb. Schrader reconnaît que Baltassar « occupait une position exceptionnelle du vivant de son père », dans SchraderWhitehouse, The Cuneiform Inscriptions and the Old Testament, t. ii, p. i’Sl, et dans Riehm, ffandwôrterbuch des Biblischen Àltertutns, t. i, p. 163, qu’  « il a même peut-être porté [dès lors] le titre de roi ». Dans ce cas, l’Écriture emploie le même terme pour le père et pour le fils, comme elle le fait pour David et Salomon, ITI Reg., i, 39, 43, 47 ; mais le contexte laisse entendre que Baltassar n’était pas encore monarque indépendant ; il n’occupe que la seconde place du royaume, et Daniel, dont il veut faire son ministre, n’en tiendra que la troisième, Dan., v, 7, 16 (cf. Joseph recevant dans une circonstance analogue la seconde place, Gen., xli, 40). De plus, dans le texte chaldéen, que rendent mal la version grecque et la Vulgate, on lit bernaikoufâ, « dans le royaume, » et non bemalkoufi, « dans mon royaume, » v, 7. Voir Vigoureux, La Bible et les découvertes modernes, 5 9 édit., t. iv, p. 523-515 ; Schrader -Whitehouse, The Cuneiform Inscriptions and the Old Testament, t. ii, p. 130-135. À plusieurs reprises, il est vrai, Baltassar est donné comme fils de Nabuchodonosor. Il peut y avoir là une simple faute de transcription, Nabonide son père étant beaucoup moins connu, et les deux noms commençant par le même élément, le nom du dieu Nébo. Mais il est plus probable que le texte est exact ; les mots « père, fils », ont ici le sens large fréquent en babylonien, en assyrien et dans toutes les langues sémitiques, d’  « ancêtre ou prédécesseur, descendant ou successeur » : rien ne s’oppose à ce que Nabonide ait véritablement épousé une fille de Nabuchodonosor même avant de monter sur le trône, car il était alors grand dignitaire religieux de l’empire. Quant à une descendance de Nabuchodonosor par Nabonide, les textes cunéiformes et les récits des historiens ne la rendent pas admissible.

Les inscriptions de Cyrus représentent Baltassar comme un prince actif et belliqueux, et aimé des grands du royaume, à la différence de son père ; l’Écriture nous donne seule des renseignements sur sa fin tragique. Son célèbre festin doit se placer après la fuite de Nabonide ; abritée derrière les hautes murailles de la capitale, la cour se croyait en sûreté, quand au milieu d’un festin, au moment où l’on buvait dans les vases sacrés du temple de Jérusalem, apparut une main traçant sur l’enduit de la muraille des caractères menaçants, Dan., v, 1-31 ; les murs des palais babyloniens étaient, en effet, non pas généralement revêtus de plaques d’albâtre sculptées, comme ceux des palais ninivites, mais rehaussés de peintures sur enduit. Baltassar ayant vainement consulté les devins de sa cour, la reine, probablement la reine mère de la race de Nabuchodonosor, l’engagea à interroger Daniel ; Nabonide, usurpateur, avait sans doute tenu à l’écart le prophète juif, ce qui explique la façon dont le texte parle de lui, v, 11, 13, et qui ne se concevrait pas si Baltassar eût été le propre fils de Nabuchodonosor. Suivant les anciens, la phrase mystérieuse était rédigée en hébreu ou eh araméen, non en babylonien. Mais nous savons, par assez bon nombre de documents bilingues, que l’araméen était compris à Babylone. Les rabbins croient que de plus les caractères étaient disposés ou bien suivant l’ordre de l’alphabet cryptographique athbasch (voir ce mot), ou bien en colonnes longitudinales à lire de haut en bas, ou bien en forme d’anagramme, et que Daniel seul découvrit la clef de cette lecture. Toutes ces hypothèses subtiles ne sont pas nécessaires : l’inscription a pu être en langue babylonienne ; en cette langue comme en toute autre, trois mots isolés peuvent très bien présenter une interprétation énigmatique ; de plus, à côté des carac tères phonétiques, les Babyloniens se servaient aussi de caractères idéographiques, et chaque idéogramme a des valeurs multiples que le contexte seul peut d’ordinaire préciser : ainsi le caractère f", composé de deux clous représentant à peu près une balance dite romaine, signifie : sakalu, « peser » (Thécel) ; taratsu, « affermir ; » rakasu, « lier ; » tsimdu, « attelage, » etc. Daniel lut donc l’inscription, l’interpréta et reçut sur-le-champ la récompense promise, la pourpre, le collier d’or et la dignité de premier ministre. L’inscription est transcrite par Théodotion, suivi par la Vulgate : Mane, Thecel, Phares, Mivr), ©exèX, « Êâpe ; . Le texte chaldéen porte un peu différemment : Mené’Mené’Tekêl u Pharsin, ce qui cadre moins bien avec l’interprétation de chaque mot donnée par Daniel, et qui a suggéré à M. Glermont-Ganneau l’idée d’y chercher non des mots isolés, mais une sorte de phrase proverbiale appliquée à Baltassar, dans laquelle les noms des poids babyloniens sont employés, la mine, le sicle et le plieras, comme dans ce proverbe rabbinique, appliqué à un fils indigne de son père : « C’est un pheras, fils d’un mane, une demi-mine, enfant d’une mine. » Glermont-Ganneau, Manê, Thécel, Phares et le festin de Balthasar, dans le Journal asiatique quilletaoût 1886), t. viii, p. 36-67. — L’interprétation de Daniel : « Mane (de la racine mena’, « compter » ), Dieu a compté ton règne et y a mis fin ; Thecel (de la racine tekal, « peser » ), tu as été pesé dans la balance ( car c’est ainsi qu’on vérifiait alors la valeur des monnaies ou des cercles de métal précieux en tenant lieu), et tu as été trouvé trop léger ; Phares (de la racine peras, « séparer, diviser » ), ton royaume est séparé [de toi], et il est donné au Mède et au Perse (allusion au verbe peras), » reçut un prompt accomplissement : la nuit même les Perses de Cyrus entrèrent à Babylone, et Baltassar fut tué (538). Voir Cyrus. ë. Pannier.

3. BALTASSAR. Nom d’un fils de Nabuchodonosor dans la lettre des Juifs captifs en Babylonie à leurs frères de Palestine. Bar., i, 11, 12. Cette lettre est datée de la cinquième année après la prise de Jérusalem sous Sédécias, en 583. Par conséquent le Baltassar qui y est mentionné, « à l’ombre de qui » les Juifs désirent mener en exil une vie tranquille, et pour lequel ils offrent leurs prières et leurs sacrifices sur les restes de l’autel des holocaustes, est absolument distinct du Baltassar de Daniel, v, 1, le fils de Nabonide : ce dernier, n’ayant jamais eu de droit au trône babylonien, n’y était arrivé que par usurpation violente, et beaucoup plus tard. — On peut admettre que ce Baltassar, fils et héritier présomptif de Nabuchodonosor, est Évilmérodach, mentionné dans Jérémie, m, 31, et dans IV Reg., xxv, 27, qui succéda en effet à Nabuchodonosor son père, soit, comme pense Niebuhr, ’Geschichte Assur und Babel, 1857, p. 92, que ce prince ait porté deux noms, ce qui est assez peu probable dans la circonstance ; soit qu’il y ait eu dans Baruch, dont le texte hébreu s’est perdu, une erreur de transcription. On peut croire aussi que ce Baltassar, héritier présomptif, mourut avant son père. C’est peut-être même lui que nous trouvons mentionné comme fils de Nabuchodonosor dans un texte babylonien publié par Strassmaier et traduit par Sayce, dans les Becords of the past, new ser., t. v, p. 141. Le prince y porte le nom de Marduksuma-ussur, « [Que le dieu] Marduk protège son nom : » or Marduk s’appelait aussi ordinairement bel, « le seigneur, » ce qui donne la forme Belsuma-ussur, analogue à l’hébreu Bel-sassar.

E. Pannier.

BALTHASAR. Voir Baltassar.

    1. BAMIDBAR RABBA##

BAMIDBAR RABBA (MIDRASCH), explication rabbinique du livre des Nombres. Voir Midrasch.

1. BAMOTH (bâmôt). Mot hébreu, que la Vulgate a