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BALEINE — BALISTE


si une barrière peut cerner le crocodile quand il est sur le rivage, il ne faut point penser à environner la baleine qui plonge dans les profondeurs.

Il est certain toutefois que les auteurs sacrés ont connu les grands cétacés. Parmi les mysticètes, ou cétacés à fanons, la baleine franche se trouvait autrefois dans la Méditerranée en assez grand nombre. Elle s’y aventure parfois encore, et, en 1877, on en a pris une dans le golfe de Tarente. Une autre espèce, la Balsenoptera roslrata, se trouve dans toutes les mers, et l’on en a capturé dans la Méditerranée. La Balsenoptera musculus fréquente aussi cette dernière mer. Enfin la mégaptère, ou baleine à bosse, est cosmopolite. Revue des questions scientifiques, t. xvii, p. 435 ; t. xxiii, p. 332. Ces différents animaux, chassés aujourd’hui de nos mers, étaient bien faits pour émerveiller les anciens par leur taille gigantesque, l’agilité de leurs mouvements, et les jets de vapeur mêlés d’eau que lancent leurs évents, quand ils remontent à la surface pour respirer. La baleine franche atteint jusqu’à vingt-trois mètres de longueur. De plus, ces gros cétacés échouent parfois sur le rivage, et il leur est presque im dilater le pharynx de la baleine. Mais il est de principe qu’on ne doit pas supposer le surnaturel sans nécessité. Laissant donc de côté l’opinion vulgaire, les interprètes de la Sainte Écriture ont cherché le « grand poisson » dans la classe des pristis ou scies, et dans celle des squales. Dans cette dernière se trouve le Squalus carcharias, qui a existé de tout temps dans la Méditerranée comme dans le golfe Persique, et qui n’est pas embarrassé pour engloutir un homme tout entier. Du reste les anciens ne s’y sont pas trompés, et dans les peintures des premiers siècles qui représentent le miracle de Jonas, le monstre qui engloutit et rejette le prophète ne ressemble à rien moins qu’à une baleine. Martigny, Dictionnaire des antiquités

chrétiennes, p. 398.

H. Lesêtre.
    1. BALINGHEM##

BALINGHEM (Antoine de), né à Saint -Orner le 25 juin 1571, mort à Lille le 24 janvier 1630. Il entra dans la Compagnie de Jésus le 4 octobre 1588. Il fut envoyé à Novellara (Italie) pour faire son noviciat. Après avoir terminé ses études de philosophie à Brescia, il revint en Belgique, professa la philosophie à Douai et fut ensuite

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427. — La baleine.

possible de se remettre à flot. Le cas a dû se produire de temps en temps sur les côtes de Palestine.

Dans l’autre espèce de cétacés, les cétodontes, ou cétacés à dents, il faut encore compter le dauphin, le marsouin, le cachalot, qui sont si nombreux dans la Méditerranée, comme dans toutes les mers, et que les anciens ont fort bien pu confondre avec les baleines sous le nom générique de tannin. On ne peut donc douter que la baleine n’ait été connue des écrivains bibliques, mais il n’est pas possible de savoir à quelle espèce précise de cétacés ils font allusion quand ils parlent de monstres marins.

Il est certain du moins que, contrairement à l’opinion populaire, ce n’est pas une baleine qui a englouti le prophète Jonas. Le texte sacré parle d’un dâg gâdôl, « grand poisson, » et dans saint Matthieu, xii, 40, Notre-Seigneur dit que Jonas a été trois jours dans le ventre toO xrjtouî. Le xt)toç est en général un monstre marin, mammifère ou poisson ; le dâg, au contraire, désigne toujours un poisson, et le tannin ne le désigne en aucun cas. D’après l’étymologie même, dâg est l’animal « qui se multiplie beaucoup » ; la baleine ne porte jamais qu’un seul baleineau, et sa gestation est de plus d’une année. Il est vrai que les anciens auraient pu confondre poissons et cétacés, sans qu’on eut à incriminer la Bible, qui parle habituellement selon les apparences. Mais ici son langage est rigoureusement scientifique. La baleine a la bouche large de deux ou trois mètres, et haute de quatre ou cinq, quand elle est béante. Un homme y tiendrait donc, mais l’animal ne pourrait l’avaler, parce qu’il a le pharynx très étroit et se nourrit seulement de petits poissons, que sa bouche engloutit et retient avec ses fanons comme dans un filet. Sans doute le cas de Jonas est éminemment miraculeux, et rien n’empêchait la puissance divine de

appliqué à la prédication. Outre un bon nombre d’ouvrages ascétiques empreints d’une certaine originalité et des traductions de relations des missions étrangères, il a publié : Scriptura sacra in locos communes morwn et exemplorum novo ordine distributa, 2 in-f°, Douai, 1621 ; Cologne, 1659 ; Trévoux, 1705 ; Lyon, 1711. L’auteur y a inséré un ouvrage publié dès 1617 : Thésaurus orationum jaculatoriarum ex sacris litteris utriusque Testanienti.

C. SOMMERVOGEL.

BALISTE. Machine de guerre employée dans les sièges pour lancer des pierres ou de grosses poutres contre l’ennemi, ainsi nommée du grec (3âXXeiv, en latin ballista, balista. Ce mot se trouve dans la Vulgate, I Mach., vi, 20 et 51. Les Grecs la désignaient sous leiT noms de rceTpoédXoç, XiôéëoXoç, XïôoêéXov, mots tins de la nature du projectile lancé par cette machine. En hébreu, le terme général de hiSSebônôt est seul employé, II Par., xxvi, 15. Ce mot signiûe « machines de guerre » en général, et il est traduit dans les Septante par |XT)xavà ?, et dans la Vulgate. par machinas ; mais parmi ces machines les unes sont certainement des batistes, puisque le texte sacré nous dit qu’elles sont destinées à lancer de grosses pierres. Voir Catapulte, Machine.

Pline, H. N., vii, 56, dit que les Grecs empruntèrent aux Syrophéniciens les balistes de guerre. Elles apparaissent dans l’Écriture sous le règne d’Ozias, qui en lit construire et déposer un certain nombre sur les tours et dans les angles des remparts de Jérusalem. II Par., xxvi, 15. Les Machabées se servirent de balistes dans les guerres de l’indépendance. I Mach., vi, 20 et 51 ; cf. xi, 20. Dans les deux premiers de ces passages, la Vulgate traduit par balistas le mot grec $tlotniae.KCette traduction est inexacte. Le mot psX<i<n ; « <n ; désigne non les machines