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BALANCE


XL, 12, pelés semble bien être joint à mô’zenaïm, « les deux bassins, » pour exprimer, par ses deux parties essentielles, une seule et même balance. Le mot qânéh, « roseau, canne, s généralement usité pour les mesures de longueur, comme le grec xavùv, serait pour quelques éxégètes le nom de la balance dite « romaine ». Mais celle-ci est d’invention plus récente ; selon Isidore de Séville, Etymolog., xvi, 25, t. lxxxii, col. 159, elle aurait été inventée en Campanie, d’où son nom de campana

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420. — Balance égyptienne.

Pcséo des outen. Thèbes. Abd-el-Qourna, xviii » dynastie. D’après Lepsios, Denlcmaler, Abth. iii, Bl. 39.

(statera). Et de fait on en a trouvé un grand nombre dans les ruines d’Herculanum et de Pompéi. Elle ne fut connue en Egypte, et probablement aussi en Palestine, qu’à l’époque romaine. J. G. Wilkinson, The manners and customs of the ancient Egyptians, édit. Birch, t. ii, p. 246 et 247, note. Il est donc préférable d’expliquer par fléau le qânéh d’Isaie, xlvi, 6. Quand les Grecs et

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421. — Balance égyptienne pour la pesée de l’or.

Tombeaux de Boni -Hassan. D’après Champollion, Monuments

de l’Egypte, pi. 338.

les Romains dominèrent sur l’Egypte et l’Asie antérieure, ils y introduisirent leurs diverses sortes de balances : la balance ordinaire (libra), dans laquelle le fléau est muni d’une aiguille ou languette (examen) marquant par son inclinaison les variations de poids ; la balance (libra) dont le fléau est divisé en fractions et est muni d’un poids mobile qui permet de varier la longueur du levier et de constater facilement la différence de poids des deux objets placés dans les bassins (fig. 418), et enfin la romaine proprement dite (statera), ou balance à bras inégaux et à poids unique mobile (fig. 419).

En Orient, les balances servaient non seulement pour diviser une chose en parties déterminées, Ezech., vi, 1 ;

Is., xlvi, 6, et pour peser les diverses marchandises dans les achats et les ventes, mais aussi pour peser les métaux qui servaient à en payer le prix. Car aa lieu de faire toujours des échanges en nature, on en vint, pour plus de facilité dans les transactions, à payer en lingots d’or, d’argent ou de cuivre. Ces lingots, souvent coupés en anneaux de différente grosseur, pouvaient bien avoir quelque marque indiquant le poids et la valeur ; mais comme ils n’avaient pas encore l’empreinte et la garantie de l’autorité publique, on ne peut les considérer comme de la vraie monnaie, laquelle est d’invention grecque ou lydienne au vne siècle avant J.-C. Il fallait donc vérifier le poids des lingots à chaque marché nouveau. Aussi les marchands portaient-ils suspendus à la ceinture une petite balance et un sachet renfermant des pierres d’un poids déterminé. Les Orientaux n’ont pas

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422. — La pesée des âmes.

D’après une peinture de vase antique. — La peinture de ce vase représente le combat d’Achille et de Memnon et cette espèce de consultation des destinées dont Il est question dans les écrits des plus anciens poètes grecs et qu’ils appelaient psychostasie ou « pesée des âmes a, Acbille va percer de sa lance Memnon qui est tombé sur son genou droit. Au-dessus des combattants une balance est fixé&par un clou à un arbre desséché ; Mercure, coiffé d’un large pétase, regarde cette balance où sont pesés les destins d’Achille et de Memnon, figurés par deux petits génies ailés placés dans les plateaux ; il montre du doigt le plateau qui descend. Le bassin qui contient la destinée d’Achille s’élève, selon l’expression d’Homère, jusqu’aux cieux, tandis que l’autre descend avec la destinée de Memnon. À gauche, Thétis, la mère d’Achille, étend la main sur son fils ; à droite, l’Aurore, mère de Memnon, s’arrache les cheveux. Voir Millin, Peintures des vases antiques, 2 in-f°, Paris, 1808, t. i, pi. XIX, et p. 39-42.

complètement abandonné cet usage. Cf. Chardin, Voyages en Perse et autres lieux de l’Orient, édit. Langlès, Paris, 1811, t. vi, p. 120. Abraham « pesa » les quatre cents sicles d’argent pour la caverne de Macpélah, qu’il avait achetée aux Benê-Heth. Gen., xxiii, 16. Cf. II Reg., xviii, 12 ; Job., xxviii, 15 ; Jer., xxxii, 9 ; I Esdr., viii, 26, 33. En Egypte, on voit souvent figurée sur les monuments, dans les peintures d’hypogées funéraires, la pesée des outen ou anneaux d’or, d’argent ou de cuivre, servant aux payements (Qg. 420). Ils employaient aussi, pour la pesée de l’or, une balance un peu différente ; les cordes des plateaux étaient remplacées par deux bras faisant coude avec le fléau ; ces bras étaient terminés par des crochets auxquels se suspendaient les sacs d’or (fig. 421). Wilkinson, Manners and customs, t. ii, p. 234, 246 ; G. Maspero, Lectures historiques, in-12, Paris, 1892, p. 22-23 ; Lenormant, Histoire ancienne, t. iii, p. 58. Chez les Assyriens, on pesait de même les lingots non monnayés ; le verbe saqal s’employait également pour dire « peser » et « payer ». Lenormant, Histoire ancienne, t. v, p. 113. (Voir Monnaie.)

— Quand on les vérifiait à la balance, on reconnaissait que les lingots n’avaient pas toujours le poids marqué ; on les rejetait. Des éxégètes, Cornélius a Lapide, dans