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BACCHUS

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s’être maintenu pendant de longs siècles, à Eleusis, dans sa pureté primitive ; mais partout ailleurs, et dans Athènes même, aux fêtes de Dionysos, il fut l’apothéose de l’ivresse et de ses plus déplorables conséquences, le transport furieux et les excès du libertinage. Plusieurs des surnoms de Dionysos font allusion aux effets du vin pris outre mesure : Bpi<rafo ; , de ppiSm, « être appesanti ; » ’Iocxxo ; , ’Ijjtoç, d’ià-^ti), « crier j » tri, « clameur, s C’était honorer

cives, telles que la cordace et la sicinnis, Lucien, De sait., xxii, exécutées au son des flûtes, des syrinx, des crotales, des cymbales et des tambours, mêlaient aux accents de la voix le fracas d’une délirante musique. Ces sons pressés, bruyants, et cette danse voluptueuse, ne tardaient pas à exciter l’enthousiasme déjà préparé par l’ivresse, puis la stupeur et l’extase. Dans cet état, les femmes, qui ne s’appartenaient plus, devenaient capables

412. — Bacchantes. Peinture de vase, fabrique d’Hiéron. D’après Gerhard, Trlnkschalen und Ge/dsse Ses TsSnigl. Muséum za Berlin. Taf. rv et v.

le dieu que de s’enivrer, ou au moins de simuler l’ivresse pendant les Lénéennes et les Dionysiaques (fig. 412).

Les noms des compagnes du dieu ne sont pas moins significatifs ; ce sont les Ménades, (iouvocSei ; , « femmes en délire, » et les Thyades, 6ucî8sç, « celles qui bondissent avec fureur, » de ôûto, « se précipiter. » Tout se réunissait pour les mettre hors d’elles-mêmes, le chant, la musique, la danse et jusqu’à l’heure de la fête. À l’entrée de la nuit, un dithyrambe chanté sur un mode phrygien violent et passionné pressait les femmes d’aller errer jusqu’au jour dans les solitudes des montagnes voisines. Des danses las des actes les plus sauvages. Écoutez les Bacchantes d’Euripide : « Oh ! quelle joie, dans les montagnes, portant la sainte peau de cerf, ou de suivre le chœur rapide, ou de s’en séparer, pour se jeter sur la terre et y déchirer de ses mains les chairs saignantes des boucs ! » Euripide, Bacchantes, p. 135. Voir la traduction dans Patin, Tragiques grecs, t. iii, p. 420. C’étaient les malheureuses bêtes amenées pour le sacrifice qu’elles dépeçaient toutes vivantes. Plus de six siècles après Euripide, Arnobe, t. v, col. 1118, reprochait les mêmes fureurs aux Ménades ses contemporaines. « Dans ces bacchanales, dit-il r