critica sacra et profana, 4 in-fo, Madrid, 1740, t. i, p. 430 ; L. Stephen, Dictionary of national biography, t. ii, p. 317.
1. BABYLONE (hébreu : Bâbél ; Septante : Βαβυλών ; Vulgate : Babylon ; textes cunéiformes : forme non sémitique :
Tin-tir (Bois de vie) ;
formes sémitiques :
(idéographique) Bab ili (porte des dieux) |
(phonétique) Ba-bi-l(u). |
I. Nom. — L’étymologie du nom de la ville nous est
donnée par la Genèse, xi, 9 : à la suite de la confusion
404. — Plan fragmentaire de Babylone, traversée par l’Euphrate.
D’après une tablette cunéiforme.
des langues, on nomma la ville inachevée Bâbel, c’est-à-dire « confusion ». Tous les rationalistes et beaucoup
d’assyriologues, comme Eb. Schrader-Whitehouse, The cuneiform Inscriptions and the Old Testament, t. i,
p. 113-114 ; Fr. Delitzsch, Wo lag das Paradies, p. 213,
combattent l’étymologie biblique pour y substituer celle
qu’indiquent les textes babyloniens, Bab-ili, « porte de
Dieu ou des dieux ; » mais rien ne prouve que l’étymologie
donnée par Moïse ne soit pas la plus ancienne, et par
conséquent la vraie : les Orientaux, pour bien des raisons
différentes, changent facilement les étymologies des noms
propres, souvent même au risque de les déformer un peu.
Cf. Journal asiatique, janvier 1893, p. 88. En outre, si
un auteur hébreu avait fourni cette étymologie, il nous l’eût
donnée, d’après les principes de sa propre langue, sous
la forme pilpel des verbes עע comme bâlal, « confondre, »
et non pas sous la forme contractée assyro-babylonienne
Bâbel, pour Balbel. Vigouroux, La Bible et les découvertes modernes, 5e édit., t. i, p. 360-362. On peut ajouter que
si l’étymologie Bab-ili (porte de Dieu) n’eût pas été
factice, et par conséquent la moins ancienne, les Babyloniens
n’auraient pas coupé le mot en trois syllabes, au
mépris de la division des deux mots constitutifs, Ba-bi-lu ;
c’est ainsi que dans le nom de ville Dur-ili (forteresse de
Dieu) les textes respectent toujours la coupure, et n’écrivent
jamais Du-ri-li.
II. Histoire. — Laissée inachevée après la dispersion des
constructeurs de la tour, Babylone fut terminée plus tard ;
elle apparaît déjà comme faisant partie de la tétrapole méridionale
de Nemrod, Gen., x, 10 ; cependant la domination
babylonienne ne paraît établie sur la partie intérieure de la
Mésopotamie que sous la dynastie pal-Tintir (dynastie de
Babylone), qui régna d’environ 2409 à 2146 avant J.-C.,
et dont le roi le plus célèbre fut Ḥammourabi. Épargnée
par l’invasion élamite des Koudourides, la monarchie
babylonienne contribua à expulser les envahisseurs de la
Chaldée et de tout le Sennaar, en y établissant sa propre
autorité. Voir encore sur les origines de Babylone les Proceedings of the Society of Biblical Archæology, 10 janvier 1893, p. 108. Dès lors l’histoire de Babylone se
405. — Plan des ruines de Babylone. D’après M. Oppert.
confond avec celle de l’empire babylonien. La Bible ne
s’occupe plus de Babylone avant la ruine du royaume
d’Israël ; elle nous apprend alors que le vainqueur assyrien
transplanta en Samarie des colons babyloniens, qui
joignirent au culte du vrai Dieu celui de leurs idoles, et
s’y firent des Sochothbenoth (voir ce mot), IV Reg.,
xvii, 24, 30. Plus tard un roi de Babylone, Mérodach-Baladan,
cherche à faire alliance avec Ézéchias contre
les Assyriens, et l’envoie féliciter de sa guérison ; c’est
alors qu’Isaïe annonce à Ézéchias la captivité de Babylone.
IV Reg., xx, 12-19 ; Is., xxxix, 1-8. C’est dans la capitale
chaldéenne que Manassé est jeté en prison par le roi
d’Assyrie. II Par., xxxiii, 11-13. Enfin la destruction du
royaume de Juda, par Nabuchodonosor, y amène à plusieurs
reprises des convois de Juifs prisonniers, que
Jérémie console et fortifie dans la foi par la lettre insérée
dans Baruch, vi, 1-72 et par celle de Jérémie, xxix.
C’est surtout la captivité de Babylone qui a rendu cette
ville célèbre dans l’histoire sainte. Jer., xx, 4, 12 ; Matth.,
i, 11, 17 ; Act., vii, 43. Ézéchiel habita la Babylonie ;
Daniel y exerça même une charge élevée à la cour ; c’est
à Babylone ou dans les environs que se placent l’érection
de la statue de Nabuchodonosor et la délivrance des enfants
de la fournaise, Dan., iii ; l’histoire de Susanne,